À la fin du mois de février, un étudiant anglais met en ligne un mash-up des Simpsons baignés dans une piscine d’ecstasy, avec en bande-son un morceau qui sample Boards of Canada et Grandmaster Flash. La blague, typiquement Internet-friendly, devient virale. La Simpsonwave est née. Mais pour l’appréhender, il faut comprendre son origine, la vaporwave.
Vaporwave, un genre musical créé par Internet, pour Internet. Son origine se trouve dans le mot « vaporware » qui qualifie un logiciel ou du matériel informatique annoncé mais dont la sortie est toujours retardée. Nul ne sait s’il s’agit à l’origine d’une blague ou non, mais sachez qu’il est né dans un mélange de 4chan, Bandcamp, Reddit et Tumblr vers 2010. Une sorte de fils consanguin chelou fait de giga-octets, le premier de la grande famille de la musique à être né sur Internet. Deux points cruciaux sont à noter quand on parle de vaporwave : la musique, évidemment, et l’esthétique, qui était là à l’origine.
La vaporwave, digne enfant d’Internet
Pour la musique, c’est simple. Prenez un morceau d’ascenseur funky d’il y a 20, 30 ans, ralentissez-le, bouclez-le et arrangez vous pour que ça sonne bien. Si vos potes à qui vous le faites écouter trouvent ça oppressant ou dérangeant, c’est normal. Pour l’esthétique, on touche au point sensible. C’est un mélange de nombreuses influences : le glitch art, les ambiances tropicales, le stylisme des années 80, le graphisme du début d’Internet et le rétro-futurisme. Ça fait beaucoup oui.
Quelques artistes : Chuck Person, pseudo de Oneohtrix Point Never considéré comme le pionnier du genre, James Ferraro, Vektroid (aussi connu sous le pseudo de Macintosh Plus)… À noter qu’une grande partie d’entre eux gardent l’anonymat, autant pour la légalité de la chose que pour centrer l’expérience sur la musique et non sur son auteur. Si vous voulez en savoir plus, on vous redirige vers ce documentaire ou cet article très complet de The OverDub. Passons maintenant, si vous le voulez bien, à la Simpsonwave.
SIMPSONWAVE, la vanne du web 3.0
Un samedi soir tranquille à Springfield, Bart se balade sur Internet, là où la sérendipité le mènera. Après avoir écumé toutes les vidéos de bugs possible dans Zelda : Ocarina of Time en écoutant le dernier Four Tet, la tête jaune remarque dans ses recommandations une drôle d’image. Une sculpture sur fond de damier déconnant, et un titre, du Japonais, avec le nombre 420 au milieu. C’est un morceau, d’un certain Macintosh Plus. La découverte de sa vie.
Sur la route des cours du dimanche, Bart s’encanaille toujours sur ce qui est reconnu comme étant l’un des morceaux les plus influents de vaporwave. Marge le grille, mais soit, Bart vivra ses premiers amours avec la drogue et ce sous-genre méconnu en rentrant.
Voilà le topo : foutez les Simpsons sous acides, quelques bouts de dialogues perchés avec de l’écho, passez l’image aux filtres couleurs rétro années 80/90, ambiance Hotline Miami, placez soigneusement un style VHS sorti du grenier de chez mamie, et ajoutez un track de vaporwave en fond sonore. Vous pouvez être fiers de vous, vous avez créé de la Simpsonwave. Non, désolé, de la SIMPSONWAVE.
Repérée en mars 2016 sur Reddit et 4chan, la vidéo est popularisée par FrankJavCee et This Exists. Elle nous vient de Lucien Hughes, légèrement surpris d’avoir atteint les millions de vues cumulées.
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