Samedi 5 juillet, aux Nuits de Fourvière, Damon Albarn a alterné mélancolie et rock. Vingt-cinq ans après l’avènement de Blur, le génie anglais appartient à cette race d’artistes qui ne déçoit pas malgré une remise en cause permanente. Le résultat inspire le respect et nos émotions ont varié telle une sinusoïde. Retour sur une soirée lyonnaise magnétique.
Pour ceux qui ne connaissent pas Lyon, il faut savoir que la ville regorge de monuments archéologiques. C’est donc dans un théâtre antique de 4400 places, au milieu d’un havre de verdure à cinq minutes à pied du centre-ville, qu’ont lieu les Nuits de Fourvière. On comprend pourquoi Damon Albarn se réjouissait de revenir pour la quatrième fois « in this amazing place » pleine à craquer.
Portant une croix blanche sur son jean – symbole de soutien aux intermittents du spectacle en lutte – c’est un artiste au professionnalisme déconcertant qui a assuré une heure de demie de show. De retour d’une tournée américaine, avant la tombée de la nuit, le show débute par Lonely Press Play. Une pop song langoureuse caractéristique de son premier album solo. Tactile, le globe-trotter rode sur le devant de la scène afin de toucher des mains. Son regard cherche les spectateurs en haut du théâtre. On sent un artiste heureux d’évoluer derechef dans cette antre lyonnaise.
Crédit photo Damon Albarn : United States of paris blog
La complémentarité avec son bassiste longiligne qui va chercher les notes à la naissance des cordes – au jeu de jambes à l’amplitude époustouflante, à faire pâlir un crabe – et son guitariste énergique font mouche. Derrière, batteur et pianiste ne s’économisent pas non plus. La mayonnaise a pris au fil de la tournée. Il y a fort à parier que le perfectionniste britannique n’est du genre à s’entourer d’amateurs. Le résultat ? Cette capacité à partir d’une ballade angélique pour finir dans un hymne puissant, en moins de cinq minutes, démontre la classe de la bande.
Lorsqu’on maîtrise la musique comme Damon Albarn, c’est seul aux commandes que la différence s’avère criante. Son interprétation au piano de Out of Time, sous une demi-lune et dans ce lieu chargé d’histoire, délivrait d’intenses frissons. Outre faire fondre les dernières récalcitrantes à ses charmes, un guitare-voix de l’éternel jeune homme laissant les cordes grincer a dû faire douter quelques homophobes de leur sexualité. D’autant plus que la mise en scène est léchée : assis sur le dessus de son piano, une petite poursuite lumière dans un noir obscur, les yeux fermés. Quand on vous dit qu’il est pro…
Si le rappel d’un gros quart d’heure a envoyé du bois, un second n’aurait pas été de trop. Sur Clint Eastwood, le MC de Gorillaz est venu enflammer un public jusqu’alors tranquille. Les coussins fournis pour s’assoir dans les gradins (à 42 euros la place, c’est pas de refus) ont recouvert la scène. Impossible de ne pas avoir le smile sur « Mr Tembo », repris par six choristes en feu et le bassiste… sans sa basse, troquée contre un ukulélé. En arrière plan, le batteur hilare canarde le claviériste qui s’est bien rattrapé à la fin du concert. Le genre de moment où t’as envie de signer une pétition contre la guerre, initiée par Pierre Arditi, tellement l’ambiance est bon enfant.
Crédit photo de couverture : LoLL Willems
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