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Citadel Festival : passer la grande finale de la Coupe du monde chez les perdants de la petite

Pour beaucoup le concept de voir des messieurs courir derrière un ballon dépasse l’entendement. J’en fais partie. Ce pourquoi j’ai préféré échapper aux hurlements à chaque corner et à l’effervescence nationale qui a conduit au pire de la folie humaine pendant toute une nuit. Au programme ? Un dimanche en festival entre soleil, bonne musique et Pimm’s frais. Récit.

Londres, 15 juillet. En ces lendemains de perte de la demi-finale, la capitale n’a rien de morose. Personne ne semble abattu. Dans les pubs, les Anglais sont à leurs postes habituels. Troisième bière de la journée à 17h, le sourire en prime. « Nous n’avons pas bien joué »,  « Nous ne méritions clairement pas de gagner »… Une véritable leçon d’humilité. Les Britanniques ne blâmeront ni arbitre, ni la pleine lune. Bons perdants, ils se seront vite remis de cette désillusion. Le jour de la finale, ils ont mieux à faire que voir les Français mettre une raclée aux Croates : il y a le Citadel Festival.

Oui, criez et blâmez moi. Je préfère m’enfuir. La finale France-Croatie, très peu pour moi. C’est pas faute d’avoir essayé avant. Lors de la demi-finale le bar entier hurlait au scandale chaque fois que je me levais pour aller pisser ou prendre un verre sous prétexte que je gâchais la vue. Je me disais tout bas : le foot rend les gens stupides. Et je n’aime pas ça. En revanche vous savez ce qui rend les gens de bonne humeur ? La musique. Voilà pourquoi le choix entre la fanzone de l’Hôtel de Ville et le concert de Tame Impala a vite été fait.

La Femma

© Jenna Foxton

Les Bleus étaient encore en train de trotter sur la pelouse russe lorsque La Femme a ouvert le bal de ma journée. Avec un accoutrement du plus bel effet, Marlon Magnée investit la scène, gonflé d’orgueil. En quarante cinq minutes, la bande française met dans sa poche le public sans pourtant trop d’efforts en terme de scénographie. Pas besoin. Le charme d’une Clémence Quélénnec, gracieuse et désinvolte ne nécessite ni ornements, ni gadgets pour captiver. Loin des prestations folles qu’on leur connaît sur le territoire français (quinze sur scène avec prouesses chorégraphiques et danseurs en costumes incroyables) La Femme privilégie cette fois-ci la simplicité. Pour le meilleur.

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© Carolina Faruolo

Lias Saoudi, chemise sale et bermuda troué se balade la démarche chewing-gum, courbé. Pas de mauvaise surprise, Saul Adamscezki (un temps viré du groupe) est de nouveau de la partie. La Fat White Family entre sur scène accompagnée du batteur des Temples, tout aussi irrévérencieuse qu’à l’accoutumée. La bande livre la claque du festival, sèche et brute. Le saxo s’agite avec frénésie, les voix s’étouffent et les guitares se tordent tandis que les morceaux se font addictifs, trottant dans les esprit longtemps après le concert. Les Bleus sont déjà en train de célébrer leur victoire tandis que la folie de la danse envahit le Gunnersbury Park, pas de « Marseillaise » elle est remplacée par l’hymne crados « Touch The Leather« . Bonheur.

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© Carolina Faruolo

C’était sans compter l’ultime acte. Celui qui réunirait le festival entier et qui libérerait sourires et enthousiasme. Kevin Parker est venu de l’autre bout de la terre pour faire planer l’Angleterre. Un lot de consolation non-négligeable. Et si jusque-là la scénographie n’avait rien de fou pour les groupes précédents, Tame Impala ne s’est privé d’aucun artifice pour en mettre plein les yeux à la foule compacte. Confettis, lasers, projections psychédéliques… Tout y est passé pour le plus grand bonheur des grands enfants que nous sommes tous. Rien à redire, les Anglais savent faire la fête. Même en temps de perte. Et tout en entonnant « The Less I Know The Better » je me rappelle que j’ai tout gagné. Au moins, je suis à des kilomètres du brouhaha des Champs Élysées, protégée de la folie française.

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© Jenna Foxton

Crédits photo en une : Andy Hughes

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