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Grandaddy, comme avant

La seule date française pour fêter la reformation du groupe, c'est dimanche au festival Rock En Seine. On a plus que hâte.

Il y avait donc bien une lumière au fond du tunnel, ce foutu tunnel qui fit imploser Grandaddy en 2006. Plus d’envie, plus d’inspiration, plus rien. La cure de jouvence pop du rock américain avait duré quinze ans. En mars dernier, l’annonce d’un retour pour une série limitée de concerts ravive la flamme. Parce qu’il faut l’avouer, cette reformation-là, on a envie d’y croire plus qu’une autre. Simplement par attachement envers un groupe qui n’a jamais su tricher.

1998. C’est, comme souvent à l’époque, par un soir de semaine vers 18h sur Canal+ que la foi en Grandaddy nait. Ce soir-là, le gang de Modesto (Californie) est l’invité de l’émission Nulle Part Ailleurs. Les mecs ne ressemblent strictement à rien et la voix de son leader sur ce ‘Summer Here Kids’ laisse parfois à désirer. Qu’importe, on ne leur en a jamais vraiment voulu. Il s’agit alors d’un des premiers singles du groupe. Depuis « A Pretty Mess This One Band » jusqu’au dernier « Just Like A Flamby Cat », c’est au total huit disques et une centaine de titres qui dessineront les étonnants contours de ce qu’on appellera progressivement leur ‘space rock’, en partie grâce à ces généreuses nappes de synthés.

A la baguette, un homme : Jason Lytle, surdoué de la mélancolie ordinaire. Après tout, on est peut-être pas le meilleur ami de Elliott Smith pour rien. Lors de la coupure de Grandaddy, le bonhomme était réapparu en solo, à l’été 2009. Aux sales langues qui lui prédisait une nouvelle cure de Xanax, une corde ou une visite au fond de la cave, le leader fatigué de son groupe apportait une sublime réponse: Yours Truly, the Commuter. Si les synthés se faisait (un peu) la malle, le rock indé retrouvait alors la trace d’un des militants de son courant pop le plus radical. C’est pourtant là tout le paradoxe de Jason Lytle et de Grandaddy : on se surprend à entonner ces refrains sucrés, en se disant que la vie est quand même sacrément chouette. Puis vient la douche froide des souffrances que ne cherche même pas à cacher son auteur.

Ce dimanche 26 août à 18h50 à Rock En Seine, les chanceux qui seront présents accueilleront peut-être encore le groupe, comme au Pukklepop il y a quelques jours, sur le générique de Welcome Back, Kotter, une série télé seventies où John Travolta fit ses premières armes, : « Welcome back to that same old place (…) Welcome back, welcome back, welcome back.« . Le ton sera donné. Il faudra ensuite s’attendre à un concert best-of : Now It’s On, donc, mais aussi , A.M. 180, Chartsengrafs, Hewlett’s Daughter, The Crystal Lake. C’est moche à dire, mais on n’attend pas vraiment autre chose. Et dire qu’on a hâte serait encore en dessous de la réalité.

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