Heymoonshaker ? D’un côté, Andy Balcon au chant et à la guitare (sérieusement inspiré par Bjørn Berge), de l’autre Dave Crowe, beatboxer de talent. Rencontre avec un duo partagé entre la Nouvelle-Zélande et la Suède, qui doit tout à une partie de mini-golf, et qui a fait ses armes dans la rue.
Vous avez tellement voyagé tous les deux qu’il est quasiment impossible de connaître précisément la genèse de votre groupe. Peut-on avoir un aperçu plus clair de votre histoire ?
Crowe : J’ai décidé de tout quitter il y a 6 ans pour partir en Nouvelle Zélande et tenter de gagner ma vie en tant que beatboxer, ce qui, comme vous pouvez l’imaginer était, déjà à l’époque, une idée assez merdique. Je jouais avec un très mauvais ampli et je pense que je dois ma carrière à un type rencontré en Australie qui m’en a construit un neuf, me faisant passer de 20$ quotidien à 200$. Tout ça grâce à un meilleur son. J’ai joué seul pendant un bon moment, puis j’ai rencontré Andy sur un terrain de golf, enfin, mini-golf, on n’est pas des connards ! Nous avons fait des boeufs ensemble pendant un temps, puis voyagé ensemble, ne mangeant parfois qu’un repas par jour, jouant dans la rue. Puis je suis parti en Inde répondre à certaines questions. On s’est retrouvé en Suède il y a à peu près un an.
Andy : J’ai fais à peu de choses près la même chose. J’ai ach eté une guitare en arrivant à Auckland, puis joué à Wellington avec plein d’artistes géniaux. Je suis parti pour Broome où j’ai bossé pour le gouvernement, dans la réinsertion des aborigènes. J’ai fini par tout quitté pour rejoindre Crowe en Suède. Mais nos relations personnelles allaient à l’encontre de nos projets. Du coup, c’est surtout grâce à une scène, Bad Physics, qui nous voulait absolument tous les deux ensemble que le projet a survécu. On a joué déguisé en squelette et zombie pour deux soirées d’Halloween. Et à partir de là, tout s’est enchaîné. Notre manager a réussi à booker 9 dates en une semaine dans l’est de la France. Et voilà ! (en français dans le texte, NDLR)
Vous avez joué dans des conditions un peu particulières je crois, non ?
Andy : Nous sommes allés voir un très bon ami qui vit près des Deux-Alpes et qui m’a initié au blues, au finger picking. Et nous avons fait une émission de radio où nous devions jouer à 3200m d’altitude. Un type n’arrêtait pas de nous servir bouteille de génépi sur bouteille de génépi…
Crowe : Je me souviens m’être retourné vers Andy à la fin de la deuxième chanson pour lui signaler que tout allait bien au niveau de mon souffle. Je me suis pris pour Dieu ! Au bout de la troisième chanson, j’ai cru que j’allais crever. Ce fut une heure et demie très longue.
Vous qui avez une grosse expérience de la scène de rue, pensez-vous qu’elle tienne une grande place dans votre processus créatif ?
Andy : Bien sûr, en jouant dehors, tu es exposé à des gens qui ne s’attendent à rien.
Crowe : Tu dois réussir à attraper les gens alors que leur esprit est ailleurs, occupé par des choses certainement plus importantes qu’écouter de la musique. Les gens ne souhaitent pas forcément nous écouter. Aussi, tu ne dois pas être bon, tu dois être exceptionnel pour arriver à faire en sorte que les gens tournent simplement la tête et qu’ils t’écoutent. La réaction face à un musicien de rue est souvent un sentiment de danger, parce que c’est imprévu, c’est normal. Mais notre expérience de la rue nous a appris à manipuler la foule, dans le bon sens du terme. Tu es en contrôle de cette connexion, de cette émotion. Donc si tu y arrives dans la rue, ça veut dire que tu as d’autant plus de chances d’y arriver si les gens viennent te voir de leur plein gré ! De plus, quand tu es payé, nourri et logé pour jouer, tu n’as aucune excuse pour ne pas tout donner.
https://soundcloud.com/heymoonshaker/down-on-luck
Avez-vous le sentiment de construire un pont entre moderne et plus ancien via le mélange beatbox et blues ?
Crowe : C’est tout à fait ça, un pont entre moderne et passé. Maintenant, de là à pouvoir te dire où il mène, je n’en ai aucune foutue idée. Mais j’espère que tout le monde grimpera dessus.
Un projet d’album ?
Andy : Pour l’instant nous travaillons avec Pyrprod en France. En Angleterre, on travaille avec Diplomats of Sounds qui est une organisation permettant de lever des fonds pour les musiciens sans avoir à rentrer dans la grosse machine industrielle. En France, vous pouvez être aidés par le gouvernement, aujourd’hui, ce sont ces associations qui nous permettent de vivre de la musique sans avoir à jouer dans la rue.
Crowe : En ce qui concerne l’album, tout ce que nous pouvons dire, c’est que le projet est tellement en mouvement qu’il nous est impossible de dire quelle direction il va prendre.
https://soundcloud.com/heymoonshaker/souless-sleeping
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