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Clara Moto : « Face à une politique répressive, une communauté se bat »

Clara Moto sort son deuxième album, « Blue Distance ». Celle qui a rencontré un jour Agoria dans un aéroport a parcouru du chemin dans les airs et dans sa tête.  Une distance qui s’est établie entre elle et l’auditeur, sa famille, ses amis, l’Autriche et ses dérives extrémistes. Entretien dans un monde onirique, où la techno contemplative rencontre la campagne autrichienne.

Comment s’est passé la production de ce nouvel album ? 

C’était intéressant mais compliqué. C’est le deuxième album et je me suis probablement donné plus de pression ce qui me rendait assez nerveuse. J’ai eu plus de « routine » que la première fois.

Tu chantes à plusieurs reprises sur cet album. Quand as tu commencé ?

Ça n’a jamais vraiment été prévu. Des fois, il manquait quelque chose sur un morceau et j’ai essayé de chanter pour que ça rajoute de la matière. Mais je n’ai pas une voix forte ou un type de voix spécial. C’était aussi pour éviter de toujours demander à d’autres de chanter pour moi.

On retrouve le thème du rêve, y a t’il un rêve qui te revient régulièrement ?

Il y a certains lieux qui réapparaissent souvent ou des ambiances. Je n’aime pas le principe d’expliquer ses rêves, « s’il t’arrive ci, ça signifie ça ». Personne n’a vraiment de réponse.

Ton album est très contemplatif, une nouvelle fois. Le nom « Blue Distance » signifie que tu as pris du recul ? Par rapport à quoi ?

C’est le sujet qui est abordé dans ce disque. J’ai voulu exprimer les formes de distances qu’on trouve. L’éloignement de sa famille, de ses amis, mais aussi la distance entre le créateur et l’auditeur d’une musique. Tu fais un morceau et un an plus tard, quelqu’un va l’écouter, c’est un processus intéressant.

Avec des noms de morceaux comme Holy, Placid Kindness ou Lyra, on est dans un climat apaisé presque religieux, as tu essayé de composer une espèce d’essai sur la tranquillité ?

Si tu l’as vu comme ça, c’est parfait !

Tourner dans des clubs à travers le monde t’as rendue plus clubbeuse ou plus calme ?

Plus calme. Et puis, je ne bois pas, je ne fume pas et j’aime vraiment la tranquillité. J’essaie de garder de l’énergie pour les longs déplacements. C’est une grande valeur pour moi de vivre sainement, d’avoir une perception claire.

Il y a un rapport entre ton « Blue Distance » et le « Blue Alliance » de Sébastien Tellier ?

Aucun. A part qu’elles sont bleues.

Tu es partie de Graz pour étudier à Barcelone pour finalement habiter à Berlin. Mais tu as commencé à passer des disques en Autriche. Est-il plus compliqué de faire son trou en Autriche dans la musique électronique ?

C’est un pays agréable et riche. Seulement, il est aussi très conservateur et donc, très peu d’infrastructures si tu veux créer quelque chose de nouveau. Contrairement à Barcelone et surtout Berlin, il n’y a presque plus de disquaires et ça manque beaucoup.

Tu retournes en Autriche régulièrement ?

Bien sûr, j’y ai ma famille et j’adore la campagne : verte et silencieuse.

La montée du nationalisme est-elle ressentie par le peuple autrichien ?

Les élections qui viennent juste de se dérouler ne sont pas une bonne nouvelle [Un Autrichien sur quatre a voté à l’extrême droite – Rue89]. Note quand même qu’à Graz, il y a eu une majorité pour les Verts. Ce sont des gens, qui ont tout pour être heureux, mais frustrés. Et pour protester, ils votent à droite, ce qui est stupide. Les politiques sont populistes et lancent des sujets dangereux dans le débat. C’est d’autant plus triste que tous mes amis et ma famille qui y habitent sont ouverts d’esprit. Face à la politique répressive, une communauté se bat pour ses droits. Ça a toujours été le cas en Autriche.

Il y a beaucoup de jeunes qui soutiennent le parti nationaliste FPÖ [Parti Libéral d’Autriche, le parti nationaliste le plus populaire] ?

Oui, et même beaucoup de très jeunes. En Autriche, on peut voter à 16 ans ce que je trouve absurde. Ils ne réfléchissent pas.

La musique underground / électronique peut avoir un poids dans le débat ?

Ça pourrait. Ça peut. Mais la base de cette musique n’est pas politique. Elle parle des émotions humaines et d’images mais ça ne peut plus être une rébellion. Parfois, la musique peut avoir sa part de responsabilité sur le sujet. Quand tu vois les sélections à l’entrée des clubs à Berlin, tu te dis que c’est la même chose. Ça rassemble une élite de gens conformes qui montre aux autres qu’ils n’appartiennent pas au même monde.

En Autriche, les politiques essaient un peu de promouvoir les musiques actuelles ?

Maintenant qu’une frange de la musique électronique rapporte de l’argent, comme partout, oui, des choses sont faites mais on sait bien que ce n’est pas l’underground qui est favorisé.

Crédits photo : Mads Perch

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