Un beau jour (ou peut-être une nuit), nous recevons un mail promo parmi tant d’autres. Une invitation pour une projection. « Bonjour, je suis réalisateur. J’ai réalisé un documentaire de long-métrage « The Holy gift » qui parle du rapport entre musique et émotion. Ce film est inspiré par la musique du groupe Tool. » Ces trois lignes sonnent comme trois coups de tonnerre. Nous nous frottons les yeux, une fois, deux fois, mais nous avons bien lu : un homme s’est attaqué à la montagne.
Tool.
L’un des groupes les plus mystérieux au monde, qui refuse les interviews filmées, qui dit non depuis vingt ans à toutes les demandes de captations de leurs concerts, et qui menace même de virer manu militari les petits effrontés qui oseraient filmer avec leurs smartphones. Bref, pas spécialement les musiciens sur lesquels on imaginerait un documentaire. Tant mieux, car « The Holy gift » n’est pas un film sur Tool, aucun de ses membres n’apparaît à l’image et si vous voulez retracer l’immense carrière des Californiens, Wikipédia est votre ami·e. Ou YouTube.
L’enjeu du film est donc ailleurs. L’idée du réalisateur Stéphane Kazadi, bouleversé par les albums du groupe, est surtout de s’emparer d’un sujet autrement plus vaste et profond : comment peut-on s’attacher autant à une musique ? Par quelles émotions sommes-nous traversé·e·s, quand le cerveau vrille et que le cœur s’emballe ? Est-il possible qu’une oeuvre musicale change la vie de celles et ceux qui l’écoutent ?
Autant de questions qui fixent le point de départ d’un projet qui va durer plus de dix ans et mener notre Nantais jusqu’aux Etats-Unis ou même au Chili pour comprendre les raisons de son obsession, décortiquer ce que ce répertoire a de si différent, y rencontrer ses alter-egos, c’est à dire ceux qui, comme lui, sont transcendés par les compositions de Tool au point que leurs vies, leurs métiers, en furent chamboulés, qu’ils soient musiciens bien sûr, mais pas seulement.
Voici la bande-annonce :
Tout au long de ce film passionnant, on y découvre notamment Amélie Nothomb crier son amour pour Lateralus (qu’elle souhaite comme musique de son enterrement), on suit des tribute bands sur les routes, on y écoute des analyses de scientifiques sur le fonctionnement de notre cerveau, et on est suspendus aux lèvres de Patrick Lang, philosophe de la musique à l’Université de Nantes et à qui le réalisateur n’a pas souhaité communiquer le nom du groupe à l’origine de son film, preuve de son universalité. Si vous n’êtes pas fans de Tool, ce documentaire ne vous claquera pas la porte au nez.
De notre côté, jamais nous n’avons osé chroniquer à ce jour un seul des albums de Tool. Certains artistes sont trop intimidants, leur œuvres trop vastes et nos mots, en retour, si petits. Pendant tout ce temps, un vidéaste a tenté et réussi le pas de côté pour réfléchir au pourquoi du comment, dans un documentaire certes exigeant, qui s’adresse d’abord aux mélomanes de tous genres, mais dont la quête du sensible finit par toucher au plus profond.
« The Holy Gift » est projeté ce samedi 8 février à Bouguenais (44) au cinéma Le Beaulieu. Toutes les infos sur la projection, sur réservation attention, sont ici. Et si vous loupez celle-ci, guettez ici les prochaines partout en France (du moins c’est tout ce qu’on lui souhaite).
0 commentaire