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FM Belfast, thérapie de groupe

Voici l’expérience originale de notre chroniqueuse, lors du concert de FM Belfast au Café de la Danse, le 14 mai dernier. Plus qu’un simple concert, elle vous conseille le groupe islandais comme on prescrit une thérapie. Grosse dose d’amour dans ce papier.

Je pourrais reprocher à la foule de la rue de Lappe en début d’alcoolisation mon retard, mais force m’est d’avouer que je n’ai jamais su être à l’heure pour un concert. Surtout si France Inter diffuse un « Téléphone sonne » spécial déclaration d’impôt, il y a des priorités que je ne saurai négliger.

Du coup, je serais totalement incapable de vous dire à quoi a ressemblé le show de Berndsen, ce qui est bien dommage parce que si j’en crois ce clip ci-dessous, leur musique a de quoi réveiller les morts.

Passé le seuil du Café de la Danse, une ambiance bon enfant plane dans la salle déjà bien chauffée par les mojitos et la première partie. La trentaine bien entamée, le public se compose plus de jeunes couples de graphistes que d’adolescents en mal d’underground scandinave. Pourtant, FM Belfast traîne son electro-pop depuis 2005 et s’est déjà fait clairement remarquer sur les scènes des Vieilles Charrues ou de l’Electronik Beat Festival de Prague. À domicile, l’auteur Andri Snær Magnason recommande d’assister à un de leurs concerts deux fois par an pour prévenir toute dépression. Me coltinant une vilaine sciatique depuis deux semaines, il semble donc que je sois au bon endroit au bon moment.

Pas de bol pour les Islandais cependant, les balances prennent un temps infiniment long. Au bout de ce qui semble une éternité, la chanteuse Loa nous annonce que suite à une grève de la compagnie Icelandair, la majorité de leurs bagages, y compris l’ordinateur contenant la plupart des mix, a été perdu. Pour Arni, en charge de la partie la plus électronique du groupe, cette tournée européenne débute par le pire vol de toute sa vie.

Est-ce à cause de toutes ces contrariétés et leur habitude de prendre les pires situations avec ironie qu’ils débutent ce concert Par Avion ?

En tout cas, la sauce prend tout de suite et la salle gagne quelques degrés supplémentaires.

En enchaînant les morceaux des premiers albums avec Brighter Day’s, issu du dernier album éponyme, je commence à saisir les contours de leur succès. Parti de rien, d’une blague, les membres de FM Belfast n’ont jamais eu pour autre ambition que celle de faire danser leurs congénères. Aussi impressionnante soit la capacité de Loa à monter dans les aigus on ne peut pas dire que ce soit leur maîtrise vocale qui les distingue. Mais, alors que je me déhanche sur leur reprise de Pump up the Jam à m’en faire oublier qu’une demi-heure plus tôt j’avais la démarche de feu ma grand-mère, je réalise que FM Belfast a réussi à maîtriser un concept simple sur lequel s’échinent de nombreux groupes, sans succès.

La génération de trentenaires parisiens à laquelle j’appartiens cherche souvent le plaisir dans un intellectualisme de bon aloi, zonant entre le Palais de Tokyo et le 104 ou tentant de s’incruster au Silencio. Mais au fond, le dernier moment où nous avons été pleinement heureux, c’est en finissant les fonds de verres au mariage de notre cousine. En ce qui me concerne, j’avais 8 ans, pas encore de problème de dos ni de talons de douze et je ne me demandais pas si j’avais mis du déo avant de lever les bras. FM Belfast réveille de manière unilatérale cet enfant-là, que ce soit en décorant la scène de cotillons, en se baladant en caleçon pour chanter Underwear ou en claironnant cet hymne « We come from a place where we count the days till nothing ». L’enfant des années 90 lève le bras très haut pour clamer « You gotta fight for you right to party ! ». Un concert de FM Belfast est effectivement à prescrire en cas de morosité aiguë. Ne serait-ce que pour admirer leur capacité à produire une joie extatique dans le public avec des bouts de ficelle.

Mais il est 22h30, demain il y a école. Est-ce que la nounou a pu doucher les gamins ? Est-ce qu’il nous reste encore du pain ? Oui, pour moi aussi, c’était bien.

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