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Hunee dans l’adversité

Le dj et producteur Hunee est aujourd’hui peut-être l’un des quinze artistes house européens qui tournent le plus dans les meilleurs clubs de notre foutu monde. À l’instar de Motor City Drum Ensemble ou autres The Black Madonna, il s’adonne à une musique rigolarde et romantique qui ne tranche que très peu avec la douce humilité de ce personnage. Voici donc une brève introduction au parcours de l’artiste, avant d’aller le voir au Festival Astropolis, ce samedi 24 février.

Hun Choi est né à Berlin de parents coréens et leur doit une vie confortable et heureuse. Ceux qui ont quitté la Corée du Sud dans les années 70 pour changer d’air ont enfanté d’un avorton fanatique d’électronique.

Non, croire que certains enfants naissent avec une paire de platines dans les mains n’a rien de plus déconnant qu’une légende intellectualisant des cigognes. Car après 14 ans de bons et loyaux services rendus à l’enfance (merci, au revoir), Hunee a bien déchiffré Berlin. À son tableau de chasse, un bon paquet de potes, un appartement, et surtout des dj sets réguliers de bookés. C’est un fait, pendant que vous buviez votre première Despé pour fêter un Brevet des Collèges tout fraîchement remporté, notre hurluberlu essayait de synchroniser des disques de house avec de la musique africaine.

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Le premier appart de Hunee

On passe rapidement sur le fait que c’est en 2009 qu’il sort du bois avec son premier EP Tour de Force, mais également trois autre EP la même année, dont un chez le fameux label Rush Hour d’Antal ; ou encore qu’en 2011 et en 2012 où il apparaît sur les compilations du label du Berghain, Ostgut Ton, ainsi que sur le label Dekmantel du festival du même nom. Si vous vous demandez pourquoi on passe rapidement là-dessus, c’est parce que, malgré toutes ces belles preuves d’amour du milieu clubbing à son égard, le jeune Hun Choi n’imagine pas encore une seconde faire de la musique sa vie professionnelle. Pour lui, c’est un moment fugace, volatile, un ailleurs.

Vous l’avez compris, le rythme de cet article suit le rythme de la vie de Hunee. Vous êtes donc face à une démonstration stylistique unique. Non ? Ah. Ok, pardon.

Ça n’est que des années plus tard que le dj trouvera la confiance et entrevoir le mix comme un travail. Et avec ça commenceront les fameuses questions parentales qui un jour peupleront un livre entier dédié au sujet :

– C’est super de passer des disques pour des foncedés et composer de la musique sans véritables instruments, mais quand trouveras-tu un vrai travail avec du Nescafé et un open space ?

– Ouais bah ça va ! T’es pas ma mère

– Ben, si…

– Quand bien même, je vois pas le rapport !

Ne sautons pas les étapes. En 2013, après avoir aidé un pote dans sa boîte d’importation de composants électroniques, puis bossé dans une start-up dans les nouvelles technologies, bref, eu le temps d’être saoulé de la vie berlinoise, Hunee déménage à Los Angeles avec sa femme. À ce moment-là, il connaît une relative renommée et réussit à tourner dans des clubs de quartiers accueillant entre 200 et 300 personnes. En débarquant à LA, Hunee ne se fait pourtant pas d’idées, il sait que ses bookings vont se raréfier pour l’Europe et que, surtout, il va devenir très compliqué pour les promoteurs de lui payer les trajets d’avion.

Et bien que nenni, la nature ayant horreur du vide, Hunee voit ses demandes de booking exploser. Ah ah. Ses amitiés avec San Proper, Antal et Soichi Terada, ses EP parfaitement composés (certes dans l’ère du groove mariant musiques ethniques, percus et vocaux tribaux, house funky et minimaliste) plaisent. Sa nouvelle renommée s’enclenche de concert avec celle de sa comparse chicagoan The Black Madonna. Et ses prestations hyper communicatives feront le reste.

Alors, neuf mois plus tard, retour par la case Vieux Continent pour notre couple. En 2014, Hunee débarque à Amsterdam en terrain conquis. San Proper lui a déjà préparé sa chambre. Le studio du félin le plus cramé de la ville des canaux est prêt, repeint en rose pour accueillir le fils prodige. Et là, boum, Hunee arrive juste à temps pour clôturer la saison des festivités entourant la fermeture du club mythique de la ville, le Trouw. C’est le moment pour lui de rentrer dans les petits papiers des clubs house et techno du monde entier qui l’accueillent en grande pompe pour des sets solaires qui ne donnent que rarement leur part aux chiens.

Depuis que Rush Hour a adopté Hunee, qu’un public toujours grandissant suit les faits et gestes de ce pro du djing, l’artiste se fait plus confiant. Avec Hunch Music, son premier album, rempli de solides morceaux d’apéro, on peut taper du pied sur les parquets craquants du monde entier. Que les voisins se rassurent, Hunee ne rentre jamais sans frapper, ou sans mettre un mot devant vos portes.

Hunee sera au Festival Astropolis ce samedi 24 février, sur le même line up qu’un daron du genre, monsieur Kerry Chandler. C’est ici.

Ceci est l’album intégral de Hunee

 

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