09 novembre 2009 : c’est parti pour une journée de commémoration sur la chute du mur. 24 heures pour entendre/lire/voir l’auto-satisfaction des vainqueurs de l’ouest, la plupart du temps sans aucun recul, sans autocritique. Du « à l’est, c’était moins bien avant » en veux-tu en voilà…
Loin de vouloir réhabiliter le système communiste et la RDA, on vous propose tout de même de vous replonger dans cette époque par le biais d’un homme : Wolf Biermann. Fils d’un communiste assassiné à Auschwitz par les nazis, il s’installe par conviction politique en Allemagne de l’Est en 1953.
(Es gibt ein leben vor dem tod : Il y a une vie avant la mort)
Musicien, poète et auteur, il fonde en 1961 le Théâtre ouvrier et étudiant de Berlin-Est. Les choses se compliquent pour lui quelques mois plus tard, lorsqu’il monte une pièce sur la construction du mur de Berlin. Toute représentation de cette pièce est interdite et le régime communiste considèrera dès lors Biermann comme un artiste subversif et dangereux pour la RDA.
Wolf Biermann est le symbole de ce qu’on appelait à l’époque la « solidarité critique » : des intellectuels, des artistes ou de simples militants qui se revendiquent du communisme mais qui en dénoncent les dérives.
La 11e réunion plénière du comité centrale du SED, des 16-18 décembre 1965, décrète à son encontre une interdiction totale de se produire et de publier.
Mais Wolf Biermann ne baisse pas les armes, ses armes : il continue d’écrire, de composer et de jouer ses œuvres. Désormais du côté ouest, son cœur reste toujours à l’est et il tente dès que possible de faire traverser ses œuvres.
Le 13 novembre 1976, il se produit à Cologne. Ce concert est retransmis en direct à la télévision ouest-allemande. Un grand nombre d’Allemands de l’Est entendent pour la première fois les chansons de Wolf Biermann, et découvrent ses textes !
3 jours plus tard, le bureau politique du SED lui retire sa nationalité, pour outrage grave à la République Démocratique Allemande. Sa déception vis-à-vis du régime communiste ne le fera pourtant pas renier ses convictions : il continuera tout au long de sa carrière à critiquer les dérives de la RDA sans jamais succomber aux sirènes mercantiles de l’Ouest.
Depuis la chute du mur, Wolf Biermann a reçu toutes sortes de récompenses et de prix. Autant pour son œuvre que pour son engagement. Il y a 2 ans, il a notamment était élu citoyen d’honneur de Berlin. Aujourd’hui encore, son parcours éclaire parfaitement les liens entre la culture populaire, engagée, et les différents régimes politiques. Agé de 73 ans, Biermann vit actuellement entre la France et l’Allemagne. Il continue d’écrire et de composer. Il y a peu de chance qu’on le voit aujourd’hui sur une chaîne de TV pour apporter son témoignage sur ce le mur, sur la RDA. Et pourtant, ses paroles seraient certainement bien utiles et pertinentes au paysage médiatique du moment…
Il a un petit air de Gunter Wallraff étant jeune !