Plongée dans l’initiative solidaire du Festival Je Reste à La Maison

Alors que Médiapart confirme dans une enquête sortie le 2 avril, ce que tout le monde savait déjà, à savoir que le président (la jambe encore trempée par le dernier tweet de Manuel Valls) et sa cour des miracles ont tenté de nous mettre une belle soupape quant à leur gestion de la question des masques et plus largement de la crise, des initiatives culturo-solidaires se mettent en place pour tenter de pallier à leurs manquements et nous faire redescendre d’un cran.

C’est le cas notamment du Festival Je Reste à la Maison, qui se tient du 1er au 4 avril en partenariat avec le Secours Populaire, qui en 2019 a accueilli 3 millions de personnes et fourni une aide alimentaire à 1,7 millions. Oxmo Puccino, Petit Prince, PuppetMastaz, Yuksek, Yael Naim, Silmarils, Sônge… en tout 95 artistes se sont mobilisés pour apporter leur pierre à un édifice social de plus en plus branlant et affaibli par la loi d’urgence sanitaire. Le Conseil d’Etat venant d’ailleurs d’être saisi par quatre associations, jugeant les dispositions légales censées protéger les plus démunis inexistantes dans ce texte. Alors, comme de toute façon, on ne peut plus se taper des restos à deux cent balles pour deux (sans le vin) en devisant sur l’insanité récurrente des propos de Gérald Darmanin, autant lâcher un PayPal pour ceux qui bougent, pas pour ceux qui se chient dessus.

Le 17 mars dernier, le Secours Populaire a lancé un appel aux dons afin de réunir quelques dix millions d’euros nécessaires au maintien du bon fonctionnement de ses 1300 antennes françaises gérer par désormais environ 25% des effectifs habituels, soit environ 20000 bénévoles. « Si je me base sur la Fédération du Rhône, qui compte 1800 bénévole, il y en a à peu près un bon quart aujourd’hui qui continue de venir. Non pas parce que les 75% sont tous des gens âgés mais parce que qu’il y a un certain nombre d’activités qui sont arrêtées. Il y a près de 150 étudiants qui vont aux domiciles d’enfants pour faire de l’accompagnement scolaire et bien ils ne peuvent plus faire de bénévolat par exemple », précise Sébastien Thollot, secrétaire national du Secours Populaire.

Au même moment, Louis Favre (directeur associé de Tradespotting), voit passer sur Instagram un projet solidaire à l’initiative d’un pote artiste portugais regroupant des artistes et se dit qu’il faut absolument faire ça en France. « Le lendemain matin, je prépare un mail et je demande qui serait partant dans le projet. Je balance ma bouteille à la mer et je me prend une grosse vague de mails en retour de gens qui me disent qu’il faut absolument qu’on fasse ça, on est là pour relayer… Le surlendemain, on constitue un noyau dur avec Pauline Le Tallec (indépendante-La Cadence), Rémy Bascour (ex-Stéréolux), Valentin Beauvineau (Clack), Perrine Chevalon (A Gauche de la Lune), Guillaume Mangier (De la neige en été), Patricia Teglia (attachée de presse indépendante) et chacun embarque des gens ! »

Depuis, c’est une trentaine de professionnels du secteur qui bossent chaque jour sur l’évènement pour proposer une programmation éclectique, des créneaux horaires pour les enfants et une approche de festival où tu viens pour un(e) artiste et tu te fais happer par un(e) autre si tes gosses ne t’ont pas encore fait vomir tes tympans! « Après, on s’est dit qu’il fallait qu’on ait une action solidaire et on a pensé au Secours Populaire. On s’appelle Je Reste à la Maison mais encore faut-il avoir un toit et vu leur action auprès des sans-abris, c’était une évidence de le faire avec eux. C’est encore plus dans ces moments où on est chez nous, à se regarder le nombril, qu’on doit penser aux autres et donner. Ce que j’aimais bien quand j’ai eu les gens du Secours Populaire, c’est que les dons vont être géolocalisés investis dans la région du donateur. Je trouve ça hyper bien que d’avoir cette réflexion là », explique Louis.

Pour l’instant, l’appel aux dons du 17 mars, a été entendu par les particuliers, les entreprises mais à part quelques encouragements, l’annonce d’hypothétiques mesures, Sébastien Thollot note l’absence de soutien financier de la part de l’État qui se contente de lancer une plateforme pour recenser les bénévoles. « Une plateforme, c’est demander à d’autres de payer, nous on veut un soutien de l’État sur une activité qui est vitale pour le Secours Populaire. L’année dernière, il a accueilli, 1,7 millions personnes. Il y a 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté. Il y a un décalage là !  En situation de crise, comme à tout moment, on veut bien prendre notre part mais il faut que les collectivités locales et l’État prennent la leur !» On a beau dire, vider une piscine avec une éponge gorgée d’eau c’est comme présenter Muriel Pénicaud à un concours d’éloquence, c’est compliqué.

Obligés d’adapter leur mode de fonctionnement, les bénévoles ne peuvent être que pessimistes quant à l’avenir et au sort des plus démunis. Mais malgré ce manque de soutien et de matériel, ils multiplient maraudes, distribution de colis, actions pour maintenir du lien social avec les plus isolés, aides à l’obtention de l’attestation de sortie et d’internet pour les mineurs étrangers qui commençaient à voir un peu de lumière grâce à une scolarisation récente… « Depuis le début de la semaine, on a réceptionné des gants et un petit peu de gel hydroalcoolique. Chaque département essaie de se débrouiller. La question des masques, c’est zéro! Chacun trouve une solution pour les faire soi-même mais on est loin de ceux préconisés dont on ne voit absolument pas la couleur » ajoute Sébastien Thollot qui précise aussi qu’ils sont en train d’attaquer les stocks de nourriture qui devaient à l’origine tenir jusqu’à la fin de l’été. « Sur mon département, on voit que les dons sur internet, sur cette semaine, ont beaucoup augmenté. Ça nous rassure un petit peu sur le plan financier et moral. Après, on ne sait pas combien de temps ça va durer ! »

Avec l’annulation de nombreux festivals printaniers et estivaux, se pose aussi la question pour le Secours Populaire de son relais et ancrage dans le tissu socioculturel local. Partenaire de nombreux événements comme par exemple les Nuits Sonores à Lyon, sur lesquelles il avait prévu une brocante, le Secours Populaire voit aussi l’air se raréfier de ce côté là tandis que le nombre de personnes accueillies dans les différentes fédérations augmentent fortement. D’où le caractère essentiel de ce type d’événements. « Avec le post d’annonce du festival, on a dû toucher environ 700000 personnes ! Aujourd’hui, c’est une centaine de pages Facebook de festivals, de salles de concert… qui nous suivent et qui repartagent le festival » précise Louis.

Alors, en attendant de connaître le nombre total de victimes et de redresser le pays à coups de levrettes sans huile dans le Code du Travail (peut-être que le gouvernement est en train de se fabriquer des masques avec les pages manquantes, on ne sait pas) full support aux initiatives comme Je Reste à la Maison, au Secours Populaire, aux personnels de santé et à toutes les personnes qui rament dans le même sens !

Pour faire un don, c’est ici. Pour l’événement Facebook, c’est là. Et pour les pépites photo publiées par les festivaliers, c’est juste en-dessous.