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Flyte, un secret bien gardé

Flyte est un groupe dont il est facile de tomber amoureux. Ces amis des Staves (Jessica Staveley-Taylor a un temps assuré un interim lors de leurs dernière tournée) ont le goût des belles chansons à l’ancienne, des harmonies vocales léchées et une émotion à fleur de peau.

Après un premier album aux arrangements luxuriants (The Loved Ones), Flyte a fait le choix pour leur deuxième effort, This Is Really Going To Hurt, de déshabiller ses chansons pour en montrer les os. Résultat : un album qui se bonifie comme un bon Bourgogne. Derrière une simplicité apparente, se révèle foule de détails et des performances ultra justes qui donnent toute leur saveur à ces morceaux à l’ambition intemporelle.

Nous avons donc voulu rencontrer Will Taylor, volubile chanteur à l’humour pince-sans-rire british, le barbu bassiste Nicolas Hill et le très discret batteur Jon Supran.

Bonjour Flyte, qu’est-ce que cela vous fait d’être, la semaine de la sortie de votre album, numéro 1 des charts… cassettes au Royaume-Uni ?

Nicolas Hill : Wow, c’est titanesque ! Et surtout, si on était en 1993, on serait en train de boire du champagne. A la place, on boit du thé…

Will Taylor : … Sans lait.

Comment décrieriez-vous Flyte à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de vous ?

Will Taylor : Nous leur dirions d’aller très vite sur leur plateforme de streaming habituelle pour écouter nos morceaux. Blague à part, je leur dirai que Flyte c’est un songwriting classique ; un son très harmonieux vocalement et instrumentalement ; et un groupe influence par le passé mais aussi suffisamment par le présent et le futur pour ne pas se sentir bloqué dans le temps.

« On vend plein de cassettes. Si on était en 1993, on serait en train de boire du champagne », Flyte

Vous avez débuté en jouant dans la rue. A quoi rêviez-vous à ce moment-là ?

Will Taylor : On voulait juste se faire un peu d’argent pour payer notre loyer.

Nicolas Hill : A vrai dire, on en est encore là, non ?

Will Taylor : Quand on jouait dans la rue, on pensait déjà bien sûr à enregistrer des albums, à tourner… Tu sais, nous nous connaissons tous les trois depuis très longtemps : avec Jon, on s’est rencontré quand on avait 8 ans et nous connaissons Nic depuis le début des années 2000. Nous jouons dans des groupes depuis l’adolescence et en quittant le lycée on avait déjà enregistré plusieurs albums. Mais inutile d’insister, tu ne pourras pas les écouter.

Quels est votre meilleur souvenir en tant que groupe ?

Will Taylor : C’était sans conteste ce festival au nord-est du Kazakhstan…

Nicolas Hill : Oui, c’était incroyable.

Will Taylor : Je pense que nous devions être quelque chose comme le 2ème concert de tous les temps du Kazakhstan. On avait l’impression d’être Rihanna : on a eu le droit à un hôtel 5 étoiles et au tapis rouge. Alors que d’habitude, en Angleterre, c’était plutôt quelques bières et des chips ! Ils ne réalisaient sans doute pas à quel point on était habitués à être mal traités.

« Parfois, en un après-midi, tu arrives à créer quelque chose de brillant. Et puis parfois, cela te prend des années », Flyte

Dites m’en plus sur votre nouvel album This is Really Going To Hurt. Pourquoi ce changement pour une direction plus brute après votre premier, The Loved Ones ?

Will Taylor : Ça s’est fait naturellement. Nous avons pensé que nous avions fait nos preuves avec les arrangements sophistiqués de notre premier album et nous avons souhaité simplifier nos chansons. Qui plus est, de nombreux textes de This Is Really Going To Hurt traitent d’une rupture amoureuse avec un côté émotionnel très brut. On sentait que des arrangements fastes n’étaient pas appropriés pour ces chansons incroyablement personnelles.

Nicolas Hill : En fait, une des choses les plus difficiles à réaliser c’est de réussir à écrire une chanson puissante sans trop d’embellissements.

Will Taylor : Nous essayons de trouver des mélodies qui auraient pu être chantées il y a 200 ans et qui pourraient encore l’être dans 200 ans. Le tout aussi avec des twists and turns suffisants pour les rendre intéressantes.

Comment s’est passée la création de cet album ?

Will Taylor : Nous sommes partis à Los Angeles pour enregistrer, l’année dernière. C’était la première fois que nous mettions les pieds à L.A. et la première fois que nous travaillions avec notre nouveau producteur, Andrew Sarlo. Andrew nous a encouragé à être le plus direct et honnête possible dans les arrangements et les orchestrations, à limiter le nombre d’overdubs. Nous étions tellement convaincus par son approche que nous lui avons aussi demandé de mixer l’album.

Nicolas Hill : Ça a été vraiment un long processus pour cet album… Certaines chansons comme « Trying To Break Your Heart » ont pris pas mal de temps pour tomber juste.

Will Taylor : C’est un truc qui peut être frustrant dans la création. Parfois, il te faut 5 minutes pour écrire une chanson, comme « Easy Tiger » par exemple. Parfois, en un après-midi, tu arrives à créer quelque chose de brillant. Et puis parfois, cela te prend des années.

« Si tu veux avoir une chance d’attraper le train du songwriting, fais en sorte de l’attendre sur le quai de la gare », Flyte

Avez-vous été surpris par les réactions à This Is Really Going To Hurt ?

Nicolas Hill : Oui, nous sommes surpris par la réception très positive que nous recevons. Pour moi, cela tient à l’honnêteté et la vulnérabilité qui se dégagent des morceaux.

Will Taylor : Cette reconnaissance nous fait beaucoup de bien. On a toujours travaillé dur, mais on était plutôt jusqu’à maintenant un groupe « sous le radar ». Loved Ones a fonctionné par le bouche-à-oreille, comme un secret que les gens se passaient. Il nous a fallu pas mal de temps de toucher notre public.

FLYTE_PHOTO_CRÉDITS JAN PHILIPZEN 16

Flyte © Jan Philipzen

Cet album fait suite à un EP, White Roses. Ces chansons sont-elles issues des mêmes sessions de travail ?

Will Taylor : Les morceaux compris sur White Roses sont en réalité les cendres d’un album qui n’a jamais vu le jour Nous avions commencé à travailler sur un projet juste après la sortie de The Loved Ones. Mais Sam (Berridge, ex-guitariste et chanteur, ndr) a quitté le groupe en plein milieu de l’enregistrement. De notre côté, nous ne pensions pas tenir une direction générale assez excitante pour continuer. La conclusion logique a été de sortir cet EP en l’état, ce qui était aussi une forme d’adieu à Sam.

Si vous étiez un professeur de songwriting, quelle serait la leçon que vous mettriez un point d’honneur à enseigner ?

Will Taylor : J’ai lu tellement de livres sur le songwriting et je peux te le dire, la réponse est toujours la même. Si tu veux avoir une chance d’attraper un train, fais en sorte d’être sur le quai de la gare en train de l’attendre. A un moment, tu finiras par l’attraper.

Vous êtes déjà en train de préparer votre prochain album. A quoi doit-on s’attendre ?

Will Taylor : Ce sera un antidote à la tristesse. Nous y pensons comme une réponse à la mélancolie de This Is Really Going To Hurt. Nous voulons vraiment aussi aller vite pour l’enregistrer et le sortir. Avec la fin de la crise du Covid en vue, on a vraiment envie d’être dans cette énergie positive, de repartir à la rencontre des gens.

Nicolas Hill : Peut être aussi que celui-là, on l’enregistrera directement sur cassette pour rester au top des charts ! (rires)

Photo en une : Flyte © Jan Philipzen

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