Un label grec (basé à Berlin) fait son petit trou dans la techno, la house et le dub depuis bientôt trois ans, soit un quart de point dessiné au crayon de mine invisible sur la frise chronologique de l’histoire de la musique. Voués tantôt au dancefloor, tantôt à un salon enfumé à l’heure de l’affaiblissement des rayons du soleil, les artistes qui jalonnent la dizaine de sorties de Nous se font discrets. Dans la même veine que les labels Skylax, Rush Hour, Dial et les artistes DJ Sprinkles, John Roberts, Lawrence ou Vakula, Nous nous raconte des histoires d’un autre monde, qui n’est obnubilé par rien qui ne soit pas à portée de main.
Miltiades – Epk.x
Des images floues récupérées sur une vieille cassette, des souvenirs qui remontent à la surface. Sauf qu’à la surface, le dub fantomatique du producteur grec Miltiades, premières sortie ever de Nous, c’est encore sous l’eau. On notera que le kick est bien loin de son habituelle place au premier plan. Et que l’artiste tire son nom d’un stratège athénien et surtout un énorme tyran.
Route 8 – Eleda
Merveille de deep house lo-fi composée en 2014, « Eleda » nous a fait connaître le producteur hongrois Gergely Szilveszter Horváth alias Route 8 qui, depuis, squatte nos baladeurs. Quand on dit lo-fi, on parle évidemment du traitement sonore volontairement cradingue qui définit l’ensemble de sorties de Nous.
Mutual Attraction – Lost tape
Il serait impensable de parler de Nous sans mentionner ses Ethos Series, séries de compilations qui ont vu naître le « hit » du label : « Lost Tape » du Polonais Mutual Attraction. Aussi chill que débilisant, ce funk / house minimaliste se danse en noir et blanc et en qualité limite. Un hymne de danseurs compulsifs.
Call Super – Fluenka’s Self
Si Call Super a reçu une couverture médiatique au-dessus de ses homologues, c’est parce que de cette deep techno, il a réussi à en tirer le plus grand crû. Dans ses titres « Threshing Floor » ou « Depicta », richesse sonore et intimité s’accordent dans une danse lascive. Objekt et Ben UFO louent les talents de l’Angliche tous les week-end, Pitchfork et Fact la semaine.
Karen Gwyer – Keisa Kizzy Kinte
L’Anglaise aura eu droit à ses quarts d’heure de lumière – plutôt d’ombre – sur nos terres, suite à la programmation dans des festivals comme Baleapop ou Scopitone ces dernières années, et une sortie sur Opal Tapes. On est sous le charme de son psychédélisme et d’une noirceur contenue dans un brin de poésie. S’il fallait trouver une conclusion hasardeuse à cet article, on pourrait se mouiller en déclarant que le label grec s’évertue à choper Polonais et Hongrois réunis sous une même bannière, dans une vision horizontale et romantique de l’Union (Musicale) Européenne.
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