Coupons court à toute forme d’hypocrisie, c’est à la première personne du singulier et non du pluriel que ce compte-rendu sera écrit. En effet, c’est moi et non « nous » qui ait été la victime consentante d’hectolitres de cidre, chandeleur oblige, la veille de ce concert. Moi encore qui suis arrivée pile à l’heure au Trabendo, un exploit, pour écouter la première partie de ce concert dont j’attendais beaucoup. Moi enfin, qui ait fait honte à mon éducation féministe en me faisant rincer à coup de bière en raison d’un obscur découvert.
Bien avant la fin de ma première pinte, j’ai vite compris que Mars Red Sky avait été biberonné à Black Sabbath et sans doute un peu aux Grateful Dead. Un trio guitare/basse/batterie emmené par Julien Pras, ex-Calc qui a sorti sa plus belle chemise à carreaux pour proposer un rock bien plus grave que la pop gentiment dépressive de son ancien groupe. Est-ce dû à l’influence de Mathieu Gazeau, batteur aux airs d’un Mickael Bolton cracra, repéré alors qu’il officiait au sein du groupe Headcases ? En tous cas, ce concert fut parfait pour les fans de distorsion et de riffs psychédéliques. Une très bonne mise en bouche pour les Dino, donc. Sinon tout ce que j’ai retenu, c’est que Jimmy Kinast (basse) nous a gentiment remercié d’être arrivé à l’heure pour assister à leur set. Et j’ai toujours aimé qu’on me remercie pour ma ponctualité.
Sans trop se faire attendre, juste assez pour confronter la foule de quadra et quinquas venus bichonner leur cirrhose au bar, J Mascis, Lou Barlow et Murph sont arrivés pour poser un long solo de guitare. Histoire de donner le ton. Oui, ils ont pris de la bedaine et les cheveux de Mascis sont aussi délavés que ceux de Murph sont inexistants. C’est aussi ça le rock, les enfants. Les deux premiers morceaux sont malheureusement affectés par un ingé son flemmard qui a probablement dormi sur sa console pendant les balances, à moins que ce ne soit Mascis qui ait décidé de donner le service minimum côté voix. Les plaintes fusent dans la foule dès le second morceau. Plainte auxquelles le chanteur répond, avec la placidité qu’on lui connaît, que le plaignant n’a qu’à aller au fond de la salle s’il n’est pas content. Ambiance.
Je commence à me dire que ce n’est pas une si mauvaise chose de ne pas avoir eu d’interview. J’aurai probablement pas eu les épaules.
Heureusement, c’est avec The Wagon que Dino se reprend.
Et voilà tous les souvenirs associés à la sortie de « Green Mind » (1991) qui reviennent. J’ai une acné dévorante et des poignées d’amour en guise de contraceptifs. Mon souci majeur est de savoir comment faire tenir une anti-sèche longue comme un parchemin dans ma trousse et je découvre le grunge, qui balbutie autant que moi devant un garçon. Je crois avoir tout compris au rock, à la musique, à la vie. Qu’est-ce qu’on est con, à cet âge là.
Mais à écouter les premières notes de Don’t pretend you didn’t know, premier titre d’« I bet on sky », je réalise que quelque que soit mon âge, je serai une indécrottable popeuse, quitte à devoir me battre pour faire comprendre que ce n’est pas nécessairement synonyme de niaiserie. Certains argueront que Dinosaur Jr n’est pas vraiment l’ancêtre du stoner, mais à écouter la virilité un peu sale des balades de Mascis et ses compères (je ne me risquerai pas à dire potes), je me demande si Kyuss ne s’est pas transformé en QOTSA un peu grâce à eux. Il faut savoir maîtriser sa mélodie pour la salir avec tant de grâce.
On aura droit à la plupart des morceaux du dernier album, ponctué de perle telle que Start Choppin (Where you been? – 1993).
Au final, après avoir mangé des solos de gratte distordus pendant 45′, le groupe offre sa version de Just like heaven des Cure en guise de rappel. Comme quoi, il fait bon revisiter les classiques. Le sourire extatique sur le visage du public en est la preuve. Moi aussi, j’ai un peu fini au paradis.
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