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Godspeed You! Black Emperor en bande-son de la Vi(lett)e

En ce vendredi soir, dans une ligne 5 du métro parisien archi-bondée, un petit groupe discute de la présence d’une éventuelle première partie au concert auquel ils se rendent. Je tente un « Godspeed You! Black Emperor ? « . Oups, à la vue des yeux écarquillés qui m’ont servi de réponse, c’était une autre langue ! Pour eux ça sera plutôt les Chemical Brothers qui envahissent le Zénith en même temps. J’aurais dû m’en douter.

En ce vendredi soir les énigmatiques montréalais de GY!BE font leur grand retour sur la scène française, après 8 ans d’absence. Pas de nouvel album, pas de tournée promotionnelle, rien à promouvoir, juste pour le plaisir. Pour l’occas’, la grande halle de la Villette est pleine : fans, curieux, puristes. Le public est connaisseur, c’est un premier constat, réjouissant. Pour la branchitude, ça se passera juste à côté avec le duo électro anglais.

Dès les premiers sons, il n’y a pas de doute possible. Les années ont passé, l’esprit est resté. Le collectif montréalais ouvre les hostilités par un son de scierie strident et saturé: tout sauf consensuel. On subit d’entrée, mais on sait que c’est pour notre bien, pour mieux apprécier le bonheur qui va suivre. « Hope » s’affiche en gros à l’arrière. L’espoir d’un grand concert, longtemps attendu par certains. L’excitation collective se fait d’ailleurs sentir. Ce soir-là, GY!BE c’est 8 musiciens réunis pour une expérience hors du monde. Ils s’en donnent à cœur joie, entre eux, donnant même l’impression d’oublier notre présence. Mais on ne leur demande pas de communiquer. Sans parole, leur musique intense et entière, appuyée d’un hypnotisant et fascinant visuel déroulant sur le fond, suffit à nous envouter et nous envoyer la réalité du monde en pleine figure.

Par ces longues et interminables montées, nous voilà donc trimballé le long du chemin sinueux de notre vie, dans un passé énigmatique, à travers les tunnels sombres de notre existence et les lumières qui s’ensuivent, au-dessus de nos insouciances et nos brûlures, en face des dérives de nos quotidiens. On ne sait plus trop où on est et ce qu’on fait : on vit de l’intérieur. On passe par toutes les émotions et tous les sentiments. Le corps et l’esprit cherchent leurs repères en vain. C’est tour à tour mélodique, bruitif, insouciant, inquiétant, passionné, apocalyptique, euphorisant, bruyant…

Après 2h30 de voyage, ils partent comme ils sont arrivés, sans un mot, en toute discrétion. Comme si la répét’ d’une bande de potes dans un squat montréalais était fini. Nous on reste sonné. Comme si GY!BE venait simplement d’écrire la bande-son abstraite et expérimentale de nos vies, qu’on venait inconsciemment de revivre en condensée.

Crédit photo : kidplastic

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