Suite à la sortie de leur album Few more days to go, les Islandais de Fufanu se sont lancés dans leur toute première tournée européenne. De passage à la Mécanique Ondulatoire à Paris, Kaktus, chanteur du groupe au nom trop mignon, nous a accordé quelques instants avant un concert survolté. Apparemment pas stressé de sa récente et relative renommée, il nous en apprend plus sur sa musique et son pays tout en haut à gauche sur la carte.
Comment s’est déroulée la composition de votre album ?
On a mis environ deux ans pour arriver au rendu final. En 2013, on a commencé à avoir quelques idées très différentes, puis on l’a terminé durant l’été 2015 et finalement sorti en novembre dernier.
L’ordinateur qui contenait toutes vos premières compositions plutôt tournées techno a été volé. Pourquoi avoir totalement changé de genre de musique après ça ?
Je ne suis pas sûr que le vol de notre ordinateur ait quelque chose à voir avec ce revirement musical. C’est juste une anecdote amusante. Gulli [guitariste et compositeur du groupe, ndlr] et moi jouons ensemble depuis 2008 et on n’a jamais vraiment pensé à sortir un album tant qu’on ne trouvait pas ce qui nous correspondait parfaitement. À chaque fois qu’on avait quelque chose de prêt, on trouvait un autre style sur lequel nous concentrer. On voulait trouver une musique qui nous rendrait plus heureux que la précédente.
« On a vu Eric Clapton en Islande,
et ça ressemblait à un DVD »
Pensez-vous encore virer de bord musical pour le prochain album ?
On revient un peu à la techno, oui. C’est aussi la raison pour laquelle nous faisons des albums, pour que chacun ait son propre son.
Vous n’avez pas peur, à force de changement, que vos fans ne vous suivent plus ?
Si on faisait de la musique juste pour les fans, on ferait de la putain de pop commerciale, et on serait plus gros que Justin Bieber ! Mais notre objectif est de faire la musique que l’on veut écouter. Les fans sont vraiment un sacré plus, c’est super de voir des gens réceptifs à notre musique, et ça nous donne la chance de faire de plus en plus de concerts, on adore ça. Un album doit sonner différemment en concert, sinon il n’y a aucune raison de faire des lives. On a vu Eric Clapton en Islande, et ça ressemblait à un DVD, ça n’avait aucun charme, on ne veut pas du tout ça.
Vous semblez vraiment attachés à vos clips, tous très différents. Cherchez-vous à faire passer un message avec vos videos ?
On cherche juste à nous amuser, à montrer que faire des clips c’est aussi fun que de faire de la musique. On a toujours fait nos vidéos nous-mêmes, jusqu’à ce qu’on rencontre un réalisateur islandais qu’on aime beaucoup, celui qui a fait le clip de « Ballerina in the Rain ». Mais on a tout de même participé au brainstorming et à la réalisation, c’est très important pour nous.
Fufanu – Ballerina In The Rain
C’est votre première tournée en Europe, est ce que vous pouvez déjà la comparer à vos concerts en Islande ?
On a joué environ cinq fois en Islande, ce n’est vraiment pas beaucoup. On a aussi fait le Iceland Airwaves, mais c’est surtout pour les étrangers. On n’a pas vraiment d’expérience en Islande, je pense qu’il y a plus de gens qui nous suivent ailleurs.
Donc votre objectif est de vous développer à l’international ?
Si cela nous arrive, tant mieux. Mais ce serait aussi génial pour nous si on pouvait jouer un peu plus en Islande, le problème c’est qu’il n’y a que deux ou trois vraies salles de concert et pas beaucoup de labels non plus. Je ne sais pas combien de gens vivent à Paris, mais c’est énorme comparé à Reykjavik, ou même à l’Islande. Ici les gens vont plus facilement découvrir des groupes en live. C’est plus difficile chez nous, même s’il y a beaucoup d’événements musicaux. Un de nos derniers concerts a été diffusé sur la télévision nationale, c’est un des rares moyens de se faire connaître là-bas.
Tu penses que la scène islandaise est un peu renfermée sur elle-même ?
Il y a énormément de groupes différents et beaucoup d’événements. Peu de groupes en Islande cherchent à se faire connaître internationalement. Si cela nous arrive, tant mieux, sinon ce n’est pas grave. Avec Fufanu, on s’en fichait totalement, ça nous est tombé dessus. Les Islandais ne sont pas obsédés par les majors et tout ce qui est commercial. Je doute vraiment que Of Monsters and Men avaient pour objectif de devenir des stars mondiales quand ils ont commencé. Le propre de la scène islandaise, c’est qu’on veut tous faire la musique qu’on aime, tout simplement, et tant mieux si on décolle !
Fufanu – Circus Life
Tout le monde se connait en Islande, c’est pour ça que vous n’avez pas vraiment de fans là bas ?
C’est exactement ça. On connaît toute la scène islandaise, il n’y a pas de rapport de fans entre nous. Jouer à l’étranger nous permet d’avoir un rapport différent à notre public.
On vous demande souvent si vous êtes influencés par Joy Division, mais ça semble vous déranger. Pensez vous qu’un groupe à vraiment besoin d’influences musicales pour créer sa propre musique ?
Oui, ça nous dérange ! Je crois que nos influences proviennent des choses qui nous arrivent. En fait, notre plus grosse influence, c’est ce qu’on a pu faire par le passé, ce qu’on a appris en jouant tous ensemble. Joy Division n’a rien à voir là dedans.
« Few more days to go… » Avant quoi ? maintenant ?
Sûrement le prochain album. On essaye de le sortir en septembre, c’est bientôt. On n’a pas de plus grands objectifs pour l’instant, on veut juste s’amuser.
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