Le rock, un truc uniquement sérieux ? Ce raisonnement un peu étroit est largement répandu. Ça valait le coup d’en parler avec les Fatals Picards, qui font le pari inverse depuis dix ans.
Quand un groupe de rock fait de l’humour, il passe automatiquement dans la catégorie des ringards et des gros lourds…
Ça nous poursuit depuis le début. Rien qu’en s’appelant les Fatals Picards, on a tout de suite été taxés de régionalisme, alors que nous ne sommes même pas picards ! Nous avons été associés à des ringards qui font de la chanson drôle. En France, on n’a pas le droit de faire du rock et de l’humour en même temps. Si en plus tes chansons sont un peu engagées, ça devient super compliqué à gérer. C’est valable pour certaines salles de spectacle, qui rechignent à nous accueillir, c’est encore pire de la part des médias, notamment France Inter, RTL ou Les Inrocks… Sans compter qu’on a eu le sacrilège de participer à l’Eurovision.
D’abord très loufoque, l’humour de vos chansons est devenu un peu plus triste…
Avant, notre humour était plus facile. Avec le dernier album, nous avons essayé d’explorer des formes différentes. Quel que soit le thème que l’on aborde, on le fait sous l’angle de l’humour. Si on n’y parvient pas, on laisse tomber la chanson.
La chanson « Oublie » parle d’une fille violée à qui on conseille de passer à autre chose. Vous êtes allés trop loin dans l’humour ?
Non, jamais. En revanche, on n’a pas assez expliqué cette chanson. Prise au premier degré, elle est dramatique. Nous ne l’avons jouée qu’une seule fois sur scène. Ça a été tellement raide qu’Ivan (ancien chanteur et auteur du titre en question, ndlr) n’a jamais voulu qu’on la rejoue.
Parfois, ne faudrait-il pas être un peu plus cinglant pour mieux appuyer vos propos ?
Oui, sauf que parfois on se fait sabrer. « Le jour de la mort de Johnny », ce n’était pas méchant, mais nous nous sommes heurtés à un mur. Et notre parodie des Enfoirés nous a valu des tirs de barrage de la part de plusieurs artistes.
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