Absent des scènes depuis plus de quinze ans, le groupe punk Ludwig von 88 fait cet été son grand retour sur scène. Pour bien commencer, il a choisi le Hellfest pour un concert dont on se souviendra qu’il était plein à craquer et qu’il a laissé les fans comblés, mais avec des bleus plein les côtes. Quelques heures plutôt, nous avions croisé Karim, chanteur du groupe.
Pourquoi une reformation de Ludwig von 88 ?
Parce qu’on a envie de jouer ! On s’est retrouvés tous les quatre et on s’est aperçus qu’on avait envie de rejouer du Ludwig. C’est vraiment une question de plaisir et d’envie de refaire de la scène ensemble, parce qu’on a partagé beaucoup de choses pendant vingt ans. On s’est dit : « soyons fous, voyons ce que ça va donner. » On ne pensait pas avoir des propositions de concerts si facilement.
Comment on aborde la scène après une si longue pause ? C’est un peu flippant ? Un nouveau départ ?
Non, ce n’est pas un nouveau départ, c’est toujours du Ludwig. Ce n’est pas flippant non plus. J’ai fait des concerts pendant dix-sept ans, ça ne s’oublie pas. On a fait une résidence pour se mettre un peu en situation et en fait c’est pareil qu’avant. Peut-être un peu moins speed, on verra ce soir.
« Les gens sont super frileux sur le droit commercial »
Pourquoi le Hellfest comme premier festival ?
C’est une conjoncture. On a dit à notre manager qu’on voulait faire des concerts, le Hellfest a tout de suite dit OK pour le premier. On ne pensait pas qu’ils feraient jouer les Ludwig. On avait même oublié qu’il y avait une scène punk.
Ça sonne particulièrement pour vous de jouer dans ce festival ?
Oui, l’endroit est super, les gens sont vraiment là pour se faire plaisir. Musicalement ça reste du péchu. J’aurais vraiment aimé voir Black Sabbath, mais c’est demain et on part pour le Canada. Je voulais voir Deicide aussi – pas parce que je suis sataniste, hein – mais ça me fait marrer et j’aurais voulu voir ce que ça donne sur scène.
« Ce qui se passe avec les grèves, ce n’est pas une révolution. Pour l’instant, ce ne sont que des vitrines, on s’en fout un peu. C’est facile de changer une vitre »
La société a pas mal changé. Est-ce qu’il y a des choses que vous ne pourriez plus vous permettre ?
On a ressorti un disque sur Séoul en vinyle, on a viré le logo olympique qui était à la base sur le CD, parce qu’aujourd’hui ça risque de ne pas passer. Les gens sont super frileux sur le droit commercial. Il y a sans doute aussi des trucs de provoc qui pourraient être moins bien pris, mais on n’a jamais été trop loin dans les conneries sur scène et on ne se prend pas la tête là-dessus.
Votre dernier album s’appelle La révolution n’est pas un dîner de gala (2001), ça sonne particulièrement d’actualité, non ?
C’est une citation de Mao, qui a probablement fait quelques trucs sympas pour la Chine, mais a foutu des tonnes de gens dans des camps. La phrase est marrante, elle va avec l’idée de la première chanson de l’album, sur Mao et sur la propagande. On est bien dans la propagande aujourd’hui et dans cette prise de conscience : quand on veut changer des choses et que l’État ou la dictature s’y opposent, on ne le fait pas sans casser des pots. Ce qui se passe avec les grèves, ce n’est pas une révolution. Pour l’instant, ce ne sont que des vitrines, on s’en fout un peu. C’est facile de changer une vitre.
Et si toute cette histoire de reformation n’était qu’un prétexte pour faire jouer Sergent Garcia au Hellfest ?
Oui, mais les musiciens cubains ont été retenus à la douane !
Crédit photo : Patrick Imbert, Hans Lucas
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