La bouillonnante scène nantaise propulse quatre garçons pour agiter le paysage musical (trop sage ?) de l’hexagone, Disco Anti Napoleon (DAN). Et le groupe porte avec lui un premier album cohérent, culotté et novateur, le bien nommé Ascent. Véritable ovni, il a construit un panel de sons singuliers résonnant comme une belle promesse pour nos oreilles attentives. Décollage imminent.
Avril 2013, les gars sortent un premier EP remarqué par la presse intitulé Blue Lawn. L’univers du groupe est posé, sortes de mélodies pop oniriques aux airs krautrock sur fond psychédélique. Un peu vague dit comme ça – problème récurrent avec les groupes difficilement classables. L’imaginaire 80-90s à la Gregg Araki (lui) aide à voir un peu plus clair dans ce joyeux bordel. Il est aussi important de souligner que les trublions en question sont jeunes, la vingtaine seulement. Donc, un an et un second EP Eva / Ascent plus tard, ils débarquent en trombe avec leur premier opus, Ascent. Qui porte bien son nom : l’ascension. Que ce soit lors d’instants vaporeux ou dans des délires psychés, l’album des Disco Anti Napoleon agit comme un effervescent.
Disco Anti Napoleon – Superhero
« Om » introduit un disque lumineux, riche en sonorités. Ce titre aérien a la capacité de suspendre le temps pour mieux nous balancer violemment la pop cradingue de « Superhero » à la gueule. Le voyage cosmique a commencé et on est déjà projeté en 5 dimensions dans un tourbillon dont on ne devine pas la fin. Les riffs de guitare se battent avec les synthés pendant que la Flying V virevolte et que la batterie gronde derrière. Joyeux bordel, on avait dit. La voix et les chants rêveurs évoquent l’insouciance juvénile et une certaine mélancolie naïve. Le morceau « Gremlins », dont le titre est lui même significatif de l’enfance – celle de la génération du groupe en tous cas – est un chouette exemple. Par son intro sale et débridée qui finalement débouche sur une pop où la bass invite à danser, cette chanson est symptomatique de la spontanéité de la musique disco anti-napoléonienne.
Disco Anti Napoleon – Blue Lawn
Loin des arrangements lisses, les Disco Anti Napoleon s’appliquent à manipuler un son lo-fi où la saturation et la réverbe se font la part belle. Le côté adolescent et nonchalant qui colle au groupe tombe peu à peu, ces gars maîtrisent leur son et le travaillent habilement, sans jamais en faire trop. L’ensemble du disque est cohérent, mature, même lorsque l’atmosphère s’échauffe et que les instruments deviennent fougueux, porteurs d’un certain élan émancipateur. Cet élan résonne comme une incitation au rêve où la musique est le vaisseau qui nous y conduit. Le climax est atteint lors de l’enchaînement des deux tubes futuristes « Blue Lawn » et « Eva ». Puis, on redescend légèrement pour planer à nouveau grâce à l’ambient « Ascent », suivi de « Girl », titre plus léger mais qui fonctionne bien. Certains morceaux comme « Spaceship » semblent être nés d’une improvisation totale tant les mélodies sont perchées, vivantes. Durant 15 minutes, la dream pop laisse peu à peu place à un son plus noise, conduisant à la transe. Ce final hypnotique résonne comme l’achèvement d’une odyssée spatiale dont on ne sort pas totalement indemne.
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