Dix-sept albums studio au compteur et des milliers de kilomètres parcourus à travers le monde. Pourtant, pour beaucoup, Dick Annegarn se résume à « Bruxelles ». Alors que sort aujourd’hui le déroutant « Vélo Va », c’est un Hollandais « expérimentateur de tout » qui est parti en roue libre jeudi dernier. Aussi bien sur les hommes : Lavilliers, Montebourg, Brel, Stromae, Raphaël, les apôtres, les Berbères… Que sur les thématiques sociétales : homophobie, intégrisme, les bobos, cet humaniste est capable de changer de braquet en deux coups de pédale.
62 ans dans un mois. 40 ans de carrière. Il est peut-être temps d’avouer à ton public que tu fais un concours de « chanteurs sexagénaires francophones blog-trotters » avec Bernard Lavilliers ?
Je ne suis pas au courant. T’es sérieux là ? (regard ahuri)
Non… C’est pour le côté baroudeur qui se narre en chansons ?
Humm.. Bernard Lavilliers et moi avons fait une émission « L’un chante l’autre ou pas », en référence à un film d’Agnès Varda – que je n’ai pas vu d’ailleurs. Bernard Lavilliers, je l’ai vu un petit peu. D’ailleurs, je lui ai piqué sa copine… J’en avais un peu marre de moi-même à l’époque. On a à peu près les mêmes âges, mais je ne suis pas copain avec ma génération en général. J’aime pas les héros, je les trouve ridicule. Je ne cherche pas à globe-trotter plus qu’eux, à faire un concours. Je suis une alternative à ces chanteurs « grands frères de tout le monde ». Je suis moins gentil qu’eux.
Les Fatals Picards ont fait une chanson sur Bernard Lavilliers parlant de ses nombreux métiers : boucher, chirurgien, guérillo…
Bernard Lavilliers, ce n’est pas son nom. C’est une invention. Il s’est auto-mystifié. Il y a un livre sur lui qu’il a essayé d’interdire. J’avais d’ailleurs fait une chanson où je parlais de Maxime Le Forestier, Gérard Lenorman et Bernard Lavilliers. J’utilisais des insultes bruxelloises pour dire qu’ils sont des gens comme les autres, sauf qu’ils ne se prenaient pas pour n’importe qui. Je suis langue de pute, faut pas me brancher sur les autres chanteurs, je te les allume moi (rire narquois).
Je t’avais vu à Lignières en 2009 (au fin fond du Berry dans un festival organisé par le père de Florent Marchet). Tu avais également bien taclé Brel…
Pourtant, Brel est le seul que je chante. C’est un anarchiste bourgeois. Ce que j’ai dû dire, c’est que ses thèmes sont d’une anarchie alcoolique. On bouffe de la famille, du curé, de l’armée… Mais en même temps, on en est. « Les Bourgeois, c’est comme les cochons », c’est une chanson à la limite contre lui-même. Une chanson d’étudiants qui dénoncent les bourgeois qu’ils sont eux-mêmes. Donc, Brel a porté en lui-même la critique de lui-même. Je m’octroie le droit de développer sa propre critique. Brel lui-même était une langue de pute, donc j’ai le droit de rentrer dans ce « Swanzen », cette provocation verbale que Brel faisait. Il était plus critique… Comment dire… Il avait peut-être plus d’humour que ces héros dont on a parlé précédemment.
Plus sérieusement, t’as conscience d’être iconoclaste…
« Dick’onoclaste »… Pas mal (une erreur de liaison relevé par l’artiste avide de jeu de mots).
On vient de trouver un nouveau néologisme (rires).
Un nouveau néologisme qui va aussi faire un bon titre. Va te faire « dick’uler », ça aussi c’est un néologisme né en trois secondes (fou rire).
Tu viens de tuer ma prochaine question qui était de savoir si tu utilisais un dictionnaire des synonymes ?
Un dick… quoi ? Tu t’en sortiras pas là (rires). Je suis quand même président des Amis du Verbe, une association de jouteurs, de slammeurs, de tout ce que l’oralité, le « spoken word » autorise. Certains ont créé des Républiques des lettres, moi une association présente sur la place du Capitole (Toulouse). Je fréquente des gens âgés de 30 ou 40 ans de moins que moi, mais nous nous amusons énormément avec la langue. C’est une association textuelle où nous avons de grands plaisirs. Et donc ma réponse est un peu induite.
J’ai un ami slammeur qui parle d’« oraliture ». Ça fait 350000 ans que nous parlons, mais seulement 5000 ans que nous écrivons. A la limite, je suis à l’écoute de cette « oraliture » qui n’a pas laissé d’autre place que le plaisir des mots ! On se chantait, on se contait, on faisait des allitérations, des rimes…
Es-tu un grand lecteur pour avoir un champ lexical aussi dense ?
Je lis un peu de poésie. J’ai aussi en ce moment un Science et Vie sur les langues qui disparaissent. Je suis à l’écoute des Français, des langues françaises. Vivant en banlieue, je refusais de parler en verlan mais j’écoutais cette espèce de langage. Je dis que je lis ce qui n’est pas écrit.
Je me demandais s’il n’y avait pas un lobby des orthophonistes qui te payaient des billets d’avion ? Car sur « Vélo Vole », le refrain est parlant : « Vélo va, vélo vole / La voie va, où vélo va / Vélo vire, vélo volte / Où va la vie, vélo va « .
Je suis dyslexique. Enfin, « Dick’lexique ». Je m’exerce à faire des combinaisons impossibles à dire, qui après deviennent tellement évidentes qu’on ne les oublie plus. C’est ça mon laboratoire. Mais ce n’est pas propre qu’à moi, n’importe quel bégayeur est un compositeur de chanson (rires). Il se répète, ça devient du rythme, on se freint, on se freint et on se refraint.
N’es-tu pas également cyclothymique, étant donné que tu peux passer de chansons positives comme « Oracle » et « Bonjour » à la tristesse profonde de « Karlsbad » et « Pire » ?
Il y en a qui appellent ça mélancolie. La mélancolie est une combinaison de joie et de tristesse. N’importe quel berbère te le dira. Ce n’est pas la peine de pleurer de son malheur, il faut en rire. C’est la mélancolie, ce n’est pas une constance. Chanter la même constance pendant 40 ans, ça c’est grave.
Justement, depuis 40 ans qu’on te cantonne à « Bruxelles », t’as pas envie de taper sur le premier venu comme exutoire ?
Attention, l’attachée de presse arrive : « Bruxelles est une joie de tous les jours » (rires). Je ne voulais même pas qu’il soit sur le disque, je trouvais que c’était une rengaine ringarde. « Toulouse, t’as le blues », « Paris, oh mon ami », « Bruxelles ma belle »… Pff, c’était fastoche. J’étais pas très fier ; de l’écriture du moins. Pour dire qu’on a besoin de direction artistique. Sur le dernier disque, on a choisi dix titres sur une vingtaine. Je ne me fais pas diriger par n’importe qui, j’ai horreur des pygmalions amateurs, des coachs « Sens-toi bien dans ta peau et tout ça »… Faut pas me toucher ! J’ai quand même besoin d’être conseillé. « In room to the groom », « En France, fais comme les Français. » (longue pause) Les traits d’esprit… J’allais dire les lieux communs, je ne les connaissais pas. J’ai essayé d’écrire des chansons françaises pour les Français et j’ai trop bien réussi !
J’ai essayé d’aller dans d’autres styles car j’aimais le blues Zappa, une alternative à ces chanteurs « grands frères de tout le monde »… Tous ces expérimentateurs. Donc avoir « Bruxelles » comme seul univers, c’était bien sûr handicapant. J’ai essayé « Amsterdam ma came », je l’ai râté. On est stimulé à s’autolimiter. C’est à nous, artistes, de casser notre système. C’est à nous de travailler encore et encore, ne pas se répéter. Même si certains ne veulent pas travailler du tout… C’est aux artistes eux-mêmes de rompre la torpeur, de prendre une dimension indé.
Justement, le côté indé se ressent avec « Prune ». Tu y as été fort…
(à écouter à partir de 40’50 »)
J’ai consulté Vincent Frérebeau (fondateur du label Tôt ou tard) pour savoir si j’avais le droit (rires). Je l’avais à peine fini et il m’a dit : « Mais bien sûr, vas-y ! » Franchement, j’ai écrit une chanson qui s’appelle « Modigliani » pour Calogero. J’ai fait un travail fou, lu toutes les bios, suis allé à Livourne pour m’imprégner de son univers. J’ai fini par écrire un très beau titre, très italien, avec des mandolines… Mais on ne l’a pas mis. Par contre, on a mis « Prune ». Pour dire que Vincent est un directeur artistique qui soigne la liberté de ses artistes. « Si toi t’as le feu, ça s’entend. Si tu t’emmerdes, ça s’entend aussi… »
Tu as dû mettre un temps fou à écrire « Bonjour », une sorte de dialogue entre un apôtre et Jésus.
C’est la réflexion qui précède qui prend du temps. C’est une chanson sur une espèce d’éternité qu’on cherche à atteindre pour ne pas être dépassé une fois disparu. C’est sur le développement durable et une vie qui va être de plus en plus longue. Ma mère, en vieillissant, disait : « C’est long, surtout à la fin ». Ce n’est pas nécessairement un bonheur de vivre 200 ans dans 200 ans. Ces putains de médecins écolos bios qui nous prolongent la vie, ils seront responsables du fait qu’on n’aura plus le droit d’enfanter car on sera trop nombreux. On sera obligé de vivre les mêmes longtemps, ce sera un enfer…
Donc, Jean et Pierre… Ah oui, j’ai lu les histoires d’apôtres de Benoît XVI alors que je ne suis pas croyant. Mais je suis très attentif à la véracité de ce que je chante. Jean était le seul intellectuel, Paul et Pierre ne savaient pas lire. C’est quand même des illettrés qui ont contribué au livre le plus lu de l’histoire. Ma contribution est donc une contribution moderne de cette vie que l’on s’imagine prolongée. Je suis un mystique, je m’intéresse aux soufi aussi. Il y a d’autres manières que la religion pour relier les hommes. Cette chanson est un salut que deux hommes se souhaitent.
Toi qui partage ton temps entre Essaouira et le Béarn, la montée d’un certain radicalisme religieux – aussi bien dans la frange musulmane que catholique – ne t’effraie pas ?
Absolument pas. On peut être dans une confrérie poétique, soufi, etc. Les soufis apprécient la musique. C’est une confrérie religieuse, mais les intégristes n’aiment pas les soufis. Le Maroc est infesté de toutes sortes de croyances, d’animismes, de peurs de fantômes. Les Gnawas que les hippies européens érigent en gourous vaudous, c’est Mgr Lefebvre. Ils chassent le diable. Moi qui suis positiviste, Allah, Dieu, le dieu dollar… J’étudie tout ça.
Je vis dans une impasse à Essaouira où il y a des toxicos, des Berbères, des femmes voilées jusqu’au gants noirs. Quand je suis arrivé là-bas, je me suis dit que ça allait être la guerre… Eh bien non ! Le seul moment où les voix se sont élevées de façon agressive, c’est quand il y a match de foot. Sinon, ces différentes entités vivent ensemble. Les intégristes ou les fondamentalistes sont une fraction de la majorité marocaine ou libanaise… Ou française. A Toulouse hier, on a parlé d’une femme voilée de la tête aux pieds, mais ça faisait bien 4-5 ans qu’il n’y en avait pas eu. Moi, quand je vais là-bas (au Maroc) et qu’il y a du vent, je mets un voile. Ou quand je veux regarder sans être vu, je mets un voile. Ce n’est pas une religion, c’est un imperméable, un espèce de provocation. Il ne faut pas avoir peur des religieux. Je ne suis pas religieux, mais ils ne me font pas peur non plus.
Et le fait d’être homosexuel ?
Il y a des assassinats, c’est vrai…
Je parle aussi en France, où des « descentes » ont lieu dans des bars gays . Ça rappelle des sales heures…
Mon frère et moi ne sommes pas nécessairement frères. C’est déjà une question. Lui est très catholique, homme à femme. Moi, homme à homme, athée. Mon adolescence a été évidemment douloureuse. Maintenant, son fils est marié à un homme… Dans cette même église, il a dû accepter le mariage pour tous. Petit à petit, ce même frère respecte le pape, mais pas toutes les consignes du pape. Ça dépend des coins, des moments…
Les gens se disent tolérants, mais le premier a traiter les pédés de pédés c’est moi. « Je ne suis pas un homosexuel, je suis un pédé. » Continue à m’insulter, je me suis blindé. Je sais que la saleté est plus dans l’œil qui regarde la sécurité que la sexualité. Je ne suis pas plus sexuel qu’un hétéro. Et pas plus sale ou moins sale qu’un intégriste. Je le regarde en face et il s’en va. Jusqu’au jour où ils sont plusieurs et qu’ils veulent faire la fête à un touriste sexuel que je ne suis pas. Mais là aussi, ils n’ont pas de prise sur moi. Je ne vais pas là-bas pour manger les petits garçons.
Toujours chez Pascale Clark, tu confiais écrire des chansons codées (énorme surprise à propos de « Bruxelles »…). Peut-on voir derrière « Oracle » une critique du bobo bien-pensant qui manque de courage ?
Je l’ai écrite pour Raphaël. Il le sait et l’accepte. Ce qui nous différence est qu’il est plus bourgeois que moi, mais moi je l’accepte. Je suis fils d’une ouvrière de chez Philips et d’un fonctionnaire de marché commun. Je le sais que je suis un petit bourgeois, même si j’ai un tracteur, un vélo, que je fais mes courses et mon ménage. Et même si je me fais aider deux heures par jour par une femme de ménage. Je ne suis pas sûr que Raphaël fasse son ménage.
En effet, la chanson me rappelle aussi un amant qui se pavanait dans la contemplation et la jouissance. Il ne savait pas le prix d’une baguette, à quelle heure ouvrait la boulangerie… Donc, c’est une chanson sur les handicapés sociaux que sont les bobos. En même temps, il y a une tendresse pour ces garçons guimauve. Ils me touchent. J’en étais un moi-même. J’ai d’abord été à l’Olympia, puis en banlieue (il y retourne le juin). Ce n’est pas le chemin normal. Avant de m’opposer à Raphaël ou au bobo, je me dis que c’est peut-être ça l’Oracle : il ne faut pas être bobo ou antibobo. Il faut être les deux. Ou il y a peut-être une 3e voix qui est celle de l’eau qui évite le conflit. Donc, il faut arrêter d’insulter les bobos. Nous sommes tous bobos. J’aime bien la bohème, boire un coup sans pour autant être alcoolique. J’y goûte de temps en temps, puis des fois j’essaie d’autres choses. Je suis un expérimentateur.
J’ai le cœur à gauche, mais de temps en temps les Hollandais m’énervent (rires). Les seuls qui n’ont pas réussi à mettre un plan vélo collectif efficace sont les Amsterdamois, qui est pourtant la capitale écologique alternative. A Dubaï, je crois qu’ils l’ont réussi. C’est sûrement mon côté oriental de ne pas vouloir opposer les choses. C’est très berbère de ne pas aller au conflit. D’arriver à ses fins pas seulement de manière contemplative, pour vendre aussi.
Tu rejoins Voltaire avec une maxime pas seulement applicables à l’Hexagone d’ailleurs : « Les Français ont le coeur à gauche mais le porte-monnaie à droite ».
Exactement. Sauf que moi j’ai le cœur à gauche et le porte-monnaie à gauche. Même si comme dix millions de Français, j’ai un petit portefeuille. Je ne compte ni sur les gauchistes, ni sur le système social français pour assurer mes vieux jours. Je ne suis pas boursicoteur pour autant, attention !
Tu vas peut-être me qualifier de bobo contemplatif, mais on peut voir une métaphore entre « Alors on Danse » de Stromae et « Piano dans l’Eau » sur ton dernier album. Le Belge raconte la solitude autour des soirées en club entre amis avec des pilules pour essayer de se sentir moins seul. Chez toi, rentrons dans l’interprétation de texte : « Ma gueule de bois, ma gueule de veau /Montre les traces de nuits sans repos », « L’entrée en rade de Bilbao » ou « Entre les fesses de quelque travelo », c’est une sorte de bilan d’une vie de solitude ?
(à écouter à partir de 10’13 »)
En effet, il y a quelques matelots qui me suivent mais ils m’esquivent. Stromae est un grand sage de notre violence internationale, de cette fausse fraternité. Hier dans un taxi, j’écoutais « Papaoutai » qui est une chanson terriblement triste. En même temps, on ne sait toujours pas si son père est vivant, s’il a tué. Tutsi, hutu ? C’est une solitude mondiale, voire mondialiste.
On peut être hyper branché sur les réseaux sociaux et être seul. C’est pour ça qu’à Noël maintenant je vais au Maroc. Parce qu’au moins, là-bas, on vous prend la main. Homme ou femme, il n’y a plus de genre. Pour se comprendre, il faut se prendre. Stromae est un enfant des médias, des séquenceurs, de la musique sans musiciens et de ces conflits larvés. Stromae est aussi suspicieux que Brel, qui dénonçait la bourgeoisie en étant bourgeois. Lui, c’est un jeune qui dénonce la jeunesse. C’est un ami qui dénonce l’amitié comme dangereuse, malheureuse.
Le thème du matelot revient dans deux chansons. C’est une sorte de réminiscence de tes années sur ta péniche en banlieue parisienne ?
C’est un peu un fantasme parti de rien. Je ne vais pas dire que j’ai un début d’érection en regardant Montebourg avec sa marinière (rires). Le port est un fantasme sexuel fastoche. J’ai vécu quinze ans sur une péniche, j’ai été chercher des bateaux à Anvers. Avec mes parents, on allait à six sur deux vélos de Scheveningen à S’Gravenhage (La Haye). Les bateaux sont ma réalité sociale et réelle. Je ne vis pas à Essaouira pour rien.
Dernière question pas très agréable : les voyages à 62 ans, avec les pépins physiques, ça se vit autrement ?
J’ai plus de ménisque, de ligament latéral, j’ai de l’arthrose… Je cours moins vite. Si je fais du vélo, c’est que c’est plus facile que de marcher. A Noisy-le-Grand, je courrais pour garder la ligne. Aujourd’hui je ne peux plus, mais je fais de la moto, en mouvement sans bouger.
On te verra toujours te bouger pour défendre bénévolement les bonnes causes comme FairPlayList, l’hiver dernier à Paris ?
Je suis un militant poétique. A travers mon association, j’inscris mon engagement dans un besoin collectif d’expression autre que les débouchés artistiques. La moitié du temps, je m’occupe de ma tronche. L’autre moitié, c’est pour les autres, les amis… Je reviens d’enregistrer quelque chose avec les Berbères. Il m’arrive de rémunérer des artistes que je poste sur Facebook sans me payer. Ça ne me coûte pas. Au contraire, ça me nourrit.
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