Ca y est, il fait froid, les feuilles tombent des arbres, l’été s’est en allé et, avec lui, le chant des cigales. A moins que… Une cigale pourrait bien vous aider à passer les frimas hivernaux : Cicada (la cigale, en anglais), superbe production électro made in UK.
Derrière ce nom d’insecte se cachent deux producteurs de génie, Aaron Gilbert et Alex Payne, accompagnés de différents chanteurs. S’ils sont encore assez méconnus, surtout de ce côté-ci de la Manche, mais sont actifs depuis 2002. Leur premier album, éponyme, est sorti en 2006, et c’est avec leur dernier disque, « Roulette », parue en 2009, que le groupe a pris une nouvelle dimension.
Changeant d’univers comme de style musical tout au long des treize pistes de l’album, sans jamais heurter l’auditeur, Cicada réunit en une seule galette une réserve impressionnante de tubes.
Leurs productions sont parfois proches de l’électro survitaminée d’un Junkie XL, avec des titres comme Falling Rockets, Metropolis ou One Beat Away, dont les basses musclées soutiennent à merveille des mélodies pop entêtantes et des vois féminines aguicheuses. Le tout se déroule à un rythme effréné et balance à travers les baffles une énergie folle qui nous envahit et nous agite d’irrépressibles secousses.
Cicada prend ensuite son temps pour nous asséner de lourdes basses, parfois gutturales… Percées d’un refrain accrocheur (Talking, Executive), fulgurances disco (Mr P Star), elles continuent d’envoyer à l’envie leurs vibrations jubilatoires et entraînantes. Produits sobrement, avec une justesse et une ingéniosité admirables, les morceaux qui peuplent Roulette sont de vraies pépites.
Les deux producteurs anglais se permettent même quelques fantaisies, comme ce Psycho Thrills extraterrestre, sorte de petite bille incandescente qui vient marteler vos tympans avec sa base nu-disco et son refrain enlevé. Simple, léger et d’une efficacité à toute épreuve.
Par la suite, quelques jolies envolées atmosphériques, au milieu des nuages de synthés et de voix qui se font à nouveau séductrices, douces-amères, à la fois froides et intrigantes (Love Don’t Come, Green Light, Tears).
Enfin, en conclusion de ce superbe album, le combo britannique se fait plaisir avec deux titres aux univers très différents. Tout d’abord, il y le très enlevé Tiad, surpuissant, qui nous envoie valdinguer au milieu des étoiles à la vitesse de la lumière, avec cette voix, ce cri qui perce l’hyper-espace et nous guide vers l’inconnu à travers ce Space Mountain sonore.
Et puis enfin vient l’ultime piste de Roulette, le très beau Friends, en forme d’au-revoir, avec ses accords à la Röyksopp puis sa lente montée en puissance sur des nappes de synthétiseurs saisissantes. C’est tout un paysage qui se déroule devant nos yeux, une construction complexe et pourtant très épurée, un voyage entre ciel et terre qui conclue formidablement l’opus.
Avec Roulette, Cicada livre un maître-album et fait étalage d’un talent insolent et d’une maîtrise totale. Jamais dans l’esbroufe, leur musique est admirablement dosée, construite sur une base simple, mais rendue formidablement efficace par la combinaison de rengaines pop entêtantes et d’effets lumineux disséminés çà et là. D’autres preuves sont à chercher sur la Toile, on vous en indique juste deux : le plus house Your Love, et l’excellent remix lounge du Elle et Moi de Max Berlin.
par Fred Cazalis
j’aime pas. mais alors, pas du tout !