On est arrivés à Groningen, aux Pays-Bas. Avant de mettre un pied dans le festival Eurosonic, on a assisté à la cérémonie des EBBA (les music wards de l’Union Européenne). Ce show présenté par l’animateur vedette de la BBC, Jools Holland – un sacré fanfaron – met en lumière des artistes qui ont brillé en termes de ventes d’albums et de tournées en dehors de leurs frontières. Au programme, un Todd Terje absent, des interviews de MØ et des Common Linnets et un présentateur de la BBC.
Le très beau Stadsschouwburg Theatre de Groningen – alias Groningue pour les amoureux de la langue française – a accueilli une cérémonie en partenariat avec l’Union Européenne. L’organisation a sélectionné 10 artistes de toute l’Europe qui ont beaucoup vendu hors de leur pays, qui ont fait leur vie dans des festivals étrangers, et qui en sont à leur premier album.
Les nommés sont (oui, il y a de tout) :
Autriche : Klangkarussell
Belgique : Melanie De Biasio
Danemark : MØ
France : Indila
Allemagne : Milky Chance
Irlande : Hozier
Pays-Bas : The Common Linnets
Norvège : Todd Terje
Suède : Tove Lo
Royaume-Uni : John Newman
En attendant, on se balade dans l’espace presse pour aller interviewer deux artistes qui nous semblent intéressants : MØ et les Common Linnets et malgré des sièges bancals où l’un de nos éminents journalistes se rétame deux fois de suite, on est pénards.
Jools Holland
Le présentateur et pianiste Jools Holland est un type qui s’est fait connaître pour son groupe Squeeze dans les années 80 et pour son utilisation du mot fuck à la frileuse télé anglaise. Holland aka le perturbateur. Il a mis les petits plats dans les grands pour rendre cette soirée d’inoubliable. A coup de vannes moquant les micro-discours des artistes recevant leurs prix et de chants d’opéra, la foule n’avait d’yeux que pour lui et son air taquin.
Todd Terje
On aurait bien rencontré Todd Terje, mais il est tellement fâché avec le fait que les journalistes ne l’appellent pas Todd Terrier qu’il ne donne quasi-pas d’interview et qu’il ne se présente pas à la cérémonie. Un petit extrait du court-métrage sur la fabuleuse histoire d’Inspector Norse est diffusé mais on voulait plus. Encore plus.
Ting Tings : mort ? Pas mort ?
Non, ils ne sont pas morts, car ils ont joué ce soir. Heureusement qu’on a pu chanter « Shut Up and Let Me Go » parce qu’on a l’impression d’écouter une cassette de rock qui tourne dans la voiture de papa depuis 1984.
MØ
MØ a 26 piges et elle casse tout niveau ventes à l’étranger. Son truc, c’est qu’elle maîtrise tout : « je travaille avec un producteur, mais globalement j’ai déjà mon idée de la mélodie et de l’énergie en tête quand j’écris un morceau ». En plus de marcher dans son pays, elle a quelques amis influents : « un jour, j’ai été interviewée par un magazine britannique qui m’a demandé ma collaboration de rêve. J’ai répondu Major Lazer et un mec sur Twitter a taggué Diplo en disant « Oh please, do it ». Et Diplo m’a contacté. J’ai collaboré avec lui et Lorde pour la chanson « All my love » pour le film Hunger Games et on va continuer à travailler ensemble. »
MØ – Waste of Time
Elle s’intègre dans un courant pop à paillettes assez commercial – sans mauvaise pensée car elle l’assume – tout en repensant la production. Elle se catégorise à la fois comme punk et fan de Girls Bands: « quand j’étais gosse, je pense avoir été la plus grande fan des Spice Girls. Quand Geri Halliwell a quitté le groupe, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Comme les autres All Saints, Aqua, Cher, tu sais le « Do you believe », Vengaboys, S Club 7, tous ! ». Le punk arrive à l’adolescence et prend une tournure assez militante : « je faisais partie d’un groupe de féministes nommé KIS qui voulait donner le pouvoir aux femmes (rires), ou aussi d’un crew pour aménager des squats, les rendre plus agréables. »
Mazette, une pop star qui brille et qui en a un peu dans le crâne, donc. Son concert a montré qu’elle donnait tout sur scène, avec son groupe.
The Common Linnets
Les hollandais de The Common Linnets ont été mis en lumière grâce à leur arivée en seconde place de l’Eurovision 2014 (pour rappel, la France et ses Twin Twin était dernière, avec un des pires scores de l’histoire du concours). Ilse DeLange, la chanteuse à l’origine du projet nous raconte : « Nous étions vraiment les moutons noirs de l’Eurovision car notre projet n’est pas du tout stéréotypé pour ce type de concours. Et les gens qui aiment la country, la musique folk ont aimé notre projet et nous ont soutenu. » « On a joué notre musique comme on la joue toujours. On est arrivé à l’Eurovision avec ce projet tel quel, on l’a joué tel quel ! On n’a rien adapté pour essayer de plaire au plus grand nombre» insiste le chanteur JB Meijers.
The Common Linnets – Calm After The Storm
Quand on y pense, un groupe de country hollandais ça n’arrive pas tous les jours. « Pour Rob Jake et Matthew qui viennent des Etats-Unis c’est quelque chose de très naturel. Pour Ilse et moi ce n’était pas vraiment ce qui était le plus répandu autour de nous en Hollande. Il y a une sorte de filtre naturel qui se fait quand la musique traverse l’Atlantique. On n’a pas accès à tout. Donc on prend toutes nos influences, européenne et américaine pour faire quelque chose de pas commun ici. On peut par exemple s’amuser à faire des chansons twist avec des paroles beaucoup plus datées. » explique JB Meijers. « Le marché de la musique n’est pas très développé ici, donc pour proposer un projet comme le nôtre il faut vraiment être passionné » rappelle Ilse. Et le public ne s’y est pas trompé car à cette soirée EBBA, ils ont remporté le prix du public…
PS : on veut pas balancer mais entre chacune des douze interviews qu’ils ont donné, la chanteuse a fait bosser sa maquilleuse sans relâche. Ah, le monde de la télé.
Lauréats précédents
Adele, Mumford and Sons, Kodaline, Woodkid, Disclosure, Nico & Vinz, Selah Sue, Damien Rice et Agnes Obel ont tous gagné ce prix de la part de l’Union Européenne. Un programme d’accompagnement avec lequel on n’a pas trop à s’inquiéter pour la suite.
La phrase d’Indila
Entendu à l’espace presse : « Avant je rêvais ma vie. Aujourd’hui, je vis mon rêve ». On passera sous silence notre impression de sa prestation live.
Crédit photo de couverture : Bart Heemskerk
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