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Future Islands, l’efficacité d’une île

Voilà maintenant trois ans qu’on était sans nouvelles du trio de Baltimore. Après un disque, The Far Field (2017), sur lequel les critiques étaient relativement mitigées, Future Islands signe un retour au spleen lumineux avec As Long As You Are.

Le petit monde de la pop indépendante se souvient de la tornade provoquée par le morceau « Seasons (Waiting on you) » classé meilleur titre de l’année 2014 par Pitchfork et paru sur l’album Singles (2014). Trois ans après, nous nous étions contenté·e·s de The Far Field (2017), la flamme semblait alors plus ténue, moins brillante, mais aujourd’hui Future Islands aborde cette fin d ‘année 2020 sur le thème de la reconstruction, dans un monde soumis à l’injonction de résilience, même dans ses moments les plus difficiles.

Il serait réducteur de n’entendre dans le travail de Future Islands qu’une pop rythmée propice à l’ondulation des corps, voire à leur franc sautillement. Même si le songwriting n’est pas au niveau de celui d’un Léonard Cohen ou d’un Bob Dylan, Samuel T. Herring, leader de la formation laisse planer dans son écriture les questionnements qui siéent à l’époque. Rien de bien nouveau sous le soleil, dirait-on, à raison. En bon héritier de Joy Division, New Order et autres hérauts post-punk et new wave, l’aigre doux, les thèmes du « je », de sa place et de la difficulté de la vie font partie du starter pack de tout·e musicien·enne désireux·se d’officier dans ce genre. Ceci étant, de cette poésie forçant parfois un peu sur la métaphore, se dégagent des interrogations sur un monde qui semble aller trop vite pour son auteur , « And all the world just passed me in the night » («Waking »), « Is it too much to carry ? » (« Born in a War ») mais aussi sur sur nos images et ce que nous sommes devenu·e·s en ces deux décennies de XXIème siécle (« The Painter »).

Sans tomber dans la sinistrose, Herring semble s’inquiéter de l’incertitude croissante de notre monde et de la difficulté d’en faire partie , « And you came as you are?/ And they said / Heaven’s a mystery, unless you’re a star. / Unless you’ve a crown. » (« Glada »).

Devenu quatuor en intégrant Michael Lowry à la batterie, Future Island soutient son propos par une solide section rythmique, le duo basse batterie tournant à plein régime avec une efficacité rare avec une mention spéciale pour la beauté froide de Moonlight et sa ligne de basse simple en diable mais ô combien pertinente. Les quatre du Maryland jonglent avec les ambiances entre furieuses envies de danser (« Waking ») et phases de clame (« Glada »), (« City’s Face »), (« Thrill »). Sur la puissante rythmique viennent se poser des synthés aux couches multiples qui lient l’ensemble avec justesse. C’est à cette toile musicale, qu’Herring vient ajouter les dernières touches finales par sa voix, habitée, qui laisse transparaître le charisme que celles et ceux qui l’on vu sur scène connaissent.

As Long As You Are apparaît comme un lancinant rappel de ce que nous sommes, de ce que nous deviendrons, de la capacité à se construire et reconstruire dans un monde en guerre (« Born in a War »). Future Islands nous attrape par le cœur, sans (trop de) littérature, avec franchise et beauté, livrant un disque cathartique, aux accents 80’s, qui éclaire cet automne 2020 d’une danse qui, malheureusement, pour le moment restera une danse de salon, mais qui après, dans combien de temps, nul ne le sait, deviendra une belle danse collective. As Long As You Are, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.

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