Joachim a beau être né et vivre à Paris, sa ville de cœur reste Marseille. Six années à la fac de médecine phocéenne ont ouvert des nouvelles pistes au cofondateur de In the Canopy. Une fenêtre de plus sur la façon de voir le monde, partagée par ce quintet uni. Rencontre avec un chanteur apaisé et apaisant, à la tête d’un groupe libertaire assumant ne pas être « plus évolué que des singes bavards ». Une donnée à assimiler pour décortiquer l’artwork et le nom du premier – surprenant – album (Talking Monkeys) de ces multi-instrumentistes.
Du King of Pop à In the Canopy
« Je chantais du Michael Jackson quand j’avais 8 ans. A l’adolescence, ma hantise a été de perdre ma voix aiguë et me dire qu’il fallait tout faire pour la conserver. » Si la tessiture perchée est restée, l’influence MJ a disparu. Et ce n’est pas un mal tant l’univers de In the Canopy a trouvé son astre. Pas évident à la première écoute, ce premier album mérite d’y revenir encore et encore. C’est au bout d’une dizaine d’écoutes qu’une ultime couche de synthé et une cloche lointaine résonnent telles des évidences.
Radiohead : un modèle dans l’approche intellectuelle
« L’approche libertaire est essentielle pour nous. Aujourd’hui, ça passe donc par l’anticapitalisme. Ce n’est pas le fait de vendre qui dérange, mais de sous-payer les gens qui fournissent les capacités de production pendant que l’actionnaire se goinfre. Le mode de consommation et de production de In the Canopy est responsable. » Pour preuve, les tee-shirts à l’effigie du quintet proviennent d’une filière bio, donc coûtent forcément plus cher. Radiohead représente leur modèle dans l’approche à l’industrie du disque. La prise de parole de Thom Yorke autour de la COP21 a plu à In the Canopy. « Il y a une nécessité à s’ancrer dans le réel plutôt que de se défouler seulement à travers les mots », estime Joachim. L’engagement n’est pas un vain mot pour lui et ses compères.
« Sidéré par ces artistes soi-disant de gauche »
« Je suis sidéré par ces artistes soi-disant de gauche, type Les Enfoirés.com, mais qui sont les premiers à se gaver avec les gros. C’est quand t’es connu que tu dois rejeter les Spotify et Deezer. Je suis convaincu que des plateformes éthiques vont se développer, comme la nourriture bio a réussi à s’imposer. » En attendant, l’artiste regrette le manque de notoriété de In the Canopy, qui fait qu’il est quasiment impossible de pouvoir se passer de ces plateformes qui rémunèrent au lance-pierre les groupes. « Des voleurs », pour ainsi dire.
Place à la langue française ?
En ce moment, les groupes en développement qui fonctionnent en France sont ceux qui chantent en français et non l’inverse, nous fait remarquer le trentenaire quand on lui demande si s’exprimer en anglais est aisé (surtout chez un non-anglophone de son espèce). Joachim pense à Radio Elvis et Feu! Chatterton. « J’ai commencé à écrire en anglais même si je ne suis pas bilingue, mais j’éprouve de plus en plus le besoin d’écrire en français. » Pour être en prise avec leur public, In the Canopy verrait bien le second album dans la langue de Gainsbourg.
Release Party : le 20 mai au Café de la Danse (Paris)
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