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GTI sort son premier disque, et ça part en go fast

L’artiste nantais récemment installé à Berlin sort un premier EP aux sonorités trance, ravy, tribales sur le label Garde-Robe Records, porté par l’équipe du club Macadam au sein duquel Guillaume Gravouil aka GTI défend une place de résident depuis son ouverture en 2017. Un projet en famille donc, et un premier disque en tant que producteur qui cristallise 10 ans de danse, d’organisation de teufs et de deejaying effréné, toujours en quête du dancefloor parfait, devant ou derrière les platines. On a papoté avec l’artiste qui vient de fêter ses 29 piges mais semble en avoir le double, au vu de son curriculum vitae long comme 4 platines CDJ.

De Nantes à Lille en passant par Cork, petit à petit, Guillaume devient GTI

Avant de fouler les dancefloors de Londres, Berlin, Kiev ou Paris, Guillaume swinguait sur le carrelage du salon familial sur les riffs de guitare et autres synthés des disques de son père. “C’est un gros fan de zik, j’ai grandi avec la chaîne hi-fi allumée en permanence. Il achetait énormément d’albums, du rock à la Bruce Springsteen, du pop rock ou de la new wave comme Depeche Mode… mais peu de musique électronique house ou techno”. Il faudra attendre le lycée avec différentes soirées au LC Club (devenu Warehouse) ou au Lieu Unique pour que la mouche électronique ne pique Guillaume. “Je devais avoir 15 ou 16 ans, c’était la grande époque Ed Banger”. Une porte s’ouvre vers un nouvel univers, mais aussi vers la chambre de son frangin François, qui deviendra son manageur quelques années plus tard, pour approfondir sa culture musicale et apprendre à jouer sur tourne-disques. A partir de 2013, il fréquente les Faktice organisées au CO2 à Nantes qui ont été “une vraie révélation, je découvrais l’univers dans lequel je me sentais bien, l’ambiance et la musique étaient sombres et engagées, ça jouait à Mario Kart dans le fumoir… il y avait aussi énormément d’amour sur ces dancefloors !”.

D’apéros en afters entre potes, Guillaume pratique et se plonge véritablement dans la musique électronique. “J’avais déjà une attirance pour les trucs rétros, mais surtout pour la techno et la deep techno avec des labels tels que Ostgut Ton, Demented, Pole Group… Mais je m’intéressais aussi à la house à fond, j’écoute encore des gros tracks d’afters soleil qui m’ont beaucoup marqué à cette époque”.

Guillaume joue rapidement avec son frère dans un bar, le Koloc’s, dont le directeur artistique n’est autre qu’un certain Youl, aujourd’hui cofondateur, co-programmateur et DJ résident de Macadam. Les soirées cartonnent vite et Guillaume prend du galon.

Mais les études, c’est important. Une licence en urbanisme l’attend à Cork, en Irlande. Il s’envole alors avec trois slips, quelques tee-shirts et sa sacoche blindée de vinyles, prêt à enflammer la piste de danse de la salle polyvalente lors des bamboches du BDE de la fac. “J’ai fait les bonnes rencontres dès que je suis arrivé là-bas. Il y avait un crew qui s’appelait Bastardo Electrico qui organisait des teufs au Cyprus Avenue, un petit club avec une grosse vibe, que des passionnés de techno UK en tout genre. J’ai pu aller y voir Blawan, Surgeon ou encore Neil Landstrum, je me suis même retrouvé à mixer en after avec Objekt dans une coloc, c’était mon highlight du semestre”. Cette immersion d’une année scolaire dans le bouillon techno UK, ses influences, ses sous-genres en pagaille, son histoire et la sueur de ses dancefloors a consolidé la formation du jeune DJ qui rentre au pays avec mention très bien et les encouragements de ses pairs.

North Rave Connexion : de l’urbanisme à la free party, il n’y a qu’un pont

Le grand nord du nord de la France sera le prochain pied à terre de GTI. Il rencontre à Lille, entre deux Duvel à Wazemmes, deux inconnus avec qui il partage une passion commune pour l’univers rave des années 90. Étonnant comme hobbie, n’est-ce pas ? Rapidement, les trois diggeurs fondent le crew North Rave Connexion. “On a décidé d’orienter la ligne artistique du collectif uniquement techno, acid et trance 90’s, only vinyl, on était tous trop fans de cette énergie très ravy. Des potes avaient des compétences d’ingé son, d’autres en menuiserie, on a construit un système son, moi j’étais plutôt à la DA et aux platines. On a commencé par des résidences dans des bars et clubs de la ville, puis on a organisé des free parties dans des friches ou hangars immenses en périphérie de Lille, à Sequedin. C’était une période incroyable”.

Ce tunnel de DJ sets et d’organisation de soirées assoit et confirme l’identité artistique de Guillaume qui plonge toujours plus dans les limbes d’internet et des bacs vinyles et CD d’antan pour se spécialiser dans l’esthétique sonore des 90’s. Une époque qu’il n’a pas connue et qui, justement, le fascine. “J’ai vraiment eu un coup de foudre pour toute cette période musicale. Même s’il y a plein de musiques très cools qui sortent aujourd’hui, je m’y sens moins connecté. Il y avait aussi un univers visuel auquel je suis très sensible, avec quelque chose de très “noisy”, à l’image du grain des tracks de l’époque, c’est ce que j’aime. Et aussi ces fameuses fiches : quand j’achète des vieux vinyles de l’époque, il y a parfois une feuille de feedbacks que tu peux remplir et renvoyer au producteur. Ce genre de petit détails qui n’a rien à voir avec un post ou un commentaire Instagram… Les flux étaient vraiment différents, c’était plus pur, plus sain”, confie Guillaume, curieux et nostalgique d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître.

Parallèlement, GTI voyage et découvre de nouveaux univers festifs : à Berlin au Tresor, à Londres avec la Fabric ou le Corsica Studio ou encore à Paris durant les soirées Concrete, Péripate ou encore au Weather Festival. Une oreille qui s’affine et une vision de la fête de plus en plus pointue et exigeante, intimement liée à ses études. “L’urbanisme ouvre des portes vers l’analyse d’un territoire, de ses aménagements… C’est pour ça que j’ai un côté très pragmatique dans la fête, que ce soit en tant qu’orga, danseur ou DJ. Dès que j’arrive dans une teuf, j’analyse tout, c’est plus fort que moi. Ce rapport à l’aménagement de l’espace me passionne et en particulier dans les milieux festifs.

Lancement de Macadam et découverte de la fast-techno made in Copenhague

En septembre 2017, des amis d’enfance réalisent leur rêve de gosse : prendre la direction artistique d’un club. Macadam est né, GTI fera partie du line-up une fois par mois en tant que DJ résident. Il revient de Lyon avec plusieurs armoires de vinyles et se prépare à participer aux marathons festifs et costumés nommés Gloria, des fêtes dominicales qui feront la renommée du club plus vite que son ombre. Quelques mois après son ouverture, Guillaume partage les platines avec deux frangins survoltés, Lund&Rønde, lors d’une Gloria mémorable. “Cette rencontre m’a ouvert les yeux sur la scène encore nouvelle de Copenhague, orientée fast-techno (un style qui marie la trance et la techno, le tout à plus de 140 BPM, ndlr). J’avais vu que Courtesy, la boss du label Kulør, avait mis en avant les deux frangins sur son show NTS quelques mois auparavant. C’était vraiment différent de ce qu’on entendait majoritairement dans les clubs à l’époque, qui était encore très teinté de la patte Concrete avec une techno à 130, 135 BPM, très allemande finalement. Ça a été une grosse révélation de découvrir cette scène, je m’y suis plongé à fond”. Comme GTI, les artistes qu’il découvre de la scène danoise n’ont pas 30 ans mais connaissent sur le bout des doigts la vibe techno et trance du début des années 90 et produisent des disques en hommage à cette époque tout en apportant leur touche de modernité. Guillaume est conquis.

En 2019, il part alors quelques jours avec le crew Androgyne pour un séminaire de “techno rapide” dans les bas-fond de Copenhague, à la rencontre des DJs et collectifs emblématiques de cette foisonnante scène (Lasse Vind, Schacke, Sugar, Ibon ou encore le crew Fast Forward). En guise de pot de fin de séjour, GTI est invité à jouer au club Ved Siden Af (devenu le Den Anden Side), avec un closing interminable en B2B aux côtés de Lund&Rønde et Moksha, qui le marquera à vie. De retour en France, il décide de lancer un side project avec un ami de longue date : “Simon aka DJ Sueur. Un duo orienté sur la progressive trance, la psy trance, la goa trance de la fin des années 90 et du début des années 2000. On a appelé le duo X-Wave, puis on a tout de suite monté une émission de radio sur Radio DY10. Le premier podcast était avec Lasse Vind, très respecté à Copenhague, on parle de lui comme le meilleur DJ de la scène. Le podcast a cartonné, ça nous a permis de nous faire une petite place sur cette scène fast-techno européenne”.

Mais Guillaume n’a pour autant pas brûlé son passeport. La scène française actuelle et proche de son univers regorge de forces vives et créatives. “Aujourd’hui il y a plein d’artistes hyper intéressants qui sont en train d’émerger un peu partout en France, notamment autour d’une scène “progressive house/trance” très inspirante. Je pense tout de suite à Bambi avec qui je partage une forte connexion, également Hewan Aman qui joue entre la deep techno et la progressive trance, pure style! Il y a aussi pleins de collectifs super excitants comme Kinesia et Super Daronne à Bordeaux, Hors-Sol à Paris et aussi Everybody Trance à Lyon. Je pense aussi à Baraka, Hawa Sarita, mais également à Cristofeu, je l’ai invité sur mon EP à faire un remix, il a une pure vibe. Il y a aussi une scène qui témoigne d’une grande modernité et d’une forme d’avant-garde que je respecte énormément même si c’est moins ce que je joue, ce sont les artistes connectés au crew Positive Education avec A Strange Wedding par exemple, ou encore Alkini”.

“Sources”, un premier disque hommage et exutoire

Le premier confinement a été un moment d’émancipation important pour Guillaume qui s’est rué assez vite sur les machines électroniques qu’il avait dans le viseur depuis quelques temps pour enfin s’atteler à cette activité nouvelle : la production musicale. “J’ai vite compris que j’allais avoir le temps dont je manquais à ce moment-là, entre mes dates de DJ et mon boulot je n’arrivais pas à me mettre à la production. Donc j’ai acheté pas mal de weed, je me suis enfermé chez moi pour apprivoiser Ableton et les machines que j’avais achetées”. Un premier morceau sort en 2021 sur l’EP Brumes sur le Zoo de Garde-Robe Records, puis sur la compilation des 5 ans de Macadam. GTI est désormais fin prêt pour un disque rien qu’à lui.

Fort de son parcours riche en expériences, en voyages, en rencontres, de ces centaines d’heures à se perdre dans les rayons des disquaires ou sur Discogs à ne plus compter les onglets s’accumuler sur son écran LCD forcément trop petit, GTI accouche aujourd’hui d’un premier EP sur fond de catharsis. Même s’il assume que la ligne directrice du disque pourrait aller vers plus d’homogénéité, il revendique fièrement sa volonté de rendre hommage à tous ces artistes de l’ombre qui ont posé les bases d’un mouvement nouveau, défriché des territoires analogiques et numériques totalement inexplorés et exploité les capacités de machines électroniques encore balbutiantes, à l’instar de Robert Leiner aka The Source Experience, référence incontournable de l’artiste.

Tel un cycle qui prend fin avant de s’ouvrir vers d’autres horizons, Guillaume cristallise ainsi dans cet EP un premier pan de sa vie d’explorateur insatiable de dancefloors et de sa jeune carrière de DJ, qu’on souhaite longue, très longue. GTI se produira en release party à OHM.Town, nouveau bar audiophile porté par l’équipe de Macadam, le 12 mai prochain.

Le lien bandcamp de l’EP est par ici :

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