Lorsqu’on a vu que Fils de Vénus organisait une soirée au Badaboum avec la française Claude Violante et l’Anglo-Américaine Abra, on a sauté sur l’occasion pour aller voir les meilleurs espoirs féminins d’un certain R’n’B. Celles qui flirtent avec l’électro et embrassent la pop à pleine bouche. Et, comme aux Oscars, on a eu des petits frissons de plaisir mainstream inavouables.
Claude Violante
Intitulé Your Heart Is Weak, le premier EP de Claude Violante, membre du duo Haussmann, porte bien son nom. Quand on écoute les quatre titres, il coule une belle synthwave pop à faire des remous aux vagues à l’âme.
Avec une esthétique rétro des années 80, l’univers de Claude Violante se compose de vapeurs synthétiques qui sentent bon le Korg, où l’on croit se fondre dans une pâtisserie pop au fil de ses titres, « No Merci » en tête. Sa voix juste, qui n’est pas sans rappeler le clair obscur de Christine and The Queens, narre des problèmes de cœur avec une rythmique binaire omniprésente, ornementée de percussions électro qui chauffent le décor froid de l’analogique. Parmi les sonorités électroniques, son timbre ne ressort que plus sensible et amical. Dandinement lascif parfait en préliminaire d’une longue soirée au Badaboum. « I Kill By Night » révèle l’identité violente, de malaise qui transpire plus dans ses textes que dans le le flow des synthés glacés qui caressent plus qu’ils ne blessent. Aucun mal à dire que ça touche là où l’on se sent faible, et que ça fait du bien.
Abra
« La séductrice de la team » selon Father, le patron d’Awful Records qui veut représenter la jeune relève branchée du rap à Atlanta. Sauf que le qualificatif est presque trop faible quand Abra monte sur scène. Malgré un retard contenu par des dj sets techno et trap des Fils de Vénus, tout est excusé : micro débardeur noir et pantalon moulant, c’est sa voix « beyonce-sque » qui subjugue, certifiée sans réverb’ ajoutée. N’ayant divulgué ni son nom, ni son âge, le pronostic ne peut être estimé au dessus de la vingtaine, les textes mièvres, érotiques en attestent. Mais avec son timbre, tout peut être dit, et le flow R’n’B est là.
Autoproclamant sa musique « dark wave », en référence aux thèmes lancinants et mélancoliques, et sans grand rapport avec le mouvement musical plus connu sous ce nom, c’est les ressorts vrombissants des basses qui nous prennent d’abord aux tripes. Loin au dessus de ces ambianceurs de boyaux, des nappes synthétiques qui rappellent les compositions d’Oklou planent avec ses danses sensuelles, qui rendent l’audience aussi attentive aux jeux de hanches qu’à ses titres. Seule sur scène, elle lance les pistes, « Roses » en seconde place dans son set. Single qui a donné son titre à l’album (Rose au singulier), elle parvient à des envolées vocales sur des chœurs naïfs, à l’image de sa musique candide et féline. En fausse ingénue, elle tient sereinement le public grâce à sa malice, avec « Pride », qui rappellerait presque un slow s’il n’y avait pas une batterie aussi incisive, ou « Feel » dans un minimalisme hip-hop qui porte haut la bannière du R’n’B.
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