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Hide, la monomanie du son

Alban Barate, la tête pensante du groupe Hide, n’a pas vraiment peur de sortir des sentiers battus, comme le démontre son premier album « Mono & Decrease », un six titres autoproduit. Rencontre avec un musicien atypique, croisé chez The Limiñanas et L’Épée, que ce soit dans sa façon de présenter les choses ou dans sa manière de les concevoir, entre claustration et goût du partage.

En résidence au Médiator de Perpignan, Hide répète d’arrache-pied, profitant ainsi de l’infrastructure mis à disposition, dans le cadre de la pépinière artistique PAPA. L’objectif étant la préparation d’une mini-tournée en février (notamment le concert du 23 au Supersonic) et les sélections Inouïs du Printemps de Bourges.

Alban, la tête pensante du groupe, aime le jeu collectif de la scène, habitué qu’il est aux tournées des Limiñanas et de L’Epée, où il officie aux claviers et à la guitare depuis 2016. C’est pourtant lors de la période de confinement, loin du rythme des tournées, qu’il a pris le temps de concocter un petit bijou d’originalité et d’inventivité, trouvant ainsi le format d’un groupe qu’il avait sous le coude depuis longtemps mais dans une veine alors plutôt folk.

Au printemps 2020, il enregistre seul dans les studios de La Casa Musicale. En un mois seulement, il met à plat toutes les idées venues durant un an, bidouillant des sons sur des consoles et déstructurant les riffs. Alban aime la scène et c’est avec plaisir qu’il se prépare à la retrouver, entouré d’Alex Inglebert et Anaïs Duran à la guitare, de Paul Barrière à la batterie et de Julien Ludigol à la basse. Rencontre.

KEvin Froly

Hide © Kevin Froly

Appréhendes-tu la musique comme un espace de jeu ou comme un espace de rencontre ?

Je compose en studio, je fais quasiment tout seul. Puis, pour la tournée je m’entoure de musiciens. On crée une authenticité en live. Tous les musiciens donnent leur patte aux morceaux même si la musique est assez écrite. Ils rentrent dans mon univers. Il y a une connivence entre les musiques et les gens, c’est un partage. Même sur scène, une introspection peut se passer. Chaque musicien réagit également en fonction de « l’intersection » avec l’autre. Sur scène, chacun a une personnalité forte. Tous sont différents dans la vie de tous les jours mais on se complète bien, quand on est sur scène. J’essaie de les amener dans mon univers. Il y a une harmonie, une connivence entre nous. On échange beaucoup avant de jouer, sur ce que les sonorités doivent amener ou pas. Que ce soit une dimension spirituelle, un côté introverti ou pas, si le jeu doit prendre la forme d’un exutoire ou pas. Tout cet échange se fait avant même de faire une seule note.

L’album joue des distorsions d’un titre à l’autre, est-ce recherché ou est-ce un jeu hérité de tout ce temps passé en tournée ?

Je suis multi-instrumentiste. Pour la composition, je n’ai pas vraiment de manière de fonctionner. Parfois, la rue peut m’inspirer et je me sers alors de mon téléphone pour enregistrer une mélodie. Tout ça est très aléatoire, il n’y a rien d’acté. Ensuite quand je conçois le morceau, j’articule tout autour de cette idée-là. Puis, en ajoutant une ligne de basse ou la batterie, je finis par m’éloigner de l’idée de départ. Je suis quelqu’un qui écoute beaucoup, de tous les styles (électro, pop, hip-hop…). C’est assez long à ingurgiter et à digérer, mais on veut éviter le côté copié-collé. Le malaise qu’il y a aujourd’hui, c’est qu’il est très facile d’identifier la musique. Et d’oublier les morceaux également. Quasi-instantanément ! Ça donne une impression de déjà-vu. C’est ce que j’essaie de ne pas créer. C’est vrai que la pratique y fait beaucoup mais c’est surtout l’écoute. Que ça ait une influence ou pas.

Le titre de l’album évoque les regrets : sont-ils liés à une époque en particulier ou à un style de musique ?

Non, pas vraiment. Plutôt que de parler de regrets, je suis plutôt dans la nostalgie. En fait, disons plutôt que j’aime bien me souvenir. Même si dans la musique, il y a toujours une part de nostalgie. J’avais davantage en tête de créer une atmosphère mélancolique en associant du majeur au mineur. D’autant que lors de la composition, j’étais plus « en dedans ». A cela s’ajoute les textes, qui sont des poèmes écrits en anglais par une amie qui, elle effectivement, est davantage tournée vers le passé.

Chaque titre propose de se réapproprier l’écoute et offre un espace sonore plus riche, faisant de l’album un espace d’expérimentation et de créativité ?

Ce n’était pas calculé. C’est un des critères le plus important pour moi, de faire plusieurs écoutes quand j’écoute la musique d’un artiste. Sans doute que consciemment ou inconsciemment, j’ai voulu faire la même chose.

Est-ce que dans le premier album, l’artiste a besoin d’être exhaustif pour ensuite creuser un sillon en particulier ?

Je n’ai pas envie de me bloquer sur un style particulier. En fait, je n’ai pas envie de m’ennuyer en faisant de la musique. J’ai envie d’explorer certains aspects de Hide. Ce projet me préserve beaucoup car j’ai un caractère réservé. Je voulais que le nom du groupe soit représentatif de ce que je suis. Hide correspond bien à l’idée que je me fais de la musique. C’est davantage quelque chose que tu vis pour toi, et après les gens reçoivent ce que tu donnes. C’est une transmission.

Expliques-nous comment tu as conçu ton album Mono & Decrease ? S’agissait-il de morceaux instrumentaux que tu as mis en paroles ensuite ; ou l’inverse ?

Ce sont des instrumentaux. Je pars toujours de là , ou d’une mélodie de chant. Jamais des textes. Il se trouve que j’étais en manque d’inspiration, je n’arrivais pas à écrire les paroles. Et une amie, Natalyia Malakhova, qui est native de Russie, m’a dit qu’elle écrivait des poèmes en anglais. Elle a commencé à me présenter ses textes. Le premier qu’elle m’a proposé était « The Rite » et ça a tout de suite marché. A travers ses paroles, j’ai pu ressentir de l’amour, de l’empathie. C’est quelqu’un qui donne beaucoup, qui est très généreuse.

Il y a une version de la pochette de l’album où l’on te voit la tête en bas… Encore un truc pas banal ? Cela rappelle un peu les images surréalistes.

Il s’agit de tirages polaroid. Pour être précis, c’est une émulsion de polaroid. C’est un procédé très long. On place le polaroid dans l’eau puis avec un pinceau, on dépose la fine émulsion sur un papier Canson. C’est un ami, qui aime travailler ce format, on peut trouver son travail sur Instagram, sous le nom de J.N Pola.

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