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Ho99o9, sauve qui punk

Ho99o9, prononcé Horror, est une formule que vous ne trouverez pas dans les manuels d’alchimie musicale. Un groupe qui renverse les codes, vous chahute. Après la sortie de leur manifeste musical « United States Of Horror », ces nouveaux mutants du rap punk sont venus secouer le sol lissé de la Gaîté Lyrique, à l’occasion des Inrocks Festival, 30ème édition.

Au commencement il y eut Ho99o9. Originaire du “cold” New Jersey, comme nous le proclame theOGM aka Jean Lebrun, le grand aux dreads multidirectionnelles, le duo qu’il forme avec Eaddy le musclé est né de l’obscurité, teinture maîtresse de leur musique. L’union s’est produite dans un cimetière, “un duo dynamique venu des enfers pour engendrer le chaos”. Fake news ? Sûrement. Ça ne serait pas la première, j’avais lu que c’était Eaddy qui vomissait avant chaque concert, rituel qui appartient en réalité à theOGM. Pour lui, c’est un repère “once I get that out, it is time to go”.

Ho99o9 a un goût prononcé pour les images qui percutent : dans le clip de « United States of Horror », Eaddy est forcé à fixer les écrans TV, attaché à son fauteuil roulant. Les médias comme électrochocs abrutissants ? Pour theOGM, ce sont de bons diffuseurs qui dénaturent souvent l’information : “News should be facts”.

Au New Jersey, leur terre d’origine, il n’y a pas de vraie salle de concert, que des sous-sols, des entrepôts, des lofts. Personne ne s’y intéresse, sauf quand quelqu’un sort du lot, “comme Freddie Wa (Washington)”, bassiste connu pour avoir joué avec Herbie Hancock, Michael Jackson, cité par theOGM. Un État délaissé au profit de la Grosse Pomme, sa voisine. “Même nous en sommes coupables. On va à New York, mais on sait d’où on vient et on ramène la culture au New Jersey.

Etre punk par Ho99o9 ? “Avoir l’esprit libre, être une adorable personne, aimante, positive, généreuse et ouverte d’esprit.” En 2017, les punks ne sont pas toujours radicaux ni fauteurs de trouble. Un mec en polo avec des Kagees et un peu de booze dans la trachée peut devenir le plus gros “punk ass mother fucker” au monde…

Leurs influences ? theOGM : “Mon inspiration je vais la chercher en moi-même”. Ils puisent dans leur histoire pour montrer d’où ils viennent et marquer leurs positions. Ce qu’ils chantent ? L’oppression de leur people, la “terror in the fucking street” qu’on retrouve dans les paroles de New Jersey Devil. Eaddy nous répond : “Si tu demandes à un jeune noir entre 20 et 25 ans qui vit au New Jersey aujourd’hui, ça lui arrive encore.” Le racisme ? “Même pas, just livin in the hood.” Tout ce dont nous entendons parler de loin, aux informations, ou au cinéma – le dernier film viscéral Detroit, une fiction revient ntoamment sur les émeutes de 1967 et la maltraitance de la police envers les noirs – constitue une histoire de l’oppression, toujours d’actualité. United States of Horror parce que “freedom ain’t free”. “L’oppression peut venir d’ailleurs, de chez toi, tes parents, ton job”. Libérons-nous par la musique, par la scène : Ho99o9, le punk qui sauve.

Après avoir discuté avec le duo, on les a shootés sous la douche, préliminaire aux découvertes d’un autre genre. L’eau s’est même déclenchée. Sans détonateur. Comme pour les pogos, moments trop intimes : les photos seraient un viol de l’instant, seul le souvenir demeure.

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© Antoine Monégier du Sorbier


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© Antoine Monégier du Sorbier


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© Antoine Monégier du Sorbier


La légende veut que le pogo ait été inventé par Sid Vicious en 1975. Ça ou les tribus Maasaï ? Peu importe, ce soir c’est rap-punk avec des corps projetés sur des cibles. Ultime exutoire, la vraie expérience se vit sur scène. Bienvenue dans la chambre des secrets de Ho99o9 : on se déshabille, on montre son côté bestial, c’est Eaddy qui nous dévoile tout : “Je transpire, j’ai du mal à respirer donc j’enlève mes fringues, chose que n’importe quel autre humain ferait, c’est juste qu’il y a du monde au balcon”. Le public parisien n’aura pas la chance de voir la bête ce soir, theOGM est drapé d’une robe de mariée et Eaddy enfermé dans des toiles d’araignées tel un spider-man punk. Le plus à poil ce soir n’est autre que le batteur, jeune blanc en calbar qui semble avoir toujours baigné dans cet univers horrifique, tant il est possédé. 15 tracks et de multiples jets de bière super glue plus tard, la Gaîté Lyrique reluit de torses nus.

Pour finir, on a encore faim. Ça crie dans la fosse, des Français colériques mais heureux qui gueulent “Encore ! On n’est pas venu pour les Inrocks”. Les artistes viennent à nous grâce aux Inrocks, quant au public, il a trouvé ce soir un remède à l’horreur, avec cette belle recette de Ho99o9 : “Blood, sweat, tears, cum, and acid.

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Crédits photo en une : © Antoine Monégier du Sorbier

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