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Chronique en profondeur de la tracklist du nouveau Gorillaz

Les chroniques de disques, c’est pas compliqué. Alors comme on n’a pas vraiment le temps d’écouter les albums mais qu’on a quand même envie de faire du clic, voici la chronique anticipée de la tracklist du nouvel album de Gorillaz. Rien que ça.

Andromeda (ft. D.R.A.M.)

L’histoire est connue, Andromède (jouée ici par Noodle, la guitariste de Gorillaz, dans de longs solos de détresse), fille de Cassiopée, est tellement belle qu’elle s’attire la jalousie des nymphes. Pour la punir, les envieuses sont allées sonner le corail de Poséidon (joué par D.R.A.M., qui nous donne avec brio une image plus « cool » du Dieu de la Mer) pour qu’il la démolisse sans détour. Ainsi, la belle se fait attacher nue – on connaît la tentation des Grecs pour les histoires SM – sur un rocher, en passe de se faire dévorer par un horrible monstre (la marionnette de D.R.A.M., assez peu crédible niveau terreur). C’est le break. Une torture. De son côté, le demi-Dieu Persée (joué, vous avez compris, par Damon Albarn aka 2-D) passe dans le coin lors de son vol de garde. Il voit toute la scène, tombe raide dingue d’Andro et décide en deux temps, trois mouvements de glaiver le pervers poulpe. Résultat : Persée 1 – 0 Poséidon. On est en face d’une collaboration à sens unique, Gorillaz invite D.R.A.M. pour qu’il se ridiculise et Albarn s’attire tous les honneurs. Pas fair-play.

andromede

Andromede

Ascension (ft. Vince Staples)

Adaptation musicale de la comédie L’Ascension de Ludovic Bernard, le morceau s’ouvre sur un couplet du rappeur à succès Vince Staples : « For you, i could climb Mount Everest » en écho à la punchline de Samy joué par Ahmed Sylla dans le film : « Pour toi, je pourrais gravir l’Everest ». Gorillaz, qui n’a jamais caché son admiration pour les comédies romantiques à la française, fait ici un clin d’œil bienvenu à notre grand cinéma qui ne s’est jamais aussi bien exporté. S’ensuit une aventure des plus classiques où, en gros, l’amour triomphe toujours, malgré les différences. Une jolie chanson sans frontières quoiqu’un peu gnangnan qui plaira à heure de grande écoute.

ascension

Busted And Blue

Jusqu’ici, on était plutôt ravis de cet album mais cette reprise à la note près de la ligne de basse de « Feel Good Inc. » un demi-ton au-dessus n’aura pas échappé à nos oreilles aiguisées. La trahison est totale. Un de nos confrères nous a révélé que ce titre faisait écho à l’insoutenable lourdeur de l’avoir, thème hautement combattu par la scène altermondialiste contemporaine. On a fait mine de comprendre, mais certaines choses nous échappent.

Carnival (ft. Anthony Hamilton)

Dans « Carnival », la bande virtuelle d’Albarn tape du poing sur la table sur notre génération connectée et pourtant si solitaire. Téléphonie mobile, réseaux sociaux, relations à distance, tout y passe. Le remède ? Se retrouver, non pas à Coachella où les spectateurs se côtoient sans se parler, mais plutôt au carnaval où la rencontre de l’autre est le maître mot de ce genre d’événement populaire millénaire. Le mantra : « To Rio or everywhere else » répété par le soulful man Anthony Hamilton à chaque refrain suppose que le groupe n’est pas excluant : un carnaval ne se vit pas forcément à Rio, mais partout où les gens sont souriants, déguisés, plein de vie. Une belle métaphore sur la vie, la mort, et aussi la fête. Le paradoxe est total car, en effet, comment ne pas sourire en voyant des personnages en images de synthèse crier à l’humanité réelle, nature et proche des gens. Oui, les 0 et les 1 rêvent aussi d’une humanité plus forte. Une réussite.

carnavalrio

Carnaval de Rio

Charger (ft. Grace Jones)

Dans le même esprit que le morceau précédent, Gorillaz vient ici jouer avec la dualité machine / humain, thème largement appréhendé d’Alan Turing à Jeff Mills en passant par Xzibit. Grace Jones, la Kraftwerk du reggae (ou du disco, à voir), aussi froide qu’attirante, était le personnage parfait pour s’occuper de « Charger ». A une époque très Mad Max 3, pas de place pour les sentiments, le reste d’êtres organiques restant étant à la recherche des maigres ressources d’eau, et les machines à la recherche d’énergies fossiles pour se développer. Grace Jones, à la tête d’un commando de robots chercheurs de 220V, raconte ici, non sans nonchalance, son quotidien d’armurière de Hal 3000. « All day long, we charge, we charge weapons. » Niveau SF, c’est un peu du déjà-vu, mais on suivrait Grace les yeux fermés.

xzibit

Xzibit

Circle Of Friendz (ft. Brandon Markell Holmes)

Ambiance fantomatique dans ce titre qui remet en question le premier cercle d’amis. « Circle of friendz » aurait pu s’appeler « Friend zone » tant il rappelle la règle numéro 1 d’une vie : ne pas pécho ses meilleurs potes. A mesure que la chanson avance, l’auteur et chanteur Brandon Markell Holmes multiplie les erreurs et essaie de séduire un à un chacun des membres de Gorillaz qui refusent tout à tour ses avances. A chaque refus, le personnage visé (et donc le son de l’instrument) s’efface. On crie au génie. A la fin, il ne reste plus que Damon qui, pour survivre et satisfaire ses fans, accepte un petit service sexuel, sans trop rechigner. Moche.

Halfway To The Halfway House (ft. Peven Everett)

Gilles Peterson ne s’était pas trompé à son propos : « Peven ira loin ». Il ne croyait pas si bien dire. Après les épopées fabuleuses que l’auditeur vient de vivre, quoi de mieux que de s’aérer le cerveau et faire une petite balade. Pour ce tour du pâté de maison, Peven Everett emmène la bande en skateboard et Ghetto-Blaster sur l’épaule pour un aperçu de ce que la house, le disco et la funk ont enfanté de meilleur. La chanson ne raconte rien, mais ce n’est pas ce qu’on demande toujours d’une chanson. Superbe chilling en perspective alors que défilent les pavillons résidentiels de cette banlieue chic à 50 km de Baltimore.

Hallelujah Money (ft. Benjamin Clementine)

Postée la veille de l’investiture de Donald Trump, la vidéo apocalyptique de « Hallelujah Money » ne devrait plus avoir de secret pour vous. C’est devant un écran diffusant des images de La Ferme des Animaux, adaptation animée du livre dystopique de Georges Orwell, ainsi que d’archives filmées du Ku Klux Klan qu’on se projette dans un avenir des moins radieux. Dans « Hallelujah Money », l’argent, l’ambition et la soif du pouvoir servent de moteur à un monde flippant. Si loin, si proche. C’est bien beau mais on n’a pas pu dire beaucoup de conneries, vu que la vidéo est déjà sortie. Titre magnifique, en passant.

Interlude: Elevator Going Up

Dans cette interlude de cinq secondes, on entend un ascenseur monter. Fallait-il vraiment en faire un morceau séparé ?

Interlude: New World

Arrivée de l’ascenseur, on semble se trouver en Amérique, mais a priori il y a longtemps. Ah, on aperçoit Christophe Colomb donc, si tout va bien, on est en 1492.

Interlude: Penthouse

On a désormais ouvert une trappe secrète et on se retrouve dans une penthouse, dans une suite haut de gamme donc, mais version 1492. 1493 à la limite. Ils savaient faire des super décos à l’époque, le tapis en ours est très doux, on sent Noodles frotter les cordes de sa guitare dessus. Il faut tendre l’oreille mais on l’entend précisément.

Interlude: Talk Radio

Que fait ce talkie walkie en 1492-93 ? Et qui demande à des artistes d’être bons en histoire ? Personne.

Interlude: The Elephant

Nouvelle apparition d’un membre du groupe depuis le début de ces interludes ennuyeuses. Russel Hobbs, le batteur de Gorillaz, prend un accent vraiment ridicule pour son personnage de promeneurs d’éléphants. Enfin, c’est ce qu’il nous semble comprendre avec tous ces barrissements. Un barrissement semble différent des autres. Le mystère s’installe.

gorillaz

Interlude: The Non-conformist Oath (c’est bientôt fini)

On suit un éléphant dans sa marche. Tout ça sans images. Ça donne envie de traîner du pied, on attend la suite. C’est lent, cette interlude dure une minute, deux minutes, un enfer. Ah, on rencontre un sorcier qui, vu son accent, semble moldave.

Intro : I Switched My Robot Off

Tout au long de cette minute, on assiste à de plates excuses de Damon pour cette interruption des programmes. Mais nous ne sommes pas dupes : si ce passage l’incommodait, il l’aurait déjà viré. Mais alors pourquoi cet effort anti-marketing que de réserver dix minutes de l’album à ce puits sans fond d’inutilité.

Let Me Out (ft. Mavis Staples & Pusha T)

Joute verbale entre la soulwoman Mavis Staples et le rappeur Pusha T dans la chanson « Let Me Out ». Hilarant débat entre deux générations ici personnifiées. On notera l’effort de Gorillaz de rester en retrait du morceau avec humour. A de multiples reprises, chant comme instruments tentent de s’exprimer mais sont, à chaque fois interrompus par Mavis et Pusha. Un résultat quasi-acapella magistral dans lequel l’un et l’autre inverseront finalement les rôles, l’une devenant rappeuse et l’autre chanteur.

Momentz (ft. De La Soul)

Après l’essai transformé de Peven Everett, nouveau moment de décontraction avec le retour en turbine des vétérans du hip-hop De La Soul. Une fois n’est pas coutume, « Momentz » n’évoque pas grand chose et pourtant, c’est déjà beaucoup. Moments entre amis, petits plaisirs de la vie, culture de son jardin, Épicure aurait été fier de ce grand momentz de musique.

zebra

Zebra Katz

Out Of Body (ft. Kilo Kish, Zebra Katz & Imani Voshana)

Dans « Out of body », Damon Albarn tenait à mettre en avant un morceau sur la question du genre. Ses objectifs de featuring : Mykki Blanco et Zebra Katz. Le premier, étant sur ses 58.975 autres projets, a poliment décliné l’offre. Le second, tellement heureux de pouvoir apparaître sur l’album de l’un des groupes ayant fait son adolescence, a accepté sous condition. La condition étant d’apparaître sur trois titres minimum du disque. Dans cette première collaboration, on explore la dimension physique des changements d’orientations sexuelles. « This is not only in you head, this is in your body / Out of body » le rappelle la chanteuse Kilo Kish. On plussoie.

Saturnz Barz (ft. Popcaan)

Second faux pas de l’album après « Busted And Blue ». Introduit au groupe par Murdoc Niccals, le bassiste de Gorillaz, le toaster Popcaan n’aurait jamais dû intervenir dans un grand disque comme celui-là. Le bboy jamaïcain fan de dancehall est la faute de goût par excellence. Fin de l’histoire.

popcaan

Popcaan, le faux pas

Sex Murder Party (ft. Jamie Principle & Zebra Katz)

Devinette : alors, qui c’est celui qui a composé « Your Love », tube de Chicago house music. Frankie Knuckles ? Faux ! C’est Jamie Principle. Frankie n’a fait que l’accélérer pour faire danser les petits boules qui s’ennuyaient. Pour « Sex Murder Party », James Principle aurait payé 1,5 millions de $ pour l’apparition sur le disque. Pourquoi tant d’efforts ? Pour une vidéo qui restera mythique dans laquelle Gorillaz et Jamie sont en contexte d’orgie d’alcool, de sexe et de drogues dans la Warehouse de Chicago. La scène finale est sans appel : la joyeuse bande piétine une affiche sur laquelle le visage souriant de feu-Frankie trônait. Pour une vengeance, c’est sale. Ah, et comme il fallait bien le caler quelque part, Zebra Katz fait les chœurs.

She’s My Collar (ft. Kali Uchis)

Kali Uchis est pour ainsi dire une déclinaison de Gorillaz dans un corps de femme. Portée sur un mix reggae-pop moderne, elle raconte un quotidien avec beaucoup de classe, même si elle a tendance à jouer dans la mièvrerie. Elle sera à l’origine d’une des premières histoires d’amour de l’album, avec Damon au refrain. Si la chanteuse s’en tire très bien et que le morceau est une boule d’énergie positive, on ne peut qu’être ahuri de la métaphore d’Albarn en refrain : « She’s My Collar » signifie : « Elle est mon collier ». Comparer une femme à un bijou est la marque d’un beauf qui s’ignore.

amour

Trop mignon

Strobelite (ft. Peven Everett)

Dans un monde parallèle, l’élite de la nation n’est pas celle qui sort de Harvard, Trinity College ou l’ENA, non, ça n’est pas non plus celle qui détient les armes. La puissance ultime est un stroboscope. Sur la planète décrite par Gorillaz et Peven Everett, les habitants ont de sérieux problèmes ophtalmiques. Une poignée de riches reptiliens nommée la « Strobelite » détient 97% des richesses stroboscopiques pour dresser la population. Mais la résistance s’organise et les lunettes de protection prouvent de plus en plus leur efficacité. A la fin de la chanson, horreur, ce sont les possesseurs de lunettes qui imposent leur diktat sur le reste de la planète. On tourne en rond, ici comme là-bas.

Submission (ft. Danny Brown & Kelela)

Dans « Submission », Kelela joue une infirmière travaillant dans un hôpital psychiatrique. Son patient est Danny Brown et, connaissant le bonhomme, on n’est pas sûrs qu’il soit vraiment en train de jouer tant il rentre dans son personnage. Dans le clip, tourné en plan séquence dans un couloir, Brown couché sur un brancard raconte une histoire absurde selon laquelle il participerait à l’une des chansons du nouvel album de Gorillaz. Ahah, comme s’ils allaient faire un comeback un jour. Il faut savoir laisser les légendes là où elles sont.

The Apprentice (ft. Rag’n’bone Man, Zebra Katz & Ray BLK)

Etrange morceau dans lequel Rag’n’bone Man se réveille un matin et est la star de Spotify, Ray BLK jalouse qui amène sa bande de meufs pour lui raser la barbe et Zebra Katz qui fait des claquettes sur le bord de la route. Fallait bien un morceau expérimental en même temps.

rag'n'bone

Rag’N’Bone Man, en lice pour le type le plus bizarre des années 10

Ticker Tape (ft. Carly Simon & Kali Uchis)

Trois minutes de bruit blanc. Très étrange venant de la kitsch et disco Carly Simon. On nous glisse pourtant que Kali Uchis, l’Americano-colombienne aussi présente, aurait trouvé en elle la mère qu’elle n’a jamais eue et que leur discussion était si intéressante que Gorillaz a décidé de la laisser en entier. Mais comme ladite conversation dure 7h, pour les biens de l’industrie phonographique, le titre a du être accéléré un million de fois pour que tout rentre. On vous laisse donc le ralentir sur vos logiciels de MAO pour tout comprendre de la nébuleuse Simon – Uchis qui affole les pronostics du monde entier. Trump, prends garde.

We Got The Power (ft. Jehnny Beth)

Après deux titres que la production passerait bien sous silence, Gorillaz avait comme consigne de tout donner pour le dernier morceau. Le groupe a eu l’idée ultime de choisir la chanteuse sulfureuse Jehnny Beth du groupe Savages pour un instant rock. « Ça suffit avec cette disco-soul-r’n’b, c’est de la soupe« , aurait-elle dit en arrivant en studio. C’est par une adaptation de « (You Gotta) Fight For Your Right (To Party) » des Beastie Boys que le disque finit donc. Une adaptation rock, plus politisée encore, sauvage qui a mis Damon et sa troupe d’accord. Ouf, c’est fini. Hâte d’écouter le disque.

 

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1 commentaire

1 commentaire

2604 28.03.2017

Ben, pas super l’anticipation.

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