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Ghostpoet : « J’aime repousser mes limites »

Intéressé, intéressant, blagueur : Ghostpoet, c’est un peu le client parfait pour les interviews. Et modeste en plus. On a échangé avec lui à propos de son nouvel album paru ce mois-ci chez Pias, « Some Say I So I Say Light », étincelant comme un diamant noir. La parfaite bande-son d’un après-midi pluvieux.

Le successeur de « Peanut Butter Blues and Melancholy Jam » a tout d’un diamant noir : précieux mais en rien fragile, d’une richesse sonore jamais assommante. A l’image de Sloth Trot, balancée et hypnotique, ou de Them Waters, dont le synthé lancinant réduit à trois notes cogne dans nos têtes à l’infini comme une sirène d’alarme, il est d’un noir si profond qu’il en devient brillant. Alors on plisse les yeux, on cherche à se voir dans ce miroir improvisé, pour mieux se comprendre. Pourtant Obaro Ejimiwe ne veut pas être un messager : « C’est un peu comme si je me parlais à moi-même et que les gens entendaient par hasard ce que je disais ». Alors même s’il est conscient que la musique peut avoir un impact sur les gens, il essaye de ne pas trop y penser, pour garder une totale liberté dans sa création.

Sur cet album à ciel ouvert, enregistré dans la banlieue de Londres en trois semaines, on retrouve deux figures féminines : Lucy Rose et Wood Paycken Williams. La première pose sa voix nuageuse sur la tranquille Dial Tone, sur laquelle Ghostpoet a supprimé sa propre voix pour lui laisser entièrement le refrain. Et sur Meltdown, le hasard a bien fait les choses : « La fille que j’avais en tête a eu un empêchement, et la veille j’étais toujours en train de chercher quelqu’un qui pourrait chanter… et puis sur Twitter quelqu’un m’a parlé de Wood Paycken Williams, qui par chance venait jouer à Londres le lendemain… Du coup elle est venue directement enregistrer ! »

Le titre, « Some Say I So I Say Light », est une sorte de post-it, « quelque chose qui me rappelle de tracer ma propre route », que ce soit en musique et dans la vie. Il ajoute : « Les artistes que j’aime sont ceux qui donnent leur point de vue sur la vie, sur le monde ». Sa vision à lui est sombre, mais pleine d’espoir. « J’ai écrit cet album à une période assez sombre de ma vie, et la référence à la lumière signifiait qu’il fallait illuminer le noir. La lumière me fascine parce que ma musique est sombre, donc c’est un peu comme si la lumière était le point à atteindre. Et puis j’aimais bien comment le titre rendait visuellement parlant, avec les I de part et d’autre du point central ».

Aujourd’hui, Ghostpoet semble avoir trouvé la lumière. « J’ai eu trente ans en janvier dernier, et à minuit, la première musique que j’ai écoutée était un morceau des Japonais Soil & Pimp Sessions, du coup maintenant à chaque fois que je l’entends je me dis : c’est cool, j’ai trente ans, c’est une toute nouvelle page, je me sens bien ! ». D’ailleurs, si on tend l’oreille, derrière sa voix profonde et ses mélodies mélancoliques se cachent des histoires complètement invraisemblables. Vous aviez l’impression que MSI MUSMID parlait d’une relation foutue en l’air ? Alors oui, c’est d’une dispute qu’il s’agit, mais entre des nouilles chinoises et des pâtisseries asiatiques. Dans le même genre, 12 Deaf, n’a rien à voir avec une hypothétique peur de devenir sourd un jour. L’idée le fait bien rire. « Tu voix, quand tu prends l’avion, tu as les sièges numérotés 12-DEF ? Ben c’est ça. Et comme je ne voulais pas que ce soit DEF j’ai juste rajouté un A ».

Courir fait partie de l’équation, lui permet de garder un certain équilibre. Il explique : « J’aime repousser mes limites, ne pas rester simplement dans ma zone de confort. Et puis j’aime trop manger, et je deviendrais vraiment énorme si je ne courais pas ! J’aurais besoin d’une chaise pour jouer, ça n’irait pas du tout… » Pour lui, on peut même faire un rapprochement entre la musique et la course : « on part de rien et ensuite ce rien devient quelque chose, et si les formes d’exaltations sont moins nombreuses quand on court, elles sont aussi fortes sur le plan émotionnel ». 

Alors courir, une addiction ? « Je fais partie d’un club avec qui je cours tous les mardis, ce qui veut dire que je vais le rater aujourd’hui… donc dès que je serai rentré à Londres, il faudra que j’aille courir ! » La réponse est oui.

Crédit photo : Sophia Spring

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