Cela fait des années qu’on cherchait frénétiquement la rave la plus folle de cette planète. Ou plutôt, le spot le plus incroyable pour danser jusqu’à l’épuisement. Et puis le nom de « Son Dong » est arrivé à nos oreilles. Il existerait une grotte gigantesque, du côté du parc de Phon Nha-Ke Ban, au Vietnam, qui abriterait une rave éternelle. On a bouclé notre sac à dos en quelques minutes direction l’Asie du sud est. Passez nous voir, on y est toujours, personne n’a prévu de siffler un jour la fin de l’after.
Ceci est une fiction, le premier épisode est ici, le second là.
Dire qu’on a failli tomber à la renverse du haut de notre stalagmite est un euphémisme. L’effet du carbonate de calcium commençait à se faire ressentir et à anesthésier le bout de nos phalanges. Le spectacle était grandiose. Là dans la Grande Clairière, dans une profusion de couleurs éclatantes, la rave éternelle nous ouvrait enfin ses bras.
Par où commencer ? Peut-être par ce gigantesque paon de plusieurs mètres de haut qui déambule au milieu de cette foule extatique. On se regarde, semi-inquiets : ce truc est-il réel ? Derrière nous, la petite voix de San Proper dissipe nos doutes. « Oui, il est bien en chair et en plumes. Ou plutôt elle, c’est une femelle. On l’a trouvée là, terrée dans une cavité au fond de Son Dong, à notre arrivée. Dès que les premiers kicks ont résonné dans la grotte, elle a ouvert les yeux et s’est mise à parader. Elle danse depuis trois ans au milieu des raveurs. On l’a appelée The Queen, tout simplement ».
Légers comme des plumes, nous avançons dans les herbes hautes. Le son est acide. Track ID please ? San Proper nous a faussé compagnie, on le voit en train de sautiller un peu plus loin. « Vous avez de la chance mes petits lémuriens, vous arrivez à Son Dong pendant que Sonja joue ce fabuleux morceau d’Amnesia ». Dans un large sourire, Portable aka Bodycode vient de nous rafraîchir la mémoire. « Vous voulez une petite douceur ? Lait de chauve-souris de la grotte mélangé avec du saké fabriqué par un petit exploitant qui habite pas loin d’ici. Prenez ça, et suivez moi, on va aller danser, je crois qu’il est temps ».
On décide de se caler sur la gauche du paon, légèrement devant, pour se retrouver facilement, car on devine déjà que chacun d’entre nous va bientôt vaquer à des occupations toutes plus saugrenues les unes que les autres. On tâte nos poches, pleines de petits cailloux, en se demandant quels effets aura cet élixir sur nos petits corps d’ici quelques jours. Devant nous, Sonja Moonear, queue de cheval au vent et pommettes pailletées, lance des petits regards à la foule. Nous ne sommes pas si nombreux, peut-être deux ou trois mille au maximum, sans compter ceux partis faire un petit roupillon. Ici, pas besoin de décoration, Son Dong s’est chargée de tout depuis plusieurs millénaires.
A peine le temps de regarder la voûte céleste qui nous abrite que quelque chose me gratte le mollet. Juste le temps de voir un petit singe se carapater, laissant un petit paquet devant moi, au sol. « C’est le cadeau de bienvenue, nous confie Portable dans un clin d’oeil. Quelques baies d’Açaï qui poussent dans la grotte, et aussi en Amazonie. C’est très vitalisant ». Pas le temps d’ingérer cette nouvelle substance magique ; un drôle hurluberlu nous projète au sol. « C’est le fils caché de Lenny Dee et Helena Hauff, il est un peu plus excité que les autres, il adore traverser la grotte accroché à sa gigantesque liane en hurlant, puis il disparaît quelques jours ».
On décide d’aller faire un petit tour aux abords de la clairière, il paraît que plusieurs petites alcôves valent le détour. Portable nous explique que chacune d’entre elle possède son propre thème. Il nous conseille celle tenue par l’équipe du Sysiphos, l’une des meilleures, où coulerait une source naturelle de miel et où mixerait un vieux DJ vietnamien aux cheveux longs, qui aurait inventé la micro-house, et dont les premières cassettes auraient été volées par le crew [a:rpia:r]. « Mais attention, les derniers boyaux de la grotte sont un peu chelous, prévient Portable. Dans l’un est enfermé Ten Walls, on a invité Georges Issakidis qui essaie de lui changer un peu les idées et de lui ouvrir les chacras. Dans le dernier, Liza N’Eliaz, qui est une bonne amie du paon, propose une masterclass pour apprendre à mixer à 20bpm. Elle est programmée dans 5 ans pour le closing du premier chapitre de notre rave éternelle ».
A suivre : épisode 4 (le dernier) la semaine prochaine.
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