En marge de l’Eurosonic, véritable messe européenne des professionnels de la musique, se déroule chaque année la cérémonie des EBBA, European Border Breakers Award. Lancés par la Commission européenne en 2004, ces prix récompensent dix artistes ou groupes émergents qui ont trouvé un public en dehors de leur pays grâce à leur premier album. Tantôt kitsch, tantôt touchant, la cérémonie aura au moins eu le mérite de mettre à jour la vision des institutions européennes concernant les musiques actuelles sur le continent.
L’Eurosonic rassemble la crème des musiques actu européennes, notamment du côté des programmateurs, labels et tourneurs. C’est là notamment que se construisent les programmations des prochains mois des festivals et des salles européens. La commission européenne a donc été bien inspirée de choisir cet événement pour lancer en 2004 sa cérémonie, sorte de concurrent de l’Eurovision.
Parmi les lauréats précédents, il y a vraiment à boire et à manger : Damien Rice, Woodkid, Todd Terje, C2C, Anna Calvi, Lykke Li ou encore Stromae. Mais aussi Adele, Zaz ou Indila. Cette année, les lauréats étaient :
Oscar and the Wolf (Belgique)
Robin Schulz (Allemagne)
Soak (Irlande)
Carnival Youth (Lettonie)
Kovacs (Pays-Bas)
Aurora (Norvège)
Alvaro Soler (Espagne)
Seinabo Sey (Suède)
Christine and the Queens (France)
Years & Years (Royaume Unis)
Là encore, à boire et à manger. On notera que trois des dix groupes lauréats n’ont pas fait le déplacement : Christine and the Queens, Robin Schulz et Years & Years . Soit sûrement les trois groupes les plus connus de la sélection. Et accessoirement les groupes représentant les trois pays les plus peuplés de l’Union Européenne.
L’édition 2016 était présentée par le pianiste et animateur de télévision anglais Jools Holland. Présentation à l’ancienne mais dynamique et parfois même assez drôle. Une présentation en tout cas beaucoup moins kitsch que les vidéos balancées juste après la prestation des sept groupes présents à la cérémonie : des images où l’on voyait les artistes marcher dans les rues de leur capitale, dans des endroits on ne peut plus clichés et « carte postale ».
Le Néerlandais Frans Timmermans, premier Vice-Président de la commission européenne, avait fait le déplacement pour assister à la cérémonie et remettre le prix du public. Au-delà du discours très consensuel sur la puissance de la culture et son rôle pour l’ouverture et la compréhension mutuelle, on a été touché par son hommage à David Bowie. Un hommage très personnel en forme de témoignage de ce qu’a représenté l’artiste anglais dans la jeunesse de cet homme politique d’apparence austère. L’hommage à Bowie était d’autant plus fort que Groningen accueillait pendant le festival l’exposition « David Bowie is », après son passage à Londres, Berlin, Toronto, Chicago, Sao Paulo et Paris. Dommage en revanche que l’organisation ait fait le choix de terminer la cérémonie par une reprise collective d’une chanson des Beatles.
Au niveau artistique, la soirée aura elle aussi alterné entre le bon et le très moyen. Heureusement pour nous, le très moyen eut lieu plutôt en début de soirée, avec notamment la prestation des Espagnols d’Alvaro Soler et leur musique fade et faussement chaleureuse, formatée pour être le tube de l’été de TF1. On préfère retenir les performances d’artistes que l’on connaissait déjà mais qui ont confirmé tout le bien qu’on pouvait penser d’eux : l’envoûtante Norvégienne Aurora, La classe folle de la soul teintée de R’n’B de Seinabo Sey ou encore l’indie pop des Belges d’Oscar and the Wolf.
Le prix du public a pour sa part finalement été remporté par le groupe Carnival Youth, premier artiste letton à faire partie des EBBA. Une jolie découverte pour une grande partie des professionnels présents à la cérémonie. Et leur prestation en live a apporté une dimension encore plus intéressante.
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