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Flying Lotus : l’épopée subaquatique

38 minutes et 12 secondes de jazz fusion fiévreux et délirant, de hip-hop électrique et d’electronica exaltée. Écouter Flying Lotus, c’est comme amorcer un voyage où l’on chevauche des sinusoïdes nouvelles et marginales. Chroniquer un de ses disques, c’est donc le récit d’une épopée auditive.

Photos : Tim Saccenti

Flying Lotus sort son cinquième opus le jour de ses 31 ans, un format plus court que son prédécesseur « Until The Quiet Comes ». Il entamait sa première compilation de remix il n’y a que 9 ans et son premier disque en 2006. Devenu la véritable figure de proue du mythique label WARP, une fois de plus Steven Ellison aka FlyLo emmène les auditeurs dans un nouveau voyage onirique qui n’a plus rien d’anecdotique.

Le paysage polymorphe de « You’re Dead! » est à la croisée du monde de J Dilla, Herbie Hancock (invité sur cet opus) et de Massive Attack. L’immersion est exotique dès les premières notes. Cela grouille d’inspirations jazzy, les poissons autochtones présentent les visages transfigurés de The Meters et de Charlie Parker habillés d’anémones ambient. Une fois que les esgourdes se sont habituées au défilé de couleurs et de lumières turbulentes et fugitives, un maître de cérémonie vient nous présenter le royaume à l’air liquide dans lequel l’auditeur vient de pénétrer. Celui-ci se nomme Kendrick Lamar : hip-hop, free-jazz, une touche de jungle sous tranquillisant, phases électroniques en crescendo. Une fièvre hypnotique s’insinue dans nos oreilles. Les buildings ont pour socle les cimetières et les indigènes n’ont pas l’air commodes. Un son hip-hop teinté acide et bien plus rugueux lui emboîte le pas. Une ritournelle d’une texture ultra-riche fait chuter le touriste dans un ghetto aquatique surréaliste. Un Los-Angeles immergé et peuplé d’aliens, sbires du chef de la mafia locale : on parle du MC le plus enfumé du monde Snoop Dog. Le sol est jonché de cadavres souriant à l’anatomie en puzzle que balaient les poissons-nettoyeurs.

Flying Lotus

Tout se succède avec une cohérence impressionnante malgré l’apparente hétérogénéité. La guitare électrique tantôt doucereuse et frénétique peint un FlyLo méconnaissable. Cela suinte le remix d’un groupe avant-gardiste de jazz fusion des années 70. Le ciel de la surface est parsemé de nuages ombrageux transpercés de rayons lumineux. Première accalmie de l’opus à mi-trajet.

L’electronica fini par reprendre le dessus. Après le rêve malade, le cauchemar jubilatoire. On retrouve le neveu du pianiste Coltrane (Alice Coltrane). Plus imbibé de jazz que jamais, administrant un sédatif à ses fans sans être soporifique pour autant. Désarçonnante et séduisante première expérience d’electronica be-bop. Puis, voilà que l’on sombre dans une douce et malsaine folie qui irrite et charme. Oui, le paradoxe est de mise. Des résurgences de « Until The Quiet Comes » sous une forme moins fragmentaire, plus accomplie, rappelle notre précédente immersion. La remontée s’avère de plus en plus imminente. Heureusement, Steven Illenson laisse l’auditeur traîner la pâte. Hip-hop instrumental au sample léché, vestige de trip-hop, voix cristallines. Le caïd de WARP ménage notre remontée peut-être déjà nostalgique à l’idée de nous voir partir. Quelques notes de piano, quelques enjolivures électroniques et un kick-snare pour terminer ce road-trip au pays du Lotus.

Flying Lotus

Vite, ça sort dans 3 jours…

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