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Inigo Kennedy, lueur de Token Records

Dans la famille Token Records, je voudrais le fils. Non, pas celui aux gros bras qu’on appelle Rødhåd, ni ce cousin sanguinaire qui répond au doux nom de Kr!z. Je voudrais le fils discret et érudit, celui qui ne dit pas grand chose mais qui sait faire pleurer les machines. Je voudrais Inigo Kennedy.

27 décembre 2014. Dans un bateau techno bien connu à Paris, l’année se termine par un coup de massue. Ce dimanche, trois artistes bouclent la soirée : Inigo Kennedy, The Driver et Len Faki. Dans la furie hivernale, on reste hébétés devant le set de ce petit bonhomme, qui surclassera facilement le gros bras allemand. Un set complètement imprévisible, racé, osé. On nous dit qu’il vient de Londres. De retour à la maison, hop, on découvre son titre « Arcing ». Puis on passe un peu à autre chose.

Début 2015, on retombe sur Vaudeville, son disque sorti l’année dernière. On commence à cerner un peu mieux ce petit gars méché à la tête d’ange et aux yeux rieurs. Porté par l’épique titre « Plaintive » et ses orgues d’église, ce disque révèle complètement le complexe profil de Kennedy. Inigo emmerde les constructions techno simplistes en 4×4, et préfère se faire bouillir la cervelle au bain marie pour en extraire l’élixir. Ce type nous fait presque penser à un homme d’église qui aurait composé son album au fond de sa cathédrale, avec une boîte à rythmes et un orgue gigantesque, tout en rêvassant parfois de la plus belle des manières (cf. le morceau « Lullaby » sur Vaudeville toujours).

La quarantaine bien tassée, Inigo Kennedy continue de produire des tracks à tour de bras. Il a trouvé chez Token Records (la douce maison fondée par Kr!z et souvent squattée par Rødhåd ou Oscar Mulero) une base solide pour grandir, en parallèle de son propre label Asymmetric. Depuis dix jours, sa bonne bouille ronde de cockney londonien est revenu sur le devant des bacs, avec « Clarion Call », son nouvel EP. On aimerait user et abuser des superlatifs pour raconter le bien que nous font ces quatre titres, entre techno martiale et plages contemplatives à foutre la chair de poule à un renard empaillé. Parfois, ça fait du bien de se réveiller un peu à la bourre.

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