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Hellfest, la vie en communauté

Nous sommes retournés à Clisson, pour la troisième année consécutive. Une promesse que l’on se fait désormais chaque lundi post-Hellfest, tant ce festival est différent de ceux qu’on laboure à longueur d’années. C’est peut-être d’ailleurs précisément ça le problème pour certains : est-on véritablement à notre place, ici, nous les non-spécialistes, que l’on peut à peine qualifier de metalleux ?

De notre position, on a évidemment tendance à répondre oui. Cependant, allez dire ça aux squatteurs du Hellfest de la première heure, à ceux qui désertent le festival édition après édition. Allez donc lire leurs commentaires sur Facebook. Les réduire à leur simple fonction de haters nous arrangerait. Mais tout de même, certains arguments s’entendent : surpopulation festivalière, culture du hit, bourrage de gueule et indifférence à la musique, etc.

Le Hellfest est peut-être à l’aube de sa première crise d’adolescence. Rayonnant, attractif, rentable, il n’en reste pas moins un nouveau colosse. Et depuis la nuit des temps, on sait qu’un colosse a toujours les pieds d’argile. C’est même ce qui les rend attachants. Alors pour qu’on s’attache au Hellfest sur la durée et qu’il relève l’impossible défi de réunir ses publics, Ben Barbaud et son équipe vont devoir faire leurs choix. Depuis des années, le modèle du Wacken a toujours été cité comme un contre-modèle. Non au gigantisme. Et pourtant. La fuite en avant est palpable. Les limites naturelles et ses champs de vigne seront-elles des garde-fous suffisants ?

Éveiller à ce point les consciences populaires et médiatiques à la cause metal est une réussite fantastique. Elle a aussi évidement un prix. La communauté metal, quand elle s’embrase, est magnifique à voir. A nos yeux, elle est d’autant plus magnifique à voir quand elle s’étend à vue d’œil, d’éditions en éditions. Le site du Hellfest devient alors son écrin flamboyant, un espace de jeu inégalé pour un festival français. Certes, les puristes passent à la caisse. Chaque belle médaille a son revers.

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Dans ce contexte, plusieurs questions reviennent à la surface. Parmi elles, que faisaient par exemple les Linkin Park actuels Clisson ? La voix de Chester reste phénoménale, mais l’orientation outrageusement putassière de la musique du groupe n’aurait-elle pas du bloquer une participation ? « J’ai adoré voir les gens faire du mosh sur In The End et après me faire des bras d’honneur quand on a joué Heavy« , précise sur Twitter Chester Bennington, son chanteur pas rancunier . Autre question : le groupe aurait-il dû s’adapter et inclure dans son set ses chansons qui déboîtent ? Chester a aussi la réponse, toute en ironie : « Les mêmes gens qui nous traitent de vendus suggèrent qu’on change notre set pour être conformes au Hellfest ?».

Alors bien sûr, il y a de quoi s’interroger. Sauf que le Hellfest compte six scènes et qu’on y a vu des concerts d’une puissance inouïe, soit exactement ce que des puceaux du metal comme nous étaient aussi venus chercher. On ne va pas vous faire un report, vous en trouverez partout chez les spécialistes. A notre échelle, ce n’était pas une suite de concerts à voir, c’était une expérience sonore et visuelle qu’on entend rééditer. On a quand même vibré devant Decapitated, Obituary, Nails, Suicidal Tendencies, Helmet, No Turning Back, Avatar, Everytime I Die, Prophets of Rage, pour ne citer qu’eux.

On a aussi remarqué que cette communauté metal savait rire d’elle-même, quand le site du festival s’est blindé dès midi le samedi pour entendre Ultra Vomit se foutre littéralement de leur gueule, tout en exécutant ses parodies plus ou moins lourdingues avec une puissance diabolique. Preuve qu’il y a peut-être de la place pour beaucoup de monde au Hellfest, à condition que les new-comers de notre espèce ne se considèrent pas en touristes ni en terrain conquis. Le metal est l’école de l’humilité. Il faut des parrains, de l’écoute, de la patience. Les metalleux aiment les grosses chaussures mais ne supportent pas les gros sabots.

Crédit photo : David Gallard

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2 commentaires

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Arno 26.06.2017

Ben BarbauD. Pas BarbauX. Article intéressant, qui aurait mérité un développement plus poussé.

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Sboub 23.06.2017

Suicidal TendEncies

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