Le Printemps de Bourges, qui a ouvert ses portes hier, a changé de nom...
Le Printemps de Bourges, qui ouvre ses portes aujourd’hui, a changé de nom. Il s’appelle désormais Le Printemps de Bourges – Crédit Mutuel. La banque mutualiste a en effet sorti le chéquier pour s’associer au nom du festival. Une pratique de plus en plus courante, au moment où les festivals sont de moins en moins soutenus publiquement. Petit état des lieux des festivals transformés en étendard publicitaire, souvent au nom de leur survie.
Printemps de Bourges – Crédit Mutuel. L’association surprend, tant elle est radicale. Selon un article du Monde hier matin, l’engagement de la banque serait inférieur à 500.000 euros, et permettrait de pallier le désengagement progressif des collectivités locales (département du Cher et région Centre).
TGV Génériq. La version hivernale des Eurockéennes de Belfort. Festival itinérant (Belfort, Mulhouse, Dijon, Baume-les-Dames, Besançon…), il a noué des liens avec le train qui va vite. De son côté, la SNCF s’associe à un festival porteur au moment où elle se développe dans l’est de la France, via le projet Rhin-Rhône.
Les Inrocks – IDTGV. Après avoir lancé l’événement avec Orange, puis associé Black XS à son festival automnal, l’hebdo culturel – dont nous sommes aussi partenaires – travaille aujourd’hui avec la filiale de droit privé de la SNCF. Cet exemple est un peu à part, dans le sens où le festival n’a pas été créé par une entité dont c’est le cœur d’activité.
San Miguel Primavera Sound. Même si le Primavera reste le Primavera, la marque de bière originaire de Manille, très implantée en Espagne, squatte l’affiche du festival barcelonais, en homepage du site.
FIB Heineken. Même mariage entre Catalogne et houblon quelques kilomètres plus loin, entre Benicassim et la boisson à bulles immatriculée en Hollande. A ce sujet, l’Espagne a un temps d’avance sur la France : les marques privées sont beaucoup plus impliquées dans le financement culturel qu’en France.
Oxegen vs Witnness. Parfois, l’association est plus insidieuse que dans les cas précédents. Dans le comté de Kildare, en Irlande, un gros festival de la taille de nos Eurockéennes a calqué son nom sur son principal financeur. Epoque Witnness, c’était Guinness aux commandes. Désormais, l’événement s’appelle l’Oxegen et est soutenu par Heineken. Une histoire de suffixes…
Iceland Airwaves. Reykjavík, à la mi-octobre, vit au rythme d’une grande sauterie indie pop qui se passe notamment dans un lagon d’eau chaude. Derrière cette initiative, le soutien de la compagnie aérienne Icelandair, qui s’immisce de manière indirecte dans le nom du festival.
Pepsi Sziget. Créé en 1992, le plus gros festival d’Europe (Obuda, Budapest) s’est appuyé sur la marque Pepsi pendant plusieurs années pour entamer sa croissance d’ogre. Depuis 1999, le Sziget a retrouvé son nom originel mais laisse les marques privées grignoter d’énormes espaces sur l’île du festival.
Tunning et Drolerelouis, vous avez une idée d’un montage financier d’un festival ou pas du tout ?
Pensons à incriminer les producteurs et agents des artistes qui n’ont aucun pitié à assassiner les organisateurs de festival (souvent bénévoles) avec des cachets faramineux et poussent donc ces mêmes organisateurs à faire appel à de l’argent privé puisque notre cher gouvernement a décidé de reviser sa feuille budgétaire en faveur de l’armement, en dépit de la culture. Bref, pas beaucoup d’autres solutions pour les festivals, c’est comme ça, c’est pas des capitalistes de merde, ton cul, c’est pas du poulet…
Dommage pour mon cul, j’avais un petit creu…
Plus sérieusement, on peut être lucide sur les difficultés actuelles du secteur de l’événementiel culturel sans être dupe sur la fausse fatalité de s’en remettre aux marques et de leur donner les clés d’un événement.
Si je me trompe pas, les Eurocks et les Charrues n’ont pas cédé à cette tentation. Et pourtant, ils subissent peut être encore plus que d’autres la surenchère des cachets
Et l’argument ressorti à chaque fois par ces festivals, c’est : Ca permet de ne pas augmenter le prix des places…
Et mon cul, c’est du poulet ?
Putain de capitaliste de merde!