« Behind the trees, we’ll dance ». C’est un bout de phrase anodin, coincé dans le refrain de « Cy », titre qui ouvre The Story Of Alma, le dernier EP d’Alma Elste. C’est un bout de phrase anodin donc, une sorte d’haïku involontaire et innocent, qui nous a fait chavirer.
Coincé entre une ritournelle de piano et des cordes tendues, un bout de phrase qui renvoie à d’autres, qui convoque instantanément des souvenirs d’une vie amoureuse que l’on imaginait moins tumultueuse qu’elle ne le fut. Ce genre de choses se passent toujours de cette façon – moins bien que l’on ne souhaiterait.
Ce petit bout de phrase nous projette dans un monde fait d’humeurs et de sentiments. On s’imagine un amour à sens unique qui nous pousse dans nos retranchements ; un moment à fleur de peau où l’on ose un geste, une phrase, un mot en direction de l’être aimé – une intention banale qui demande en réalité un effort surhumain.
C’est dans le refrain de « Cy », titre-phare de l’EP que se cache cette phrase à tiroir qui nous a fait fondre. Le reste du disque n’est pas en reste. Sur un piano tantôt langoureux, tantôt élégiaque, Alma Este, d’une voix de tête voilée, déroule avec panache et beaucoup de douceur nos sentiments. Car ce ne sont plus les nôtres qui sont mis à nu dans ce court mais formidable exercice intimiste ; que l’on se reflète ou non dans les paroles de « Calm », « True » ou « Feelings », quelque chose nous atteint de toute façon.
Cinématographique et visuelle, sa musique l’est aussi. On imagine un court-métrage onirique de Michel Gondry, tourné à la caméra Super 8. Des images banales de scènes de vie ordinaire, emplie de couleurs saturées, d’un grain attachant et belles parce que simples. Loin d’être lugubres ou de tirer sur une corde sentimentale facilement atteinte en cette saison, The Story Of Alma illumine au contraire nos intérieurs en nous touchant, vraiment.
Alma Elste, The Story Of Alma : Cracki Records, sortie le 5.11.21
Photo en une : Alma Este © Tanguy Ginter
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