Attention, interview concept (ou pas). En musique, il n’y a rien de pire qu’un deuxième album à imaginer. La pression est autocréée par les musiciens, la page vide omniprésente. On a parlé de seconds couteaux, de monde manichéen, de deuxième vie, d’instrument de seconde main, de carrière future hypothétique. Bref, vive les illuminati et la numérologie. Le ‘2’ est partout.
Au contraire de la cinquième roue du carrosse qui désigne une personne inutile, quelle personne essentielle à Half Moon Run serait la deuxième roue essentielle du vélo ?
Conner (chant, guitare et clavier) : Ah oui, genre celui qui officie en coulisses. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui correspondent au profil mais disons notre famille, nos proches qu’il ne faut jamais perdre de vue.
Vous vous rappelez du deuxième concert de votre vie ?
Conner : Oui, je m’en rappelle. On a ouvert pour le concert du cousin de Dylan au Divan Orange, une petite salle de concert de Montréal. On avait 19 ans. On a joué une reprise de « The Rip » de Portishead. On était bourrés, heureux et excités.
Bonne mémoire. Y a-t-il boulot plus dur au monde que composer un second album ?
Conner : Il y a une phrase cliché qui dit : « tu as ta vie entière pour composer ton premier album ». On avait un an pour écrire le second. C’était très dur. Tu n’as pas appris de formule, tu dois te réinventer après avoir tourné pendant trois ans.
Half Moon Run – Turn Your Love
Vous êtes des multi-instrumentistes dans le groupe. Vous vous rappelez la sensation d’apprendre un deuxième instrument ?
Dylan (chant, batterie et clavier) : mon premier instrument était le piano, mais je suis arrivé dans le groupe pour les percus, donc la transition a été plutôt facile.
Conner : piano pour moi aussi et plein d’autres. Aucun d’entre nous ne se voit comme un guitariste ou un pianiste, il y a suffisamment à découvrir et à offrir au groupe.
Après l’album Dark Eyes, vous revenez donc avec Sun Leads Me On, l’idée est de jouer sur la dualité entre le soleil et la lune ?
Conner : Pas intentionnellement. Le titre a été choisi pour réfléchir à la notion de la source de la vie et de la lumière. C’est une façon de parler d’optimisme, de vouloir être plus heureux, surtout à ce moment d’une carrière de musicien où tu es profondément engagé. C’est aussi l’idée d’aller dans la bonne direction.
Quel est le goût de la seconde bière que vous avez goûté ?
Conner : Je n’arriverai pas à me rappeler, c’était aux environs de l’année 2000.
Dylan : Je devais avoir 16 ans, je suis allé au premier concert de ma vie avec mon cousin qui est mon aîné de deux ans. C’était du funk. Et j’étais complètement déchiré après la deuxième ou la troisième.
Conner : En plus, à cet âge là, tu n’apprécies même pas, le goût n’est pas bon. On prenait un pack de six, on s’asseyait où on pouvait et on essayait de tout boire le plus vite possible.
Vous préférerez que je tranche votre deuxième main, votre deuxième œil ou votre deuxième oreille, là, sur un coup de tête ?
Conner : on est allé voir un ORL il y a pas longtemps et mon oreille gauche est un peu nickée donc je pourrais bien la perdre, c’est déjà la merde, mes hautes fréquences sont parties.
Dylan : Plutôt un œil, j’ai vraiment besoin de mes mains et j’aime bien mes oreilles.
Comment imagineriez-vous votre seconde vie après Half Moon Run ?
Dylan : je voudrais être un agriculteur bio à la campagne, quelque part, avoir ma propriété, donner des cours de piano.
Conner : A peu près pareil, avoir une propriété où je peux écrire et planter mes légumes.
Half Moon Run – Trust
Vous pensez qu’il y a des chances qu’une seconde vie après la mort existe ?
Conner : En terme de réincarnation dans une fleur, je n’y crois pas vraiment.
Selon vous, quel est le meilleur second rôle de l’histoire du cinéma ?
Conner : Peut-être Tom Hagen dans la trilogie Le Parrain, joué par Robert Duvall. Ou Heath Ledger qui joue le Joker.
Si le chiffre 2 avait une couleur ou une odeur, quelle serait-elle ?
Conner : ça dépend du contexte, parce que si tu pense au chiffre 2 comme le « second meilleur », si ça avait une odeur, ça puerait. Alors que si tu fais 2 fois une chose que tu aimes bien, c’est top. Mais sans réfléchir comme ça, je dirait que le chiffre 2 aurait une odeur de métal.
Les paroles de Half Moon Run doivent-elles être prises au second degré ?
Conner : En fait, chaque personne qui va les écouter va les comprendre différemment. Nous n’avons pas vraiment des textes qui ont un sens directif, précis, à sens unique.
© Yani Clarke
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