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En périphérie de Bruxelles, faites une contre-soirée dans La Cabane

Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Max, Fred, Julian, les trois mecs derrière le collectif bruxellois Play Label Records, et Thomas, le petit dernier de la bande, ont enfin trouvé le leur : il s’appelle La Cabane et comptent bien en faire le nouveau spot micro-clubbing en périphérie bruxelloise.

Depuis dix ans, Play Label Records fait danser les Bruxellois·es au rythme de la house dans des endroits atypiques : laverie, tunnel, rooftop d’un bowling ou un open-air annuel sur la Place Poelaert, un énorme parvis qui surplombe la ville et offre un panorama époustouflant. En 2014, il lance une plateforme musicale et signe des artistes locaux·locales et des musicien·ne·s étrangers·ères. Et aujourd’hui, une nouvelle corde s’ajoute à son arc : la création d’une boîte de nuit, La Cabane. Un endroit hybride rassemblant la passion de ses membres pour la musique, un bar à cocktails et un super dancefloor. Ciao la vie de nomade, bonjour la sédentarité.

Homemade club

Si ce nom ne vous dit encore rien, La Cabane évoque certainement des souvenirs lointains. Enfantins. Qui n’a jamais passé un après-midi en forêt à amasser les branches de bois ou n’a pas retourné son salon pour en faire une cabane ? Ici, c’est pareil : l’équipe a entièrement bâti son lieu, comme des grands. Julian Leclerq, un des fondateurs du label et du club, raconte : « On a recyclé un max les câbles et les tuyaux trouvés dans le sol. On a récupéré tout le bois de chênes et de pins qu’on a ensuite placé. On a mis tous les matériaux au mur, on a tout peint. La base de cet endroit, c’est qu’on a, en grande partie, tout construit nous-mêmes. Nous et beaucoup d’amis. »

Cet endroit, ils l’ont cherché. Après des fouilles intenses sur internet à la recherche de lieux isolés ou abandonnés, ils dégotent finalement cet endroit insolite. Ils visitent une première fois, reviennent et s’imaginent le potentiel. Ils travaillent d’arrache-pied et ouvrent le club après trois mois. Le week-end du 12-13 avril est celui de leur ouverture. Les invités sont Marcel Vogel et Raphael Top-Secret en guests : « C’était une priorité pour nous, explique Julian. Les Bruxellois·es devaient découvrir le club avant la saison des festivals et des vacances. »

AVANT

avant cabane

APRÈS

après acabane

© La Cabane

Lumière SOUS-BOIS, son en quadriphonie

Le club est aussi un bar où on prend l’apéro à 18h et où on danse une fois la nuit tombée. « On a une grande terrasse où on sert de super bons cocktails, commente Julian. Et le toit de cette terrasse est 100% rétractable, ce qui nous permet d’ouvrir un espace de 100 m², lui-même ouvert sur tout l’espace bar. On peut écouter de la bonne musique, des artistes peuvent improviser des sets. » En plus du bar, Julian et son équipe ont lancé « Radio Cabane », une radio libre, en streaming, qui n’a pas encore d’horaires réguliers. Les guests font une session et les organisateurs la mettent ensuite en ligne.

L’agencement de l’espace rappelle celui d’un salon, le DJ-booth celui d’une chambre. Il est grand et résistant, construit en béton armé avec une double couche de granit en-dessous pour que tout le monde puisse sauter et que rien ne bouge. Derrière le·la DJ, une bibliothèque vintage rappelle les nineties (vieille télé, vieille radio) et est remplie de vinyles disco et funk dans laquelle il n’y a plus qu’à piocher. Le système sonore, produit par une marque finlandaise, offre un son de qualité en quadriphonie. Avec des enceintes à l’avant et à l’arrière, les clubbers et clubbeuses sont comme enfermé·e·s dans une bulle.

Pour du micro-clubbing, les qualités sonore et lumineuse doivent primer. Le plus hallucinant reste les lumières sur le dancefloor. Une installation appelée SOUS-BOIS, créée par Matière Noire et AC3 Studio, des studios parisiens qui travaillent sur l’impact de la lumière, dans le milieu noctambule également. Sur leur page Facebook, Matière noire explique : « Avec SOUS-BOIS nous avons fait le choix radical de recouvrir l’ensemble du club de lamelles de chêne, chacune d’elle sert de surface de réflexion. Le bois révèle la lumière et offre ainsi un large tableau atmosphérique et abstrait. » Julian poursuit : « On voulait une installation avec de la lumière indirecte qui soit vraiment impressionnante, pas des lumières classiques de club mais une vraie œuvre d’art au plafond. » Le damier lumineux habituellement au sol se retrouve au-dessus des têtes. Le résultat est bluffant : des lattes en bois illuminées se dégage une impression de mouvement, de quoi rester hypnotisé·e·s des heures durant.

cabanee

© La Cabane

« On adore quand un·e artiste fait une all night long et qu’ il·elle peut raconter son histoire du début à la fin »

La programmation des soirées s’est faite de façon assez naturelle, en restant calé sur leur ligne depuis deux, trois ans déjà : les sources de la house de Chicago à Détroit, en passant par le mouvement européen, sans se restreindre non plus. « On a des artistes en tête depuis longtemps, développe Julian. Et ils·elles varient dans la musique proposée : de la musique plus organique avec des sonorités acoustiques et des références au jazz, à la funk et la soul et d’autres un peu plus cosmiques avec une sélection plus dark. » Le but est de laisser le temps à l’artiste de s’exprimer. Les sets s’étendent souvent au-delà de deux heures. « Il y a eu une mode où on voyait énormément de DJs sur une affiche, pour attirer un maximum de monde, poursuit Julian. Ici, l’idée, c’est complètement l’inverse. On présente un, deux, maximum trois artistes sur une soirée. On adore quand un·e artiste fait une all night long et qu’il·elle peut raconter son histoire du début à la fin. »

Les artistes booké·e·s à La Cabane ne sont pas considéré·e·s comme des têtes d’affiche de festivals, le club propose plutôt des découvertes : « On booke les artistes pour leur musique, pour les faire découvrir, parce qu’on est un endroit dont la capacité est de taille humaine et qu’on peut se le permettre aussi. » Ethyène, par exemple, venu le 19 avril, est typiquement le genre d’artistes dans l’esthétique défendue. Il y a bien sûr des artistes favori·te·s, que le crew rêverait de voir frôler leurs platines. Julian cite Palms Trax, Kerri Chandler ou encore Henry Wu (qui devrait probablement venir dans les prochains mois). Et comme tout bon club qui se respecte, il a ses résidents : « Certains nous suivent depuis longtemps comme Bendrik. C’est un peu le résident emblématique du club. Il y a aussi Max Telaer, qui a rejoint l’équipe l’année passée, et Toolate Groove qui est tout nouveau. » Ceux-ci donnent le tempo : on les retrouve les vendredis et veilles de jour férié, lors des soirées Club Cabane. Les samedis soirs, ils s’associent à d’autres collectifs ou festivals comme le 1er juin où ils accueilleront DJ Dustin, du label allemand Giegling, en collaboration avec le festival Paradise City.

En parallèle de leurs soirées, on retrouve les artistes interviewé·e·s dans une capsule vidéo appelée « Dans le bac ». Chacun·e y donne ses pépites et coups de cœur, et décrit sa cabane à lui. Ça permet d’avoir un deuxième contact avec l’artiste une fois qu’il·elle est passé·e. Raphael Top-Secret et DJ Fett Burger sont les premiers à s’être prêtés au jeu. On a inversé les rôles et on a demandé à Julian ce qu’il y avait dans son bac. Il nous a donné trois morceaux : Kamaal Williams – Rhythm Commission, à écouter pour préparer une soirée ; Gil Scott-Heron & Brian Jackson – Angola, Louisiana quand il se réveille le lendemain ; et Robby & Stupid Flash – Cheese parce que c’est la dernière chanson sortie sur Play Label Records.

« On souhaite devenir une référence à Bruxelles, en Belgique, en Europe aussi »

« Dans dix ans, on sera encore là, rigole Julian. On tient vraiment à cet endroit. On n’a pas construit tout ça pour rien. On est clairement admiratifs des 25 ans du Fuse et même du parcours du C12 depuis qu’ils ont ouvert. Pour notre part, on va le faire à notre aise. On n’est pas pressés mais on souhaite que ça devienne une référence à Bruxelles, en Belgique, en Europe aussi. » A terme, La Cabane espère faire partie de la cour des grands clubs bruxellois. Les boîtes de nuit manquent à Bruxelles et nombreuses ont déjà mis la clé sous la porte. Julian conclut : « Un espace micro-clubbing où tu te retrouves aussi bien en bar qu’en club, où tu peux aussi bien rester toute la soirée sur la terrasse à fumer, que dans le club à danser, où tu rencontres des gens, c’est vraiment ce qui nous manquait. Voilà pourquoi on a décidé de se jeter à l’eau. »

 

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1 commentaire

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Christine 24.05.2019

Top article Bravo Zo!! Ça donne vraiment envie de découvrir le lieu en live.

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