Dans le sillage des Indignés, d’Occupy et des révoltes arabes, une partie du hip-hop se confronte frontalement à la réalité sociale. Au sein de la frange la plus radicale de la gauche, des groupes de hip-hop côtoient désormais le punk et le rock anar. Résultat : du rap aux textes ultra-violents appelant ouvertement à la révolte et à la violence envers les institutions (et pas que la police). Mais au delà de l’odeur de lacrymo, ce hip-hop rouge et noir a aussi (et surtout) un parfum de liberté particulièrement salvateur.
Collectif Mary Read (photo) – Collectif de la région de Saint-Étienne composé d’artistes déjà bien connus de la sphère libertaire (Calavera, Trauma, Nergal…). Le nom du groupe est un hommage à l’une des femmes pirates les plus célèbres de l’histoire. Le collectif combat frontalement le capitalisme, l’extrême droite, toutes les religions et le machisme. « Readhaus Codex XXI », leur dernier album sorti en 2010, est l’une des meilleures productions de hip-hop libertaire jamais sorties.
La K-Bine – Depuis plus de 10 ans, ce groupe d’Aulnay-sous-Bois (93) composé de Skalpel, Guez et Akye balance son rap hardcore sans concession. Hautement subversifs et pourtant particulièrement justes, leurs textes d’une rare brutalité appellent ouvertement à la violence. Initiateurs du mouvement autonome des banlieues, ces écorchés ont formé avec E.One (Eskicit) le groupe Première Ligne qui sort dans quelques jours son premier album chez BBoyKonsian, le label/webzine de référence en matière de hip-hop rouge et noir.
Blanc-Bec – Très peu d’infos sur ce groupe. Mais il a le mérite de proposer des textes engagés dans un habillage beaucoup plus festif et dansant que le rap hardcore habituel du hip-hop rouge et noir.
Drowning Dog & Malatesta – Le hip-hop libertaire opère assez logiquement au delà des frontières, malgré les difficultés financières des concerts à l’étranger. Les collaborations entre artistes sont nombreuses et souvent particulièrement réussies. On a ainsi découvert Drowning Dog grâce à un superbe featuring avec Première Ligne et les Italiens de C.U.B.A Cabal. Ce groupe d’arnacho hip-hop (selon ses propres termes) a joué plus de 200 concerts dans une quinzaine de pays différents. Et de nombreuses fois à Paris, notamment au local de la CNT.
Klay BBJ – Les révoltes arabes ont aussi mis en avant bon nombre d’artistes épris de liberté. En Tunisie, des rappeurs s’opposent au gouvernement en place depuis la chute de Ben Ali. C’est le cas de Klay BBJ qui attaque ouvertement le président actuel, le parti Ennahdha et la police. Petit extrait de ce titre pour mieux comprendre : « Où étaient les partis quand Zine (Ben Ali) nous oppressait ? – Ils avaient fui le pays et nous avaient rapidement oublié – Ils ont sauté dans l’avion et sont revenus – Quand ils ont su que le dictateur était déchu – Et qu’on avait ramené la liberté à mains nues – Ils sont venus voler notre révolution après qu’on nous ai blessé et tué – Nous ont divisé en droite et gauche, et ont voulu nous faire entretuer – Le sang des martyrs aura coulé pour rien, et sera resté sur nos mains – Mais avec nous, No pasaran, nous continuons notre révolution.«
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