On a souvent parlé d’Antoine Husson aka Electric Rescue, que ce soit pour la quantité d’EPs qu’il a sorti, pour la qualité des artistes qu’il a découvert ou pour le bon esprit des soirées qu’il organise. Le temps de l’album est venu pour le Français dont la maturité ne faisait pas de doute. « Sonic Architecture » est une pierre de plus, posée sur l’édifice de l’histoire électronique française, elle relie le public et la musique aux lieux qui les ont accueillis.
Electric Rescue est tombé dans l’electro dans les années 80. En plein dans la rave. La passion qu’il voue au milieu le pousse très vite à s’investir : il commence le mix dans les années 90, devient résident du Rex Club et du festival Astropolis, soutenu de près par Laurent Garnier qui voit en lui un frère d’armes de la défense de la rave. Il sort des maxis chez des prestigieux labels (Cocoon, Ideal Audio, Traum…) et sur le sien, Skryptöm. En complément de ses compétences de DJ, il est un découvreur de talent hors pair : il sort entre autres de l’ombre Julian Jeweil, Maxime Dangles et Traumer. En parallèle, il organise les soirées PLAY, respectueuses sur les prix, ingénieuses sur les lieux et adorées de son public. Notre interview vidéo d’Electric Rescue sur l’esprit « rave » est ici.
Autant dire qu’on l’attendait cet album.
Pour ce premier long format, le Français a misé sur l’éclectisme et la variation d’ambiances. Ceux qui s’attendaient à un disque uniquement tourné club seront déçus, mais ça n’était pas le but. L’album se déroule comme une succession de titres techno très rythmés et d’autres electronica mentaux. Les morceaux de début et de fin ne sont autres que deux versions de ses plus gros tubes de ces dernières années : Dope et Lili.
Dope est sorti sur le label de son pote Maxime Dangles jusqu’à ce que les douces sonorités traversent la Manche et arrivent à la jolie cochlée du producteur John Digweed (Bedrock Records). Ce dernier déclare alors qu’il aimerait bien avoir ce genre de tracks sur son label. Si tôt dit, si tôt fait, le morceau sort sur Bedrock et donne la voie à l’album. Lili, quant à lui, est un morceau pour sa compagne (trop mignon).
Lors d’une interview pour le site de la FFC, Electric Rescue confie : « l’album, c’est plus la Défense que le Marais ! Je pense aux constructions de Jean Nouvel, comme le musée du Quai Branly ou l’Institut du Monde Arabe, avec plein de fenêtres. Ou sinon les constructions de Richard Meïer mais avec plus de couleurs ». Cette réunion entre le lieu et la musique est autant un objet d’art qu’une recherche du rôle social de l’architecture. Cet album relie les gens à leur environnement. Les morceaux de « Sonic Architecture » sont tous ces endroits dont l’apparence peut sembler brute mais qui débordent de nuances.
« Sonic Architecture » contemple la rave depuis vingt ans et nous sourit encore.
Un titre sur deux est club, l’autre mental. Il ajoute de la couleur à la techno, de la chaleur aux entrepôts et fait participer le Gran Cavaliere à la voix sur quatre titres. On retiendra le désarticulé Unfinished Memories, le morceau qui ravira les danseurs, Silky, et bien entendu l’intro et la fin Dope et Lili. Bref, jetez-vous dessus.
Lorsque l’on a googlisé Sonic Architecture, on est tombé sur le Sonic Architecture Research Center, une structure spécialisée dans la Création de bâtiments-instruments de musique et de scénophonies. Ça ressemble à une organisation secrète pas très nette qui veut dominer le monde avec des ambiances sonores et des mises en scènes phoniques.
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