Même pour un festivalier averti, une virée à Dour s’apparente toujours à un moment de bravoure. Un graal qui se conquiert quatre jours durant, de midi à cinq heures du matin. Soyons franc, votre modeste émissaire aux oreilles sourdes n’a pas la carrure de ces baroudeurs du riff, tapies dans le camping attenant au festival. A peine un samedi à arpenter la plaine de la machine à feu et puis s’en va. Pas d’envergure donc, mais au moins assez de mémoire pour vous compter son détour belge. Récit.
Comme dans tous les grands films, commençons par un bon générique. Dans celui de la « Petite maison dans la prairie », la pauvre Carrie Ingalls finissait irrémédiablement par se péter la tronche. Aucun risque d’une telle mésaventure pour les anglais de 65daysofstatic sous la scène Douriste baptisé du nom de la série. Attendue par la foule des grands soirs, la bande de Sheiffied marquera au fer rouge cette édition 2009 avec son post-rock-instrumental racé. Dès les premières notes, l’affaire prend aux tripes. Au son de ses classiques tel l’imparable « Retreat Retreat » ou des titres à paraître dans un nouvel album prévu pour août, 65daysofstatic livre une prestation hypnotique et éreintante. Sacré groupe, sacrée pagaille, sacré concert.
Plus tôt dans la journée, le festivalier pouvait décider de profiter d’un site intelligemment remodelé cette année ou de se presser aux premiers shows de l’après-midi. Avec notamment à l’affiche Chinese Man, Comeback Kid ou encore O’Death. Pas les derniers des peintres mais rien au final de vraiment convaincant sur scène. A l’exception d’Esser, jeune éphèbe londonien en lice pour le titre ô combien disputé de révélation du festival. L’univers du garçon est à placer quelque part entre Just Jack et The Streets. En dépit d’une foule clairsemée et d’un accent à couper son fish and chips au couteau, le set du britannique se révèle séduisant. Son tatouage de salamandre sous l’oreille beaucoup moins. Heureusement que rien n’oblige le fan à afficher le look de ses idoles.
Avec ou sans tatouage, le festival change lui de peau dès la tombée de la nuit. Désertant le camping, les amateurs d’électro déboulent alors par grappes entières sous les chapiteaux pour faire le plein de bpms. Un peuple qui ce samedi semblait bien décidé à célébrer ses nouveaux héros bordelais de Kap Bambino. Serrée dans sa robe aux airs de bannière étoilée, la blonde Khima France trépigne et rugit comme jamais tandis que les décibels frappent les parois de la Magic Tent. Les ravers en prennent pour leur grade. De notre côté, la virée à Dour s’achève par le maelstrom métal de Gojira. Programmés en clôture de la scène reggae (sic), les landais excelleront comme souvent. Un ultime coup de tonnerre dans la nuit belge. D’après les chiffres des organisateurs, nous étions près de 140 000 au cœur de la tempête cette année. Pourvu que ça Dour.
Brdr
Photo : Lucie Rozé
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