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Festivals d’été : bilan de cinq retrouvailles 90’s

A l’époque, on portait un baggy, voire ce jogging dégueu avec des pressions le long de nos jambes de gringalets. On avait à peine 15 ans, on sortait des années de goulag sonore à la sauce Dance Machine pour tenter de nous construire une culture musicale, une vraie. Parce qu’on avait pas les tunes et surtout parce qu’on avait pas encore le droit de sortir, on ne verra pas beaucoup de concerts pendant cette période-là. En 2013, la programmation des festivals d’été nous a offert l’occasion de replonger dans une époque bénie : celle des années 90’s. Alors, nos amours de jeunesse ont-ils changé ?

Damon Albarn – Blur

A l’époque. C’était LE pote à avoir dans le bahut. Celui avec lequel tu aimes t’afficher car il est fun et dans la hype. Garçons et filles, tout le monde l’aime. En plus d’être populaire, il est surtout doué : chaque prise de parole en classe (« Parklife » en 1994 et « The Great Escape » en 1995) le place au dessus de la mêlée. Par contre, il a un ennemi dans la cour de récré, un seul. Mais pas n’importe qui : Oasis. Les deux se tirent la bourre pour accéder au trône.

Maintenant. Il a confirmé et a littéralement explosé Oasis. « Think Tank » a rendu encore plus belle notre histoire à distance. Quinze ans après, on retrouve le même compagnon de classe qu’on avait quitté : doué, et même surdoué. Mais si on est toujours aussi fier de le fréquenter, on remarque qu’il n’a plus envie de se surpasser. A l’époque, il avait tout à prouver. Plus maintenant. Cela s’en ressent. Et puis, il force toujours autant sur la picole. On attendait quelque chose de plus fort, plus émouvant, plus électrique. On attendait sûrement trop. Note pour la suite : ne jamais trop espérer d’une première rencontre, même aux Eurockéennes de Belfort.

Billy Corgan – The Smashing Pumpkins

A l’époque. Quand tout le monde reniflait le cul de Damon Albarn, de l’autre côté de la cour se tenait Billy Corgan, seul dans son coin. Il mettait un peu la flippe à tout le monde avec sa voix à la Daffy Duck. Les pires rumeurs circulaient sur sa petite enfance. Nos mères nous avaient même ordonné de nous tenir à distance d’un type pareil. Sauf qu’on était nombreux à remarquer qu’il avait un truc en plus. Solitaire, peut-être. Un peu autiste sur les bords, sûrement. Par contre, ses bulletins de notes étaient impeccables (« Siamese dream » en 1993, « ‘Mellon Collie » en 1996). Tous les profs s’accordaient à dire que, même s’il faisait parfois n’importe quoi, il y avait bien du génie en lui. 

Maintenant. Avant de le retrouver, toujours à Belfort, on avait eu de sales échos. Brouillé avec ses (rares) potes, il serait en perdition. Alors on appréhende un peu de le voir dans cet état. Il a tellement compté pour nous. Au final, l’heure passée ensemble sera inoubliable. Une putain de madeleine de Proust. Alors oui, il a grossi. Oui, il est brouillon. Mais les valeurs qui lui sont chères sont restées les mêmes : énergie, charisme, intensité. On s’est raconté nos meilleurs moments passés ensemble (Tonight, Disarm, Rocket, Zero). On a même causé d’un autre vieil ami qu’on ne voit plus, Davie Bowie (Space Odditty). On se quitte en étant sûr d’une chose à son sujet : ses belles années sont peut-être derrière lui. Mais il est encore vivant.

Kevin Shields – My Bloody Valentine

 A l’époque. Une venue assez furtive dans le bahut pour un seul fait d’arme, « Loveless », le temps de nous faire prendre conscience que les décibels pouvaient se vivre comme une décharge. Écouter la musique comme franchir le mur du son, voilà ce que fréquenter Kevin Shields nous a appris. C’était nouveau et ça nous a donné, pour la première fois et même avant Nirvana, envie de trouer nos jeans.

Maintenant. Pour Kevin Shields, rien n’a changé. Rien, mais alors rien de rien. Nous, on n’a pas écouté My Bloody Valentine depuis longtemps. Nos jeans sont troués depuis longtemps. Et lui, il est sourd depuis longtemps. En début d’année, à la surprise générale, il avait redonné signe de vie (« M B V ») et proposé de nous revoir. Alors on ne va pas vous cacher que c’était de drôles de retrouvailles : on n’a pas vraiment vu son visage et à peine entendu sa voix. Par contre, on a entendu sa guitare. Mais comme on ne le connait que pour ça, ça ne nous a pas dérangés. Après tout, on ne demande pas à un vieil oncle de parler autre chose que de foot lors des repas de famille. On ne s’est jamais rien raconté d’autre d’intéressant.

Dexter Holland – The Offspring

A l’époque. Au collège, c’était le mec cool. Impossible de te faire inviter à la moindre soirée si ce Dexter ne t’a pas à la bonne. Pourtant, au fond de toi, tu sais que ce type n’est pas à la hauteur et ne vaut même pas ta collection Panini. Mais tu suivais la masse. Parce que même si cela chagrine ton esprit vaniteux, tu faisais partie de cette masse. Alors tes premières cuites, tu les a prises, comme tout le monde, autour des mêmes vannes (« Smash » en 1994).

Maintenant. Dès la fin du lycée, les mouches avaient changé d’âne. Dexter Holland, devenu has been, avait choisi son camp et traîné avec une ribambelle de gens peu recommandables. Mais comme tu ne renies jamais tes anciennes fréquentations, tu l’avais revu à la Fête de l’Huma en 2005. Pendant une heure, ce fut un aller simple vers l’enfer : vous n’aviez rien plus rien en commun, c’était pathétique. Huit ans plus tard, on se revoit au Cabaret Vert. Il a meilleure mine. Déjà parce que cette fois, il fait des efforts et qu’il a l’air content de te revoir. Même si tu sais qu’il fera désormais toujours semblant. Comme toi.

Mouss – Mass Hysteria

A l’époque. Le baggy, les vans, les premiers headbangings, les piercings. Tout ça, c’est en partie grâce à Mouss et ses potes. Un irréductible et à l’époque, pour nous, une musique radicale. Oui, vous avez le droit de vous foutre de notre gueule. C’était il y a quinze ans, il y a prescription.

Maintenant. Après un passage à vide et des envolées mélodiques sincères mais parfois ratées, le Mouss est revenu à l’essentiel lors d’un moment qu’on n’oubliera pas. C’était sur une plage des Eurocks réduit à l’état de nuage de sable. « Est-ce que les furieux et les furieuses sont là ? ». Oui, quand tu te présentes à eux comme ça mon cher Mouss, ils sont toujours là.

Skin – Skunk Anansie

Il faut toujours quelqu’un à qui tu mets un vent. Ce sera pour elle. Pourtant, elle est toujours aussi aguicheuse (même avec des cheveux). On l’a volontairement zappé, on avait rendez-vous à la même heure avec d’autres vieux amis : Neurosis.

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