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Donnez-nous de l’Amour Formica

Un groupe qui communique à travers un Skyblog est soit resté bloqué dans une capsule cryogénisée, oubliée dans un coin, soit a quelque chose à nous dire sur sa façon de blaguer. Par chance, celui qui nous intéresse aujourd’hui est en plus capable de créer une pop admirable. Autant de raisons pour ne pas s’asseoir sur Amour Formica, un duo d’Amiens taillé pour votre cochlée.

Delphine Barthélemy et Erwan Choquenet sont Amour Formica. On doit l’heureuse rencontre, en 2018, de ces deux Amiénois à un concert d’Aquaserge qui n’a donc pas que la prétention de composer de la musique d’excellente facture mais aussi de jouer au conseiller créatif (matrimonial) ou l’entremise est de mise. Merci donc, si vous nous lisez. Après un rapide détail des points communs, le rock psyché et l’amour du kitsch en haut de la pile, les musiciens décident d’allier voix et synthés. Deux jours plus tard, une première chanson est composée. Elle se nomme « Joyeux anniversaire » et elle a tout d’une fête diablement triste. « Personne n’est venu à mon anniversaire » scande Delphine a tour de bras comme pour nous filer le cafard – ou rire jaune, c’est selon. Avec son comparse, la collab coule de source. Reste à trouver un nom aussi ringard que leur musique (mais qui a tout pour fonctionner, le duo est loin de jouer dans l’autodestruction). Amour Formica sera choisi en référence à une chanson sortie par Michel Sardou & Johnny Halliday en 1977. Combo gagnant, vous en conviendrez.

D’autres chansons suivront, mues par une bonne dose d’amitié. Avec « Musique d’ascenseur », Delphine se pose la question essentielle : « Est-ce qu’il y a déjà eu des gens décédés, bloqués dans l’ascenseur ? » et espère prendre ses jambes à son cou « dans la cage d’escalier, puis-je m’enfuir par le plafond comme dans les films d’actions ? » Dans « Pyromanie », même souci d’envergure : « Je regarde la grange brûler et les flammes qui dansent. C’est un magnifique spectacle mais je crois que j’ai fait une bêtise » et de prendre une décision finale « Je regarde la grange brûler et les flammes qui dansent. C’est un magnifique spectacle mais je dois m’en aller ». On ne peut s’empêcher d’y voir les questions existentielles et scientifiques d’une Brigitte Fontaine et d’un Areski. Dans « C’est normal » paru en 1973, les deux acolytes sont les personnages d’une explosion et de l’incendie de leur immeuble et ne cessent de débattre sur les raisons physiques qui les ont amenés à cette catastrophe, sans être particulièrement touchés par l’urgence. Et pour revenir au morceau d’Amour Formica, il y a aussi probablement un peu de la naïveté affirmée de La Femme, par endroits. Avec « Kabarett », Delphine nous sort son plus beau frallemand, rend hommage à ses inspirations Kraftwerk, Nina Hagen et Heimat, et l’on semble y voir l’ombre de Kompromat en ce début de décennie. Et si le EP 5 titres du groupe n’oublie pas d’enfoncer des portes ouvertes à dessein et avec humour, il est toujours de bon ton de rappeler que « La Bretagne ça vous gagne » et que « Saint-Tropez c’est surfait ».  Le disque s’appelle Arrêtez de Rigoler c’est pas Rigolo et est sorti le 18 octobre 2019.

Vous pouvez écoute l’album en numérique sur le Bandcamp du groupe. Il est également possible de retrouver Amour Fornica, en 2020, pour l’instant en dj set le 22 janvier à La Lune des Pirates, la SMAC d’Amiens qui accompagne comme il se doit ce chantier prometteur. Pour les concerts, on ne peut que vous conseiller de les suivre de près, le groupe prévient même qu’il bosse sur une scéno avec une table en Formica sur scène. A voir le 6 mars à La Lune, encore une fois. Inloupable donc.

Photo en une : David Martin Angor

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