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Comment j’ai programmé un groupe de rap québécois en France juste en leur envoyant un message Facebook

J’aime le Québec. J’aime sa musique. J’aime son ambiance. Et ses habitants. Voilà, une introduction complètement objective. Je ne suis pas journaliste, pas vraiment programmateur musical, ni bookeur, juste un mec qui aime la musique, qui veut s’essayer à tester des trucs (je ne parle ni de drogue, ni d’autres choses liéées à une déviance quelconque) et qui veut en prendre plein les oreilles. En gros, un amateur de concerts, de gars et de meufs qui ont moins 2000 likes et qui sortent un peu de l’ordinaire. Mais surtout de rap québécois.

Il y a quelques mois, je suis parti sur les routes de France pour suivre un groupe de rock franco-québécois entre Cholet et Angers. Oui, comme ça, en leur proposant. J’ai kiffé. J’ai voulu réitérer.

Alors l’été qui suit, je pars en vacances au Québec. J’y vois des concerts, j’y vois la créativité. La vraie, avec des bouts de ficelle dans des salles de concerts toutes petites, un peu sombres. Parfois dans la rue. J’y vois aussi des têtes de violons, un putois et des écureuils, et découvre que finalement, c’est moi qui ai un accent. Parenthèse, forte importante, mais oui, au Québec, c’est le Français qui a un accent. En fait, il nous faut dès à présent cesser de penser que l’accent neutre vient de la métropole. Enfin sauf si tu viens de Troyes, ou Tours, apparemment (lu sur le net, référence inexistante).

Un matin, dans un des nombreux coffee shops de la ville, je me trouve sur ce réseau bleu qui compte 1,86 milliard d’utilisateurs. Je scrolle. Je scrolle et là, je tombe sur cette vidéo sur un rappeur nommé Fouki.

https://www.facebook.com/vicequebec/videos/1932320057055949/

En regardant ça, plusieurs pensées s’offrent à moi. Primo, je kiffe le flow du mec. Deuzio, j’ai faim. Troizio, je vais sur son Soundcloud, « Meilleur » [Prod. QuietMike] devient mon préféré morceau de l’EP, je m’écoute tout ça pendant environ une heure. J’aime. Je trouve ça un peu différent de ce qui se fait en ce moment par ici. Et ça fait du bien, y’a de belles prods. Je clique, je reclique, j’écoute tout ce qui est en rapport avec.

Et là, je tombe sur une chanson d’un certain Canevas Crew.

 

Je sais pas si c’est mon coté bobo bio (cf le panais) qui parle mais je reste scotché. Une bonne prod qui rappelle quelque chose, ça sent l’été (ouais, on y a droit une ou deux fois dans l’année à cette expression fourre-tout), ça donne envie de bouger son fessier doucement et l’alternance des différents flows fonctionne plutôt bien. TOUT POUR UN TUBE DE L’ÉTÉ, QUOI.

Raté, il n’y a que 5195 écoutes.

En plus, le groupe ne joue pas pendant mon séjour. Encore raté.

Je rentre en France. Déprime. Forcément. Nostalgie. Je me remets quelques tounes du voyage. Je réécoute le Canevas Crew et, comme toute groupie qui se respecte, je leur mets un message sur Facebook. C’est ce qu’on fait lorsqu’on est un peu fan et qu’on se dit qu’on a rien à perdre.

Comme on dit chez nous : « Ça défonce ce que tu fais mec ». Tu viens quand ici ?

J’ai le droit à une réponse. Les mecs sont ouverts. Ils me disent qu’ils sont actuellement à Bruxelles et qu’ils peuvent venir à Paris s’il y a un endroit où ils peuvent jouer. Trois semaines après ça, je reçois un message privé d’un des MC du groupe. C’est sérieux, ils sont vraiment chauds pour venir. On discute, je leur dis que c’est peut-être possible, que ce sera plus simple en Seine-Saint-Denis. Allez savoir.

Et là, flou. Comme je le disais précédemment, je ne suis pas vraiment programmateur. Mais je foule quand même régulièrement les salles de concert du 93. Je tente quelques approches, ça ne marche pas vraiment car les MCs repartent le 25 octobre dans leur belle province (une périphrase qui veut dire Québec pour les incultes). Je harcèle même certaines personnes à Mains d’Œuvres, puis à Canal 93 (pardon).

« Les délais sont trop courts. Les délais sont trop courts. Les délais sont trop courts. »

Je ne perds pas espoir. Il doit bien y avoir des endroits qui se rapprochent de l’idée du lieu facile d’accès, qui n’est pas une salle conventionnelle et qui se veut ouvert à l’expérience. Je tente un autre spot à Pantin, La Halle Papin. J’envoie quelques messages, j’y vais, j’en parle. Je crois que ça va être juste.

Autre jour, même ville. Je vais chercher des bières pour un apéro. Directement chez le brasseur. Son nom : Gallia, 35 Rue Méhul, 93500 Pantin : retenez bien cette adresse, elle pourra vous servir pour tenir jusqu’à la fin de l’article. Je discutaille avec le patron-gérant. Je pose une question pas du tout orientée : « Y’a quelqu’un chez vous qui s’occupe de programmation ici ? » Gallia a ouvert un bar pour l’été. Oui, à l’heure où j’écris, il fait 26 degrés, on peut donc dire que c’est encore l’été. Par chance, Gallia produit parfois des concerts. « Oui, mais il n’est pas là. Envoie lui un mail« . Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me permets même de relancer deux jours après mon premier envoi, un coup de bigo et j’ai une réponse : « Merci pour ta proposition. Il ne nous reste pas beaucoup de dispos avant le 25 octobre mais je peux te proposer le mercredi 18 ou le jeudi 19 octobre. »

Simple. Si simple quand on aime.

UPDATE : un clip a été réalisé par Nabil & Wael dans la foulée. Beau, non ?

https://www.youtube.com/watch?v=oj9ODN6h-dg

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Marc André Masson, Montréal 18.10.2017

Belle coopération franco-québécoise!

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