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Étienne Jaumet nous parle de « The John Cage Project »

Étienne Jaumet a de nombreux projets : en collaboration, en tant que membre de Zombie Zombie, en DJ, etc. L’homme-saxo qui fait le bonheur de notre scène française nous a parlé d’un projet moins connu dans nos sphères musiques-actuelles : The John Cage Project. Il y a 2 ans, l’équipe du Cabaret Contemporain (qui revisite autant l’oeuvre de Kraftwerk que celle de Terry Riley ou de Moondog) l’a invité à se joindre à elle. Il a bien voulu répondre à nos questions, aux vingt ans de la mort et au centenaire de la naissance de John Cage.

Le Cabaret Contemporain travaille avec toi sur John Cage. Leur but est–il de vulgariser (dans le bon sens du terme) l’histoire des musiques expérimentale, minimaliste, électronique ?

Il y a 2 ans, ils sont venus me voir afin de me demander de collaborer avec eux. Ça m’a fait un peu peur, il faut l’avouer… J’écoute pas mal de musique dite “contemporaine”, mais de là à en jouer, j’étais dubitatif. Eux de leur côté, ils voulaient sortir de leur carcan d’interprètes de musique contemporaine et m’ont demandé si je voulais collaborer avec eux pour revisiter John Cage. J’ai accepté car j’ai toujours considéré que cette musique est ouverte à des interprétations extérieures. Je pense que leur but n’est pas vraiment de la vulgariser, mais surtout de la sortir de son statut de musique savante pour mélomane vieillissant. Ils n’ont pas peur de maltraiter ces faussement saintes écritures, afin de se les approprier et d’en faire quelque chose qui leur ressemble.

Que penses-tu de leur démarche ? Est-elle nécessaire ?

Leur démarche est saine mais bouscule un peu les défenseurs du genre.

A quoi ressemble le John Cage Project en live ?

Et bien, chaque musicien utilise son instrument de prédilection sans tenir compte de l’instrumentation indiquée sur la partition – il n’y en a pas toujours de toute façon avec John Cage. Donc, à partir de là, difficile de suivre tout ce qui est écrit ! On a préféré se concentrer sur des petites parties stimulantes, développer un langage commun, un son de groupe.

Tu connais les travaux de John Cage depuis combien de temps ?

J’ai commencé à écouter John Cage après le Bac quand j’étais étudiant. J’étais inscrit à la médiathèque et j’ai pu avoir accès à tout ce qui m’intéressait, de près ou de loin, tout style confondu – Internet n’existait pas encore.

Est ce que la philosophie de John Cage a influencé ta musique ?

C’est difficile de dire si sa musique a contribué plus qu’une autre à faire ce que je suis devenu aujourd’hui. En tout cas, en l’écoutant je me suis aperçu que la musique contemporaine pouvait être ludique et accessible, sans être élitiste. Son approche iconoclaste à beaucoup contribué à m’intéresser à la musique dit savante, contemporaine. Je pense en vérité que c’est un artiste populaire accessible au plus grand nombre.

Quel est selon toi la chose que John Cage ait proposé de plus révolutionnaire ?

Ce que j’aime chez lui c’est qu’il se s’est pas reposé sur une seule proposition révolutionnaire. C’est comme si il voulait surprendre à chaque fois. Évidemment Le Piano Préparé est emblématique de son oeuvre. Dans le Cabaret Contemporain, tous les musiciens s’amusent à détourner leurs instruments et les préparer comme lui  a pu le faire avec le piano.

Actuellement, quels sont les artistes qui ont une démarche aussi radicale que Cage ?

Je ne sais pas si il a une approche particulièrement radicale, je dirais plus qu’il se moque de faire quelque chose dans les normes. Son but n’est pas de choquer, mais de s’amuser. Dans ce sens, avec la crise profonde des ventes de disques, l’approche des musiciens sur leurs compositions est en pleine en évolution : soit pour le pire en se repliant sur les recettes qui ont déjà fait leurs preuves, soit au contraire pour le meilleur, en se décomplexant et en se focalisant sur le plaisir. Parfois, le résultat revient au même, mais la pression de la réussite diminue car il y a de moins en moins de possibilités de réussir. Aujourd’hui, il y a beaucoup de déchets dans la production mais aussi beaucoup de bonnes choses et plus de fun. Je me moque des artistes avec une vision radicale. Il n’y a que la bonne musique qui me surprenne !

Est-ce difficile aujourd’hui de casser les codes de la musique comme l’a fait Cage ?

Je n’arrête pas d’être surpris. Pas forcément par de nouveaux artistes, mais aussi par des rééditions ou de vieux enregistrements glanés de droite à gauche. Je dirais que c’est notre capacité d’émerveillement qui casse les codes car il y a toujours des artistes pour proposer de nouvelles choses. La difficulté aujourd’hui, c’est de les percevoir dans la masse d’information, et d’avoir le recul nécessaire sur le moment pour en apprécier la portée.

Quel est le plus bel hommage que l’on puisse rendre à John Cage ?

Je ne sais pas quel hommage lui conviendrait le mieux. Une salle de concert à son nom ou un aéroport, pourquoi pas !

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