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Le docu « Do It Together » pose la question : qu’est-ce que la musique indé ?

Mercredi dernier sur la péniche du Petit Bain à Paris, nos confrères de Mowno vous ont proposé une invitation à embarquer pour un tour du monde de la scène musicale indé avec la projection du documentaire Do It Together. Pour sa première diffusion en France, il interroge avec la centaine de musiciens rencontrés par l’équipe vidéo d’Amsterdam : qu’est-ce que la musique indépendante ? Voici un court compte-rendu des principaux thèmes évoqués.

Lorsque dans une conversation déboule le terme « musique indie », il n’est pas rare de vouloir gratter au-delà de cette étiquette nébuleuse, souvent fourre-tout. Et à chaque fois on y trouve les initiales « DIY ». À travers le film, on voit que le « Do It Yourself » tend peu à peu à être supplanté par un « Do It Together ». Ni l’un ni l’autre n’est le slogan d’une résignation mais celui d’un chemin, sinueux et infiniment moins lucratif qu’il y a 30 ans, qui amène les artistes à réinventer par eux-mêmes la manière de créer, produire et diffuser de la musique. Aujourd’hui, on ne fait pas de la musique comme un businessman qui vend son produit.

Les compositeurs, groupes, et petits labels qui témoignent s’en félicitent. Pour eux, on se rapproche de plus en plus de l’essence de l’art, en faisant sauter les intermédiaires par volonté d’authenticité comme par la nécessité de moyens financiers : aujourd’hui, on ne fait plus de la musique pour vivre, mais on vit pour faire de la musique. On touche à quelque chose de romantique et fondamental : le terme musique indépendante prend alors tout son sens, dans une ère numérique synonyme d’idéaux de libre partage (ou piratage) qui a remanié le savoir faire et le faire savoir musical all around the world, d’Amsterdam à Chicago, en passant par Buenos Aires, Belgrade ou Paris.


Do It Together – Trailer

Faire sa musique

« Tu peux rentrer de l’école, t’enfermer dans ta chambre et enregistrer une chanson que tu mettras directement sur ta page internet » se réjouissent ceux qui n’ont pas connu cette facilité. Une facilité des moyens de production, d’enregistrement et des canaux de diffusion, directement à portée de mains, à bout de clic. Mark Mothersbaugh (du groupe DEVO), représentant mythique de la première génération cold wave, regarde ces changements avec bienveillance et excitation derrière ses éternelles lunettes en cul de bouteille. Internet est comme un « robinet à musique » inépuisable maintenant que faire de la musique et la partager sont accessibles à tous. Les critères absolus de la musique indépendante sont rendus possibles par internet et les nouvelles technologies : le « home made », et l’empreinte d’une sincérité artistique. L’horizon vertigineux de sons fait entrer les groupes en concurrence sur un seul point : l’expression de leur authenticité.

Organiser une tournée

À travers une animation dessinée en noir et blanc qui rappelle le coup de crayon d’Alison Bechdel ou des vidéos de « Blank on Blank », le musicien Dan Deacon raconte l’épopée d’une tournée américaine sous l’égide du « Do It Together ». Il y parle tant de son régime alimentaire à base de gâteaux de riz, en vantant les bienfaits sur sa bonhomie, ainsi que la virée mythique dans sa vieille bagnole qui, comme dans tout bon road movie, abandonne l’aventure avant la fin du parcours. Loin de l’anecdote, cette panne qui le pousse à reconsidérer le reste des concerts sur la côte ouest l’amène du « Do It Yourself » (se déplacer, vivre, dormir dans sa voiture) à la formule du « Do It Together » : prendre un ticket de bus d’un mois pour pouvoir voyager dans les États-Unis, être accueilli, nourri, logé par une partie de ses fans dans chaque ville.

Gagner de l’argent mais pas gagner sa vie

Aujourd’hui, la scène est la principale source de revenus, et certains sont tentés de dire la seule. En parallèle, la vente de t-shirts, vinyles ou CDs directement permet de couvrir les frais d’essence, d’hébergement… Le problème du piratage pointé par les grosses majors et les plus gros labels sont considérés comme « des problèmes de riches, qui transpirent leurs dollars devant le manque à gagner ». Au contraire, une artiste interviewé se félicite d’avoir trouvé son premier album en téléchargement libre. Cette mise à disposition a été pour elle un des symptômes positifs de son succès, accompagné du plaisir d’être plus largement écoutée. La multiplication des labels et des groupes produits ont progressivement dissipé les intermédiaires entre le public et les musiciens. L’ancien modèle économique capitaliste qui pouvait desservir la création au profit d’une démarche mercantile se dissout lentement, permettant à la musique indie de se développer pleinement. Ce dont le documentaire témoigne, au travers des lives et des interviews, ce sont ces changements dans la sphère musicale, assez largement connus, mais observés d’un prisme optimiste par les premiers concernés : les artistes.

Et une question sous-jacente : doit-on réellement déplorer le fait que la musique tend à se détacher d’une dimension professionnelle ?

Suivez la page Facebook de Do It Together, très chers.

Crédit visuel en home : EKS

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