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Glass Animals : « L’énergie de nos concerts a déteint sur nous »

Difficile de citer beaucoup d’ascensions aussi fulgurantes que celle de Glass Animals. En même temps, on leur accorde, rares sont les groupes à sortir du néant un son unique dès leur premier jet (« Zaba », 2014). Car avant cet album il n’y avait rien : aucune salle comble, pas de fans en délire, pas de selfies à la sortie du concert. Le repos étant pour les faibles, ils créent et enregistrent leur second album une semaine après la fin de leur tournée : « How To Be A Human Being ». Rencontre avec ces quatre gars à qui l’urgence ne fait pas peur.

Vous n’échapperez pas à cette question : la composition d’un deuxième album est souvent compliquée pour un groupe. Comment vous l’avez sentie ?

Joe Seward (batteur) : Ça s’est passé très vite. Dave s’est enfui en studio dès qu’on a fini notre tournée, en décembre 2015. Il a commencé à sortir toutes ces choses qu’il avait accumulées dans sa tête. C’est vrai, beaucoup de gens disent qu’un second disque est difficile à sortir : soit tu fais la même chose, soit tu fais quelque chose de différent, et tout le monde est énervé ou déçu parce que tu as changé. Mais on n’a pas vraiment eu le temps de se soucier de ça, ça s’est passé ainsi.

Et vous trois, Joe, Edmund, et Drew, quelles étaient vos interactions avec Dave quand il créait l’album ?

J : On a attendu que Dave crée des squelettes de morceaux, qu’il exprime ses histoires en paroles, et d’une manière générale, l’idée derrière ce disque. Ensuite, il nous a montré ce qu’il avait, pour qu’on étoffe le tout ensemble, virer certains passages et en recréer de nouveaux. Ed a ajouté des lignes de basse, de guitares… Puis Dave s’y est remis. Dans un sens, c’était une collaboration, mais Dave a commencé le processus, puis c’est devenu un travail de groupe.

Comment a débuté l’écriture ? Est-ce que la voix était une sorte de fil rouge ?

Dave Bayley (chanteur) : Dès la première semaine après la fin de notre tournée, j’ai commencé à composer, ce qui était une première pour moi. Je connaissais mon thème d’écriture : les gens. Raconter les histoires de différentes personnes, pour la plupart fictives. Parfois, j’écrivais les paroles en premier, en alliant une mélodie vocale en tête. D’autres fois, pour trouver les accords à utiliser, je m’inspirais du caractère de la personne imaginée. Puis j’ajoutais des sons pour enrichir l’atmosphère. Contrairement à Zaba, où l’on avait commencé par la musique : des boucles de rythmes, de bruits électroniques, de guitares… On était assez complexés à l’époque, c’était la première chose qu’on faisait tous ensemble. On n’avait jamais été dans un groupe avant.

Edmund Irwin-Singer (bassiste) : Zaba est plus réservé, on s’est assurés qu’on faisait bien les choses, on a pris beaucoup de temps à rendre les choses aussi parfaites qu’elles pouvaient l’être.

Mais ce n’est pas ce sentiment que vous vouliez avoir en créant How To Be A Human Being ?

D : Je ne pense pas qu’on pourrait l’améliorer. Évidemment, en réécoutant ce que tu fais, il y a toujours quelque chose qui pourrait être modifié. Mais les imperfections de cet album le rendent parfait à nos yeux.

J : Cet album est aussi plus frontal, ce qui donne cette énergie. Si l’on était très critiques envers nous-mêmes, il y aurait surement des choses que l’on modifierait : un solo de guitare à refaire, améliorer les voix… Mais ces morceaux qui existent ont du charme et du caractère.

Pour Zaba justement, tu prenais la perspective d’un enfant dans les paroles de tes morceaux. C’était juste une envie passagère ?

D : Les paroles de Zaba étaient assez abstraites et n’ont plus beaucoup de sens pour moi. C’était ce que nous recherchions à ce moment. Cette fois, les histoires sont beaucoup plus directes, plus vraies. C’est une combinaison de ce qu’on a entendu en tournée et de choses inventées.

J’ai lu que vous essayiez de transposer l’énergie de la scène en studio. Comment vous faites ? Vous avez des trucs bien à vous ?

D : Une part de l’énergie de nos concerts a déteint sur nous. On s’est habitués à jouer nos morceaux d’une certaine façon, écouter de la musique d’une manière différente… On s’est aussi inspirés de groupes à l’énergie folle qu’on a vu jouer en festival.

Qui a fait toute votre imagerie ? Avec How To Be A Human Being, comment évolue-t-elle ?

D : Je m’en occupe, c’est assez intense ! C’est une grosse idée bizarre. Ce truc un peu « pixelisé », il est imaginé pour représenter le son, qui est plus angulaire, plus direct. Encore une fois, c’est en opposition à Zaba, où le son est plus ondulé. J’ai réfléchi aux bords de la pochette, et je devais d’une manière où d’une autre y mettre notre logo. J’ai un ami qui adore les polices, allez savoir pourquoi, qui m’en a montré plein, dont l’actuelle. C’est un peu comme si on avait rendu notre logo en 8-bit, un peu lo-fi.

Vos deux premiers clips parus, « Life Itself » et « Youth », semblaient être bien plus que des clips. Est-ce que vous préparez un court-métrage ou quelque chose dans le genre ?

(Rires généraux) J : Ça serait génial. Peut-être un jour, quand on aura du temps et de l’argent. Demande au label quand tu sors !

D : Il y aura peut-être plus de vidéos dans leur lignée. On aime jouer avec les nerfs des gens.

En 2014, vous disiez que vous adoreriez faire un crossover entre du rap  et votre style (Pigeons and Planes). Sur votre nouvel album, il y a le morceau « Premade Sandwiches » qui peut être assimilé à du spoken word. Est-ce que c’est votre façon à vous de faire ce crossover ?

D : Récemment je me suis mis à fond dans John Cooper Clark, un poète et musicien britannique. J’étais obsédé par ses lives en fait, j’ai tout regardé. Il lit les paroles de ses chansons. « Premade Sandwiches », c’était un peu ça, avec une voix pitchée à la Madlib.

Et en parlant de rap, comment est-ce que vous avez commencé à bosser avec Joey Bada$$ ?

D : Quelqu’un lui a dit qu’on aimait ses morceaux, on a apprit qu’il aimait les nôtres.

J : Et les compétences en rap de Dave ne sont pas au top, du coup on a fait appel à l’un des meilleurs pour ça… (rires)

D : Ce mec est un pro. On est allés en studio un lendemain de concert, 8h, il était là. Au bout de la quatrième prise, il a dit « That shit is fucking fire. » Il m’a fait jouer le morceau en boucle pendant une heure. C’est un projet totalement séparé de How To Be A Human Being, mais on fera sûrement d’autres collaborations, des reprises, le genre de choses qui n’iraient pas sur un album.

Le groupe sera en concert à l'Élysée Montmartre le 2 novembre.
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