Le rythme, les instruments choisis, l’attitude… Tout concorderait. Le mode d’action des nuisibles les plus insupportables de la seconde moitié des années 2010 suivrait, selon cette analogie, les mouvements de l’une des pièces classiques les plus légendaires de l’Histoire. On demande à voir.
La Symphonie n°7 en la majeur de Ludwig van Beethoven a été composée entre 1811 et 1812. Cette oeuvre sans réel message est pourtant largement utilisée à des fins très précises. En même temps, Ludwig himself la présente à l’occasion de la première de la Victoire de Wellington, du nom du Duc qui a foutu une rouste aux armées napoléoniennes. Elle est vue par une partie de l’audience viennoise comme un souffle d’espoir et de joie après tant d’années d’épuisement d’une guerre sans fin. Selon ce grand humoriste de Wagner, c’est une « apothéose de la danse » avec, notamment, un second mouvement très mélodique pour l’époque. Ensuite récupérée par l’Union soviétique, l’hommage prendra le plus souvent les traits d’une marche solennelle, au tempo lent, et c’est d’ailleurs dû à cet inconscient collectif qu’on se la tape régulièrement lors de commémorations retransmises à la tévé. Ainsi, on ne saura jamais vraiment si, entre l’intention du compositeur et notre propre interprétation, on se place plutôt en grand écart ou simplement en saut de puce.
Si l’on s’attache pourtant aux quatre mouvements de cette oeuvre qui continue de traverser les siècles, la littérature et la pop culture, et qu’on plisse les yeux très fort en se convaincant qu’on a raison, il est évident qu’il faille y trouver une lecture toute autre. Bien loin des thèses et autres travaux de recherche en musicologie défendues par le corps professoral mondial. C’est du côté de l’un des compagnons les plus fidèles de l’humanité qu’on peut chercher cette nouvelle analogie.
Vieille de 35.000 ans, la punaise de lit est toujours vivante, toujours debout. Et plus que jamais. Celle qui se nourrissait du sang de chauve-souris dans les grottes a trouvé par la suite dans l’homme, débarquant dans son habitat (« mais que faites-vous dans mon salon ? »), une source infaillible de satiété. Un pari réussi quand on connaît l’espèce qui a finalement fait la nique au règne animal, avec toute la poésie qu’on lui connaît (« Argh ! »). Il y a 2000 ans déjà, Aristote écrivait déjà sur nos pires ennemis, et qui sait c’est peut-être là que le mot « tracas » a connu ses premiers jours. Quand la génération de nos grands-parents ne cesse d’avoir des histoires d’époque sur les nuisibles, il faut dire qu’on les avait un peu oubliés, comme le train à air comprimé ou le tabac à priser. Refaisant surface depuis quelques années dans nos chères métropoles gauloises, son motif d’action est sans aucune discussion possible semblable à celui de la 7ème Symphonie de Ludwigo.
Quatre actes qui racontent l’insouciance, la préparation, l’action, la victoire et qui, vous en conviendrez, attisent toujours autant l’agacement et l’épuisement, que l’on soit à la laverie en train de tourner le bouton vers 90° le regard insecticidaire gorgé de sang, ou à se farcir malgré nous l’air bien connu qu’on soit devant X-Men, un bon petit Maigret ou La Marche de l’Empereur.
MOUVEMENT I :
INSOUCIANCE
Une vie douce, remplie d’espoir. C’est l’enfance, l’hypothèse de l’aventure. Une quiétude mais aussi une envie d’en découdre à chaque coin de rue. C’est le hautbois qui mène la danse. Partout la promesse de s’élever, de comprendre le monde qui nous entoure, une impertinence courageuse. Un poco sostenuto comme on les aime. Sacré Ludwig, jamais le dernier pour nous faire rêver. Dans l’appartement, si rarement occupé, le ménage est fait mais rien n’indique un quelconque vide que l’on trouverait dans le logement des gens trop propres. Ici, l’ordre n’est qu’harmonie. A chaque vivace, le rythme se fait plus saccadé, on s’intéresse aux petites choses, à la beauté macroscopique, aux détails microscopiques, on y voit la vie foisonnante qui régule la vie d’un appartement, des êtres unicellulaires aux insectes qui participent à la vie en concubinage et sans qui se on s’ennuierait certainement. Une organisation du travail remarquable.
MOUVEMENT II :
PRÉPARATION
Surtout ne pas s’en faire, c’est surement rien. Pourtant c’est quand même quelque chose, vous dites-vous. Ça n’est surement qu’une araignée funambule qui vous a piqué les deux bras, selon des lignes parfaites. Elle avait très soif. Pas de quoi s’en faire. Mais toutes les nuits. Le second mouvement est surement le plus connu de cette 7ème Symphonie. Vous la reconnaîtrez surement. Et pour cause. C’est celui qu’ont choisi punaises et puces pour débuter leur danse macabre, tout ça pendant votre sommeil. Un bon allegretto des familles, certes qui aura le chic pour installer une angoisse que vous n’aviez pourtant pas méritée. Vous ne vous doutez de rien, c’est normal, des cordes chantantes bercent vos nuits. Mais c’est fini.
MOUVEMENT III :
ACTION
C’est la guerre. C’est décidé. Depuis que votre pharmacien vous a convaincu que vous étiez l’une des énièmes victimes d’un mouvement global de punaison du quotidien, que le courant s’étend à des milliers de foyers, vous êtes changés à jamais. Ce troisième mouvement y va franco sur les presto, meno presto, assai meno presto, et ça se tartine sur du presto, ça se paluche sur du contre presto, ça fout du pesto partout, c’est terrible. Il faut bosser vite, très vite, sinon le souci devient problème, le problème devient catastrophe et la catastrophe devient Aghhghgfdgkjl. Il faut tout laver, tout traiter, au naturel et à l’insecticide dans un ballet tout sauf gracieux, tel Merlin l’Enchanteur. Il faut tout vider, coller, peindre, accrocher, déplier, écraser, tout refaire, se changer au dehors. Se refaire piquer, se gratter, gueuler contre le Seigneur. Tout redéplier, laver ce qui est déjà lavé, s’éveiller en sursaut, ne pas dormir, s’enfoncer dans l’hallucination rythmique la plus tonique. Les différentes familles d’instruments se répondent entre elles, puces et punaises, Homme et Vaporeto, draps et machine, insectes et coutures.
MOUVEMENT IV :
LA VICTOIRE
Le boulot est harassant mais les premiers efforts se font sentir. Plus de piqûre, un environnement désormais sain, on respire. Et le jour où le dernier vêtement est sec, plié, et rangé, que tous les meubles, les draps et les sacs poubelles ont retrouvé leur place originelle, c’est l’explosion de joie. On ressort, l’été n’a pas encore tiré sa révérence, on crie, on vole. Allegro con brio, très chers. 36 violons, 14 altos, 12 violoncelles, 7 contrebasses et surtout 2 contrebassons se lancent dans des pleurs de joie. Les cuivres tant attendus se la jouent fiers, bombent le torse, l’air grave, et tentent de masquer avec peu de finesse une fausse pudeur. Personne n’est dupe mais tout le monde s’en fout, on retrouve le plaisir de vivre, de buller, d’entreprendre, de sortir, de manger, de boire, de participer à la vie de la cité. On se plaît à donner des conseils pour éviter des situations comme celle qu’on a vécue, on devient spécialiste, le cœur rieur. Sage, presque. Champagne pour tous, danse, rires, un véritable happpy end auquel tout le monde participe et qui sonne le renouveau, la renaissance, et même la naissance de 20.000 œufs enfin à maturation, tout juste éclos et dévoilant ses dizaines de milliers de punaises naines, se partageant tout de go les 25 convives présents. Fin.
Sans intérêt.
au niveau analyse musicale, en effet c’est un peu faible.
l’auteur aurait pu commenter le La Majeur signe d’optimisme, les montées harmoniques du premier mouvement signes d’enthousiasme, etc.. corréler tout ceci avec la rencontre de L Beethoven et Goethe en cure Thermale alors que sa surdité s’accentue et que la guerre est au paroxysme
Le second mouvement en La mineur , triste tragique mais déterminé comme une marche funèbre
tres rhytmé: noire, 2 croches , noire, noire.. second mouvement qui fut bissé lors du premier concert de charité pour les invalide de guerre à Vienn en 1813
Puis le retour au La majeur trés allant optimiste au troisième mouvement veritable scherzo etc etc