On a toujours eu un gros faible pour Gablé, ce trio qui sait bricoler comme personne des compos venues d’ailleurs. Parce qu’on ne sait pas vraiment à quelle branche il faut relier les Caennais. C’est peut-être d’ailleurs ce qui les rend si attachants. A l’occasion d’un nouvel album à paraitre le 18 mars (en écoute exclusive chez nos confrères de Mowno), on leur a posé quelques questions pour essayer de mieux comprendre leur joyeux foutoir. Et pour ceux qui liront l’interview jusqu’au bout, on vous fait aussi gagner des places pour leur passage à Poitiers, Nancy et Nîmes.
Comment éviter l’éparpillement des idées sur un disque de Gablé ? Comme pour le précédent, la cohérence du tout est-elle désormais une préoccupation constante ?
On ne fait pas trop d’effort pour ne pas éparpiller les idées. C’est même une phase importante de la fabrication. Plus large aura été l’éparpillement, plus large sera la palette de couleurs avec laquelle le disque est composé. Une fois qu’on a de bonnes ébauches pour 3 ou 4 morceaux, on voit quelles couleurs doivent avoir les autres. On a procédé de façon similaire pour le précédent. Si la cohérence n’est pas un souci au sein d’un morceau (bien au contraire), à l’échelle de l’album, on essaie d’avoir une sorte d’équilibre général. Si vous sentez cette cohérence, tant mieux. D’autres ne le sentent pas forcément, et c’est tant mieux.
Vous avez pris le temps pour composer les disques précédents, tranquillement à la maison. Pareil pour celui-ci ? Ou c’est venu plus rapidement ?
Oui, ça c’est passé beaucoup à la maison. Mais il y a eu pour celui-ci plus d’interventions extérieures de musiciens amis et moins d’apports de samples extérieurs. Par le passé, beaucoup de matière sonore avait été glanée ici et là sur des périodes plus ou moins longues. Cette fois, beaucoup plus de choses ont été jouées puis samplées, donc dans un temps un peu plus concentré.
Vous dites souvent vouloir composer sans demander l’avis de personne. Mais vous faites bien écouter vos nouvelles chansons à quelqu’un, non ? A qui et à quel degré de la composition ?
Le niveau sonore dans la maison est tel, que les voisins peuvent suivre pas à pas l’élaboration du disque, de la première note au mix final. Les amis qui passent doivent également écouter le travail en cours, quel que soit son avancement. Chaque réaction est notée, les avis sont écoutés, on hoche poliment…
Existe-t-il des projets récents qui auraient pu influencer consciemment l’écriture de ce nouvel album ?
On ne sait pas répondre à cette question. Oui. Des tas de projets récents influencent l’écriture. Parfois pour piquer des idées, parfois pour s’en éloigner. Pour les noms, on ne sait plus. Et puis encore faudrait-il pouvoir hiérarchiser, expliquer à quel niveau l’influence opère. C’est compliqué. Y a le truc là, avec le mec qui chante lentement avec une grosse voix grave et ça cogne derrière dingdingdingdingdingdingdingdingding!
Depuis vos débuts, vos morceaux sont très courts sur disque, puis souvent étendus sur scène. La frustration est-elle une valeur ajoutée dans votre travail ?
La frustration ou le temps suspendu, quand une chose s’arrête alors qu’on ne s’y attendait pas. Ou un violent silence : BAM! Et puis on déteste s’essouffler, se lasser. Sur scène on les rallonge un poil pour mieux couper les pattes de ceux qui s’enthousiasment. Ces gens là ne visent qu’une chose : que vous jouiiez jusqu’à l’ennui. Ce sont des nuisibles qu’il faut contrarier sans relâche.
Vous avez beaucoup tourné à l’étranger, notamment en Angletere grâce à LOAF. Là-bas, ils comprennent vos textes, mais pas les Français parce qu’on est des quiches en langues. Alors racontez-nous un peu de quoi parle ce disque, on gagnera du temps.
Les thèmes sont : la mort, la fin de la vie, la vie après la mort, les catastrophes, l’horreur, la souffrance, la vieillesse, la décrépitude, les meubles, la nourriture, la nature. Le sens des chansons : C’est vrai ET c’est faux, c’est bien MAIS c’est mal, ils sont gentils DONC tuons-les. Un banc c’est bien pour s’asseoir MAIS certains oiseaux colorés sont des charognards DONC réjouissons nous CAR. Tout ça, ça fait bien marrer les anglais, à se demander s’ils ont autre chose dans le crâne que de la sauce blanche. Heureusement, nous autres en France, nous valons mieux que ça.
La scène, justement, a toujours été un vaste terrain de jeu pour vous (masques, accessoires, etc), avec des mises en scènes dont on ne sait plus très bien si elles sont préparées ou improvisées, ou même si c’était pour vous protéger ou vous amuser. Comment envisagez-vous la suite, sur ce point ? Jusqu’à quel stade votre live est-il pensé ?
Si on ne sait pas bien si c’est préparé ou si c’est improvisé, c’est qu’on a pas été attentif. Parfois des choses bien huilées ont été sabotées par des gens dans le public. Alors on se protège, c’est naturel. Et tant que chacun campera sur sa position il n’y a pas de raison que l’on fasse un effort. A un moment on a essayé de s’adapter, mais en face, on a eu à faire à des réactions pas possibles. Alors maintenant, on attend que ça vienne d’eux.
D’ailleurs, comment faites-vous pour établir une set-list avec des albums si foisonnants et barrés ?
C’est une opération dont seul Mathieu a le secret. Il a souvent répondu qu’il fallait alterner des morceaux calmes et des morceaux qui envoient. Mais c’est faux. Et puis il la change tout le temps. S’il y avait une règle, on la connaitrait depuis le temps. Pif et moule, je vois que ça.
Pour finir : d’où vient votre côté bricole, à votre avis ? Petits, vous passiez vos nuits à rêver de Lego Technic ?
Dans le 1000 Emile!
•CONCOURS•
On a 2×1 places à vous offrir sur leurs concerts au Confort Moderne (Poitiers) le 23 mars, à l’Autre Canal (Nancy) le 29 mars et à la Paloma (Nîmes) le 3 avril. Pour participer, envoyez un mail à concours@sourdoreille.net avant le 18 mars à 17h en précisant dans l’objet la date qui vous intéresse !
Toutes les dates de la tournée ici.
Ils seront aussi en concert au Café de la Danse le 18 Avril avec Jesus Christ Fashion Barbe dans le cadre de l’excellent festival Clap Your Hands!
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